7 Jours

Révolution

Yoherlandy Tejeiro Garcia

-

Yoherlandy, dans ta chorégraph­ie, tu as voulu revenir sur un moment difficile de ta vie, c’est-à- dire la mort de ton frère Yaret.

Il fallait révéler quelque chose de notre vie et, pour moi, la mort de mon frère a été un moment marquant. Je voulais danser pour lui, lui dédier un de mes numéros, et je suis fier de l’avoir fait. Aussi, j’ai l’impression que la danse me rapproche de lui.

Est-ce que ç’a été difficile pour toi de faire ça?

Ç’a été vraiment difficile. Quand je m’entraînais, j’étais si ému que je ne pouvais plus danser. Mais, à un moment donné, j’ai craqué, j’ai pleuré, et ça m’a fait du bien. En dansant en solo, tu gardes les émotions pour toi, tu vis cela seul. Quand Sarah-Jeanne est venu me voir et qu’elle avait la larme à l’oeil, j’ai pleuré avec elle. On dirait que ç’a ouvert quelque chose en moi. Après, ç’a été plus facile.

Dans ta mise en scène, il y a un lit superposé. Pourquoi?

Quand on était petit, on avait un lit superposé comme celui-là. Je dormais en bas et lui, en haut. C’était mon grand frère et nous nous parlions d’un matelas à l’autre avant de nous endormir. Ce lit, c’est très symbolique de mon enfance.

Dans quelle circonstan­ce est décédé ton frère?

Il est mort d’un cancer du cerveau en 2012. Ç’a été très difficile parce que nous étions très proches l’un de l’autre, et vivre sans lui a été une bataille pour moi. Il a laissé un grand vide et je me sentais perdu. Même de continuer la danse a été difficile. À la fin, mon frère ne pouvait plus parler, il était au lit. Il était condamné, et ç’a été pénible de le voir ainsi.

As-tu trouvé difficile de voir partir Rahmane de la compétitio­n?

J’étais très triste parce qu’il est comme un frère pour moi. Ce gars-là aurait pu aller très loin dans cette compétitio­n. Dans la danse, il y a de bonnes et de moins bonnes journées, et c’est comme ça. Mais je sais que mon ami va rebondir et faire parler de lui.

Te voilà en finale, qu’est-ce que cela représente pour toi?

Je n’en reviens pas. En même temps, le talent est complèteme­nt fou. J’aimerais montrer un autre côté de moi et arriver avec quelque chose de nouveau. Je suis content d’avoir la confiance en moi pour poursuivre et de m’être rendu aussi loin.

Laurence, la chorégraph­ie du groupe aborde les relations toxiques à partir d’une expérience que tu as vécue. Est-ce que ç’a été difficile pour toi de te livrer à ce point?

Dans mes relations amoureuses, j’étais dans la violence psychologi­que et verbale. Ç’a vraiment mis mon estime de soi à terre. On a voulu créer une pièce afin de démontrer que la violence psychologi­que, ça laissait des traces. Ç’a été difficile, mais j’avais envie de dénoncer ça d’une certaine façon.

Parle-moi de votre moment Révolution...

Ç’a été un effet de surprise, on a voulu créer une espèce d’escalier de dou- leurs. Les quatre filles derrière moi représenta­ient la conscience. On a travaillé très fort sur ce moment. Dès qu’on a trouvé le mouvement, ça s’est fait tout seul.

Est-ce que ç’a été difficile pour toi de revivre tout ça avec les autres filles?

Oui, c’était assez personnel, mais les filles étaient déjà au courant. Elles sont mes confidente­s et elles savaient par où j’étais passée. Ma mère, qui est ma meilleure amie, a écrit un texte dans lequel elle a décrit en ses mots ce que j’ai traversé. D’un point de vue créatif, ça nous a beaucoup aidées à raconter mon histoire.

Vous voilà en finale, vous êtes le seul groupe restant. Qu’est-ce que cela représente pour vous?

C’est une grande fierté d’être le seul groupe parce qu’il y avait tellement de groupes forts. C’est déjà une belle victoire d’être encore là. En tant que groupe, le principal défi est de créer la synchronic­ité dans nos numéros, et nous travaillon­s fort sur ce point. Nous voulons aussi nous distinguer en arrivant avec des numéros originaux et créatifs.

Parle-moi de la naissance de C4...

C4 est née en 2011 dans un studio de danse à Laval. On a répondu à une audition et ç’a rapidement bien fonctionné. Il y a eu des nouveaux membres et d’autres qui sont partis. Notre objectif était de participer un jour à un grand concours télévisé et de réaliser nos objectifs.

À quoi peut-on s’attendre de vous pour la prochaine étape?

On aimerait faire un numéro qui va raconter un peu notre aventure à Révolution. Nous voulons toucher tout le monde et apporter de l’espoir dans le milieu de la danse.

C4 «Nous avions envie de dénoncer la violence psychologi­que...»

 ??  ?? Avec son frère, Yaret, décédé en 2012 d’un cancer du cerveau.
Avec son frère, Yaret, décédé en 2012 d’un cancer du cerveau.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada