7 Jours

Mathieu Baron

FACE À L'INCONNU

- PHOTOS: ERIC MYRE

«Je profite de ce moment plus calme pour me reposer et prendre du temps pour moi.»

On a pu découvrir Mathieu Baron en tant qu’acteur dans la série Unité 9, dans laquelle son personnage de Marco Choquette est passé de simple figurant à premier rôle. Mais voilà qu’avec la fin de cette aventure, le comédien est à la croisée des chemins et n’a aucun projet profession­nel en vue. Il garde cependant espoir de revenir devant les caméras.

Mathieu, comment vis-tu la fin d’Unité 9?

C’est un grand deuil pour moi. J’ai appris mon métier sur ce plateau: cette série m’a mis au monde en tant que comédien. Je vis donc ça avec beaucoup d’émotion et je suis bien conscient et content de la chance que la vie m’a donnée de faire partie de cette sérielà. Ça a été l’une des grandes séries de la dernière décennie et ce n’est pas rien d’avoir pu en faire partie. Ça a été un apprentiss­age incroyable pour moi et j’ai pu travailler avec des comédiens établis depuis des années. Je sais qu’on crée sa propre chance dans la vie, mais je suis tombé sur des gens en or qui ont accepté de m’aider. Je ne vais jamais l’oublier, car c’était un cadeau incroyable.

Comment t’es-tu retrouvé figurant dans Unité 9?

Je n’avais rien devant moi et je voulais devenir comédien, mais, en même temps, je n’arrivais pas à me trouver d’agent. Personne ne voulait de moi et je devais manger. J’ai donc commencé à faire de la figuration. J’ai tenté ma chance: j’en ai fait ma carte de visite et je me suis croisé les doigts en me disant qu’un réalisateu­r allait me remarquer dans le lot et me donner une vraie chance. Finalement, c’est Danielle Trottier, l’auteure d’Unité 9, qui a décidé de faire évoluer mon personnage dans la série. Mon rôle de simple figurant est devenu un rôle parlant. Disons que j’étais à la bonne place au bon moment.

Tu n’avais alors aucune expérience en tant que comédien?

J’avais suivi quelques ateliers, mais j’étais encore très inexpérime­nté et je me suis fait coacher pour être meilleur. J’ai vraiment travaillé fort pour me former. Disons que c’est un parcours atypique. J’ai encore du mal à le croire.

On a vraiment pu découvrir un nouveau Mathieu Baron à travers cette expérience, n’est-ce pas?

Oui. En même temps, c’est certain

que, caméras ou pas, je ne suis plus le gars que les gens ont pu voir à Loft Story à l’époque. Heureuseme­nt, comme tout le monde, j’ai évolué. Les gens pensent à tort que les gens qu’ils voient dans une téléréalit­é sont comme ça pour le reste de leur vie. Je n’ai pas de regret d’avoir fait cette émission. Ça a été une belle expérience, mais je ne suis plus ce gars-là.

Mais tu as tout de même eu à briser une certaine image. Ton apparence physique a changé, notamment...

Oui, c’est vrai. J’ai un peu transformé mon corps en m’entraînant de façon différente. Changer mon image a été tout un défi. Je devais transforme­r l’idée préconçue que les gens avaient de moi et prouver que j’étais autre chose qu’un gars musclé et tatoué.

Est-ce que ton personnage dans Unité 9 te ressemble sur certains points?

Je dois avouer qu’il était assez proche de moi à certains niveaux. On est tous les deux très droits et loyaux. Ce qui est intéressan­t, c’est que, comme il a évolué au fil des saisons, j’ai pu jouer différente­s couleurs. J’avais de plus en plus de belles scènes et de belles répliques. Mon personnage était beaucoup plus présent: c’était chaque fois de nouveaux défis. Quand j’arrivais sur le plateau, je me pinçais tellement c’était irréel.

Quand tu as appris la fin de l’émission, tu m’as confié tes inquiétude­s face à l’avenir. Comment ça se passe, quelques mois plus tard?

Je n’ai pas peur de le dire: je suis habituelle­ment optimiste, mais je mentirais si je disais que je suis ultra confiant. Il y a beaucoup de comédiens au Québec: tout le monde veut travailler et décrocher de beaux rôles, mais il y a bien peu d’élus. Au moment où on se parle, je suis sans emploi et je capote. C’est bien correct, car ça fait partie de la game et du métier que j’ai choisi. Mais c’est certain que je me croise les doigts. Heureuseme­nt, mon agent m’encourage et croit en moi.

Est-ce aussi la fin de l’émission Tous pour un chalet! à Canal Vie?

Pour l’instant, j’ai l’impression que oui: je n’ai aucune idée si ça revient. Disons que ça amène un certain stress qui était beaucoup moins présent au cours des dernières années, puisque j’avais de beaux contrats qui se présentaie­nt à moi. Présenteme­nt, c’est le néant. Mais je reste positif et je me dis que ça va faire de la place pour autre chose.

Est-ce que tu passes beaucoup d’auditions?

Des quoi? (rires) Sans farce, des auditions, j’ai l’impression qu’il n’y en a pratiqueme­nt plus... En même temps, en janvier, c’est complèteme­nt mort sur ce plan. Mais j’espère bien en passer au cours des prochains mois.

As-tu peur de sombrer dans l’oubli et que tout cesse pour de bon?

Pour ma part, c’est clair que j’y pense, mais je sais que cette crainte-là sera toujours présente parce que ça fait partie du métier. Je suis convaincu que des artistes qui font ce métier depuis toujours vivent la même chose. Pour moi, c’est la première fois, et c’est difficile. On ne sauve pas des vies, on fait de la télé, et si je ne correspond­s pas aux comédiens qu’ils cherchent pour combler un rôle, eh bien je ne travailler­ai pas. Je ne me fais pas d’idées. Il faut être réaliste: dans le bottin de l’Union des Artistes, on est à peu près 5 % à vivre de notre métier. Dire que je suis ultra confiant, ce serait jouer à l’autruche ou mentir. Il faut rester conscient de la réalité. Mais je profite de ce moment plus calme pour me reposer et prendre du temps pour moi. Je me remets aussi en forme.

Si tu devais faire autre chose pour gagner ta vie, que ferais-tu?

C’est une bonne question, et je n’ai pas la réponse. Je ne le sais vraiment pas. Peut-être que je vais devoir y penser plus sérieuseme­nt. Mais j’aime croire que je vais pouvoir continuer à vivre de mon métier pour au moins quelques années encore. Je me croise les doigts…

Unité 9, mardi 20 h, à Radio-Canada.

«Tout le monde veut travailler et décrocher de beaux rôles, mais il y a bien peu d’élus.»

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IL N’A RIEN L’AGENDA À APRÈS SON RÔLE DANS UNITÉ 9.
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Par Patrick Delisle-Crevier
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PHOTO:VÉROBONCOM­PAGNI PHOTO:AETIOSPROD­UCTIONS(C)

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