7 Jours

Bruno Marcil

«J’essaie de ne pas trop me laisser bouffer par ce métier qui peut parfois prendre beaucoufp de place. Je cultive le grand bonheur d’être en famille .»

- PAR MICHÈLE LEMIEUX • PHOTOS: ÉRIC CARRIÈRE • MAQUILLAGE-COIFFURE: ANABELLE DESCHAMPS

Même s’il avait un bac en philosophi­e en poche, Bruno Marcil a dû admettre qu’il n’était pas sur la bonne voie. Musicien autodidact­e et acteur amateur depuis le secondaire, il a fini par réaliser qu’il était bien plus un artiste qu’un philosophe! Un voyage de quelques semaines a fini par le convaincre d’effectuer un virage vers le jeu. Un choix qu’il n’a jamais regretté!

Bruno, qu’as-tu au programme pour l’année 2019?

J’ai des projets en musique, je vais faire des voix, et je suis surtout dans la nouvelle série intitulée Les invisibles, qui est très différente de la version française, Dix pour cent. L’esprit est le même, mais l’auteure, Catherine Léger, nous amène ailleurs. Mon personnage, Jean-Frédéric, est un être complexe. Il est ambitieux et il n’a pas le bonheur facile. Il est sensible, mais il ne le sait pas! (rires) Tous les personnage­s sont nuancés: ils présentent de multiples facettes.

La dynamique de ton personnage est-elle la même que dans la version originale: il vit une rupture et retrouve sa fille illégitime?

Oui. Je suis plus jeune que l’acteur qui a incarné ce personnage en France, mais il a la même vie compliquée. Je dirais même que c’est encore plus compliqué! C’est un requin qui fera encore plus de dégâts. J’ai vécu des rencontres extraordin­aires avec Alexis (Durand-Brault) et Sophie (Lorain), deux personnes passionnée­s par leur travail. Ce sont des gens d’une grande intelligen­ce. Et le casting est formidable: Karine (GonthierHy­ndman), Benoit (Mauffette), Danièle (Lorain) et Carla (Turcotte), qui joue ma fille. C’est un réel bonheur de travailler avec eux.

Revenons aux origines de ta carrière. As-tu toujours senti que ce métier t’appelait?

J’ai fait du théâtre au secondaire et j’ai très vite constaté que j’étais capable de jouer, d’atteindre une certaine vérité. Je le sentais, mais les gens me le disaient aussi. Je savais que j’avais ce talent, mais j’ai mis du temps à aller vers le jeu. Je trouvais ça futile… (sourire) J’ai finalement fait un bac en philosophi­e. Je me suis beaucoup cherché. J’avais besoin d’aller en profondeur dans

«La philosophi­e , ce n’était pas pour moi . Je n’étais pas bien dans ce domaine . J’ai fini mon bac sur les rotules…»

certaines choses. Puis, je suis allé au Théâtre de Quat’Sous, du temps de Pierre Bernard, où j’ai vu des pièces extraordin­aires portées par des distributi­ons exceptionn­elles. Ça m’a énormément parlé. En finissant mon bac, j’ai décidé de faire un grand voyage avant de m’inscrire dans une école de théâtre.

Ton bac en philosophi­e témoigne-t-il de ton besoin, comme tu dis, «d’aller en profondeur»?

La philosophi­e, ce n’était pas pour moi. Je n’étais pas bien dans ce domaine. J’ai fini mon bac sur les rotules. Un bac en philosophi­e, ça ne donne pas grand-chose… Je suis un gars d’action. Je suis à ma place dans ce métier, alors qu’en philo je ne l’étais pas. Mais quand je commence quelque chose, je le termine. Je suis allé jusqu’au bout. Mais ç’a été difficile!

Le voyage que tu as fait après tes études t’a-t-il permis de mieux comprendre la voie à suivre?

Oui, j’ai fait un voyage d’un mois et demi, seul. Je suis allé au Maroc et en Espagne. Ça m’a permis de brasser pas mal de choses. À mon retour de voyage, j’ai quitté ma blonde et j’ai passé des auditions pour entrer dans une école de théâtre. À ma sortie de l’école, ça n’a pas été facile. J’étais plus vieux que les autres acteurs. J’avais 27 ans. Je ne pouvais pas jouer les petits jeunes, mais je n’étais pas encore un homme. Mon casting n’était pas très clair… J’ai fait du théâtre, mais les premières années ont été difficiles. Les gens m’encouragea­ient à rester dans ce métier en me disant que ça allait finir par marcher.

Quand tu as effectué ce virage à 180 degrés, comment a-t-on réagi autour de toi?

Tout le monde était heureux pour moi, et personne n’a été étonné. Ils savaient que j’avais un certain talent pour le métier. Mon père m’avait vu jouer, lorsque j’étais jeune. En secondaire cinq, j’avais repris un monologue de Paul et Paul, et ça l’avait renversé! Les gens me disaient qu’ils ne me reconnaiss­aient pas. J’avais une grande capacité à me laisser happer par mon personnage, à sentir son rythme. Ça n’a donc pas été une grande surprise. En parallèle, je faisais de la musique.

Fais-tu toujours de la musique?

Oui. Je joue de la guitare depuis l’âge de 12 ans et un peu du piano. Je suis autodidact­e. En 2006, j’ai remporté le concours Ma première Place des Arts. Puis, j’ai fait les premières parties de Robert Charlebois et j’ai sorti mon album en 2007. Plutôt que de continuer dans une veine intellectu­elle où je ne me reconnaiss­ais pas, j’ai assumé le fait d’être un artiste. Ç’a été une expérience riche pour moi.

Qu’est-ce que la philosophi­e t’a appris?

Je dois admettre que ça m’a permis d’acquérir une certaine confiance intellectu­elle que je n’avais pas avant. Plus jeune, je n’étais pas très bon à l’école. Mais je faisais rire les autres, et ça me sauvait… J’étais le clown! En fait, avec le recul, je me suis rendu compte que j’avais essayé de me donner une certaine équivalenc­e du cours classique. Je voulais une formation globale, profonde. Je voulais acquérir cette culture.

Qu’est-ce qui te passionne en dehors de ton travail?

J’aime lire, j’écoute de la musique, je fais du ski de fond. Sinon, j’ai deux enfants. Ça occupe! Je suis en couple avec la mère de mes enfants et j’essaie d’être un père présent. C’est un grand plaisir et un grand bonheur pour moi. J’essaie de ne pas trop me laisser bouffer par ce métier, qui peut parfois prendre beaucoup de place. Je cultive le grand bonheur d’être en famille.

Ce métier te laisse-t-il le temps nécessaire pour être un père présent?

Habituelle­ment oui, mais ces dernières années, je n’ai pas eu tant de temps que ça. Il m’arrive de refuser des choses pour me réserver du temps. Il faut faire la part des choses et savoir identifier ce qui est vraiment important. Un jour, le travail finit, mais la famille est toujours là…

Les invisibles, lundi 21 h, à TVA.

Merci au personnel du Café Cherrier pour son accueil lors de la séance photo. cafecherri­er.ca

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 ??  ?? Avec Carla Turcotte. «Le casting de la série est formidable!» affirme le comédien.
Avec Carla Turcotte. «Le casting de la série est formidable!» affirme le comédien.
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Avec Pierre-Luc Brillant dans une scène des Invisibles.

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