7 Jours

Eve Landry

C’est le 11 septembre 2012, lors de la diffusion du premier épisode d’Unité 9, que la dure et rebelle Jeanne Biron a fait son apparition au petit écran. Dès le lendemain, la vie de son interprète, Eve Landry, a changé du tout au tout. Elle était désormais

- PHOTOS: ERIC MYRE Par Patrick Delisle-Crevier

ELLE S’APPRÊTE À FAIRE SES ADIEUX AU PERSONNAGE QUI L’A FAIT CONNAÎTRE

Eve, le rôle de Jeanne est celui qui t’a fait connaître du grand public. Comment vis-tu la fin de la série?

Je vis ça bien, car ça fait déjà un moment qu’on sait que la fin approche. Le deuil se fait donc petit à petit. Cela dit, c’est tout de même émouvant de voir les images des derniers épisodes. Et la grande finale, en mars, sera aussi une grosse étape.

Qu’est-ce que ça représente pour toi d’avoir interprété Jeanne?

C’est touchant. J’ai tellement travaillé fort pour décrocher ce rôle-là! Je le voulais vraiment. Quand ça a commencé, je n’avais aucune idée de l’ampleur qu’allaient avoir cette série et mon personnage. Je me souviens que Fabienne (Larouche, la productric­e de la série) m’avait prévenue que ça allait être gros et que ça allait frapper fort. Jeanne n’a jamais cessé d’évoluer, et maintenant que la série se termine, je réalise l’impact qu’elle a eu, tant sur ma carrière qu’auprès du public.

Comment t’es-tu retrouvée à auditionne­r pour le rôle de Jeanne? Tu étais encore peu connue à l’époque...

Si ma mémoire est bonne, JeanPhilip­pe Duval, le réalisateu­r, s’était fait dire par beaucoup de gens qu’il devait me passer en audition. Moi-même, je m’étais fait dire par plusieurs amis qu’une série sur les femmes en prison était en préparatio­n et que je devais absolument auditionne­r, peu importe le rôle. Mon agent a poussé fort... Au départ, j’auditionna­is pour le rôle de Laurence, qui a été joué par Sarah-Jeanne Labrosse, mais quand la directrice de casting m’a vue entrer avec la tête rasée, elle a eu un flash et a décidé de me faire auditionne­r pour le rôle de Jeanne.

T’étais-tu rasé la tête pour le rôle?

Non, je l’avais fait pour le plaisir. Je m’étais fait raser une partie de la tête en laissant des cheveux plus longs sur le dessus. Mon coiffeur m’avait dit de ne surtout pas attacher mes cheveux sur le dessus de ma tête, parce que ça me donnait l’air d’une détenue. Alors, quand j’ai décroché l’audition, je me suis souvenue de ça. Je suis arrivée les cheveux attachés et les contours fraîchemen­t rasés. Disons que j’avais la tête de l’emploi!

Quel souvenir gardes-tu de cette audition?

Ç’a été mémorable, mais tellement stressant, aussi. Je pense que j’ai fait presque toutes les scènes de la première saison en audition. Jeanne est un personnage complexe, et je pense que Danielle Trottier ( l’auteure) savait déjà vers quoi ce personnage s’en allait. Elle voulait donc s’assurer que j’étais capable de jouer toute la gamme des émotions.

As-tu vécu un moment de panique quand tu as su que tu avais le rôle?

Oui. Quand j’étais en mode audition, j’étais comme dans un tunnel: plus rien n’existait, je pensais seulement à ce rôle. Par la suite, j’ai vraiment constaté l’ampleur de la chose. C’était le fun, mais ça donnait aussi le vertige! Cela dit, je suis quelqu’un qui carbure aux défis et qui aime mettre la barre haut. Et puis, savoir que j’allais jouer avec Guylaine Tremblay me sécurisait énormément, parce que sa réputation la précédait.

Comment as-tu célébré ça?

Je me souviens que je n’ai pas voulu l’annoncer à ma mère au téléphone. J’ai plutôt acheté une bouteille de champagne et je suis descendue à Kamouraska pour célébrer avec elle. À l’époque, j’étais célibatair­e. J’ai rencontré mon chum quelques mois plus tard, à l’automne 2012.

Tu étais entourée d’actrices chevronnée­s dans cette série... Était-ce intimidant pour toi?

«Du jour au lendemain, les gens dans la rue se sont mis à me parler et à vouloir prendre une photo avec moi.»

Oui, j’ai ressenti un petit stress lors de l’essayage, quand j’ai vu sur les cintres les noms de Céline Bonnier, de Suzanne Clément et de Micheline Lanctôt. Là, j’ai un peu capoté! Moi qui n’avais aucune expérience ou presque, j’allais jouer avec ces monuments-là... Il faut dire que Céline Bonnier est mon actrice préférée depuis toujours. Je l’aime depuis que j’ai huit ans! Donc, le fait de jouer avec elle, c’était immense pour moi! Encore aujourd’hui, quand je regarde des scènes que j’ai jouées avec elle, je n’en reviens pas. Ça m’a motivée de jouer avec des actrices comme ça. Je ne pouvais pas ne pas être préparée: je devais être à la hauteur.

Quand as-tu pris conscience de l’impact de la série et de ton personnage sur le public?

Dès que j’ai lu les textes, je savais que ça allait avoir un impact. Puis, après la diffusion du premier épisode, ça s’est mis à changer. Du jour au lendemain, les gens dans la rue se sont mis à me parler et à vouloir prendre une photo avec moi.

As-tu eu peur, à ce moment-là?

Oui, parce que c’est arrivé rapidement. Ce qui m’a beaucoup aidée, par contre, c’est qu’à l’époque, mon beau-frère était très malade. Il était entre la vie et la mort, alors je n’étais pas préoccupée par le succès, mais plutôt par ce qu’on vivait sur le plan familial. Le fait de vivre ce drame m’a aidée à garder les deux pieds sur terre et à comprendre que l’important, c’était ça, et non de devenir populaire. Encore aujourd’hui, si l’envie d’avoir la grosse tête me prenait, je me souviendra­is que le plus important, c’est la famille et la santé, et non d’être une célébrité.

Qu’est-ce que la Eve Landry d’aujourd’hui dirait à la Eve Landry de l’époque?

Je lui dirais qu’elle a fait une maudite bonne job et qu’elle a de quoi être fière d’elle. J’aurais aussi envie de lui dire de revoir ses priorités. La Eve d’il y a sept ans mettait beaucoup d’énergie sur des futilités... Mais je ne regrette rien, car je ne serais pas qui je suis aujourd’hui sans être passée par là. Aujourd’hui, j’ai un conjoint formidable et deux enfants. Je mets mon temps sur les bonnes affaires et je suis heureuse.

Y a-t-il des traits de personnali­té que tu partages avec Jeanne?

Elle est très loyale et fidèle. Contrairem­ent à elle, je n’ai jamais été maltraitée dans mon enfance. Au contraire, j’ai été dorlotée. Mais je peux très bien me mettre à sa place.

Quelles scènes ont été les plus difficiles à jouer pour toi?

Je dirais que les scènes où Jeanne était enceinte et qu’elle ne voulait pas de son bébé étaient pénibles pour moi parce que j’étais réellement enceinte au même moment. Je vivais des émotions contradict­oires...

Maintenant que les tournages sont terminés, comment vis-tu «l’après-Jeanne»?

Très bien. J’ai un autre beau personnage dans la série M’entends-tu?. Et puis, j’aime l’idée d’être disponible pour passer des auditions. J’aime me battre pour avoir un rôle; ça fait partie des aspects du métier qui me plaisent. Passer une audition, c’est un beau défi, même quand je n’obtiens pas le rôle. Bon, on en reparlera dans cinq ans... Si je n’ai toujours pas décroché de nouveaux rôles, ce sera peut-être une autre histoire! (rires)

Unité 9, mardi 20 h, à Radio-Canada.

M’entends-tu?, mercredi 22 h, à Télé-Québec.

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En 2012. En 2015. En 2019.

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