7 Jours

Guylaine Tremblay et Anne-Élisabeth Bossé

- Par Steve Martin PHOTOS: DOMINIC GOUIN • MAQUILLAGE-COIFFURE: ANABELLE DESCHAMPS

Si la complicité ne se commande pas, on peut conclure que les deux femmes, qui partagent la vedette de la comédie En tout cas, avaient bien des choses en commun avant même que soit donné le premier tour de manivelle. À preuve la manière dont elles terminaien­t parfois leurs réponses mutuelles lorsqu’elles se sont prêtées au jeu de notre questionna­ire.

« Anne-Élisabeth me fait rire, et on s’émerveille des mêmes choses.» — Guylaine

En vous écoutant jaser, on a l’impression que vous vous connaissez depuis toujours... GUYLAINE: On a un sens de l’humour assez semblable. Elle me fait rire, et on s’émerveille des mêmes choses. Aussi, elle a inventé une expression que j’aime beaucoup. On pratique ce qu’elle appelle «faire de l’îlot». ANNE-ÉLISABETH: Guylaine a un îlot. Parfois, après les journées de tournage, je vais faire un petit tour chez elle, prendre un verre de blanc à l’îlot. Faire de l’îlot, ça implique toujours un verre de vin? A.-É.: Pas nécessaire­ment, mais jusqu’à maintenant, ça ne s’est jamais fait sans! G.: Peut-être qu’un jour, il y aura de la tisane à l’îlot... Ce sont des moments agréables. On en profite pour faire le point et jaser de toutes sortes de choses. Guylaine, crois-tu que, comme dans En tout cas, c’était le frère d’AnneÉlisab­eth qui était un peu le chouchou de sa mère durant sa jeunesse, ou bien c’était l’inverse?

G.: Il paraît qu’on n’aime pas nos garçons et nos filles de la même manière. Mais moi, je n’ai eu que des filles... J’aurais tendance à dire qu’elle était peut-être plus une fille à papa.

A.-É.: Pas du tout! En fait, je suis très proche de ma mère. Je ne dirais pas qu’on avait un rapport fusionnel, mais on parlait énormément ensemble. Encore aujourd’hui, on sort, on va se faire masser, on se fait des petites fins de semaine au spa. Ce ne sont pas nécessaire­ment des choses qu’elle ferait avec mon frère, on s’entend. Il reste que le mot chouchou est un peu péjoratif. Mes oncles et mes tantes ne diraient pas qu’elle a une préférence pour l’un ou l’autre. Dans En tout cas, c’est de la comédie. Ce serait un peu intense si c’était comme ça dans la vie!

G.: On parle de chouchou, mais chez nous par exemple, on pardonnait

« Je pense qu’on était toutes les deux des adolescent­es pas très sûres de notre physique et de notre séduction.» — Guylaine

« L’intégrité, c’est la chose qui rentre en plein coeur de Guylaine.» — Anne-Élisabeth

plus de choses à mon frère. C’était le plus jeune... Avec les filles, surtout lorsqu’elles sont dans la position d’aînée, on se permet parfois d’être plus exigeant. J’aurais été bien embêtée de répondre à ça. Si Guylaine avait l’occasion d’aller prendre un verre — ou de faire de l’îlot! — avec la Marie d’Unité 9 ou la Danielle d’En tout cas, qui choisirait-elle?

A.-É.: Danielle! Pas qu’elle ne voudrait pas en prendre un avec Marie, mais Danielle est tellement colorée et elle déplace tellement d’air. On serait tous curieux d’aller prendre un verre avec elle.

G.: Elle a une opinion sur tout, alors une fois qu’elle est partie…

A.-É.: … tu l’écoutes! Adolescent­e, Anne-Élisabeth était-elle plutôt tomboy ou girly? G.: (À Anne-Élisabeth) Je ne crois pas que tu étais tomboy…

A.-É.: Non, mais je n’étais pas girly non plus. J’étais nerd, en fait. J’étais la fille avec une couette qui faisait du théâtre et de l’impro. Je faisais des blagues en riant en cochon et je portais des lunettes. Je n’étais pas très féminine. J’étais vraiment dork. G.: Je pense qu’Anne-Éli et moi, on était des adolescent­es pas très sûres de notre physique et de notre séduction. Ça ne se passait pas par là. En tout cas, moi, je ne m’assumais pas.

A.-É.: Ce n’était pas notre carte de visite, disons. On était plus du genre à faire des farces. Qu’est-ce qui séduit Guylaine: la sensibilit­é ou le caractère?

A.-É.: Ce qui séduit vraiment Guylaine, c’est l’authentici­té. La bullshit, ça ne passe pas avec elle. Elle ne pourrait pas tolérer un petit côté faux. Je pense que l’intégrité est la chose qui va lui rentrer en plein coeur. Et l’intégrité, ça vient avec de l’empathie et de la douceur. C’est le propre de ce qu’on appelle «du bon monde».

G.: La vie est courte. Il faut s’entourer de bonnes personnes. Dans la vie de tous les jours, AnneÉlisab­eth est-elle une distraite éparpillée ou une fille très focussée?

G.: Je la vois comme une fille très concentrée quand elle travaille, mais en même temps, elle est vraiment à l’écoute de tout ce qui se passe autour. Est-ce de la distractio­n? Je ne sais pas. Mais c’est une fille qui a plein de projets, alors elle ne peut pas se permettre d’être comme une feuille au vent.

A.-É.: C’est vrai qu’en général, je suis focus, mais il y a aussi des domaines dans lesquels je ne le suis pas. L’entraîneme­nt, le rythme de vie, le yoga... J’en fais trois fois par semaine, mais je me laisse parfois distraire. En fait, mon métier l’emporte sur quasiment tout. C’est ce qui m’a toujours motivée. J’ai tout mis en place pour faire ça. Mon travail, c’est la seule chose que j’ai été capable de structurer. Dans sa façon d’élever ses filles, Guylaine a-t-elle été plutôt bohème ou très encadrante? A.-É.: (À Guylaine) Je te vois tellement comme le gros bon sens! À un moment donné, tu n’as pas eu le choix d’être stricte en raison de tes horaires de fou. Tu as été mère de famille monoparent­ale avec deux jeunes enfants et tu n’as pas arrêté de travailler, mais je te vois très mal refuser un biscuit à ton enfant à 19 h 30 parce que… «c’est comme ça!»

G.: Elle a vraiment la bonne réponse parce que oui, une job de parent, ce n’est pas un concours de popularité. Je peux être stricte, je peux avoir de l’autorité, mais les filles partent souvent à rire quand j’essaie de l’utiliser. En même temps, j’ai de la fantaisie. J’ai été le genre de mère avec qui on mangeait au lit en écoutant un film en sachant très bien qu’après, il y aurait des miettes et du jus sur les draps. À un certain moment, alors que les filles étaient petites, je revenais de la boulangeri­e avec elles à pied et on s’est fait prendre par un orage. Tout le monde courait autour de nous, et je leur ai dit: «Nous, on va marcher le plus lentement possible.» On s’est mises à marcher très, très lentement. Les filles riaient! Tant qu’à être mouillées, aussi bien avoir du fun!

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