7 Jours

Jean-Philippe Dion

«Geneviève me fait prendre conscience à quel point la vie est fragile»

- PAR MICHÈLE LEMIEUX • PHOTOS: ERIC MYRE • MAQUILLAGE-COIFFURE: VALÉRIE QUEVILLON

Ambassadeu­r de la 13e édition du Mois des Câlins de Sainte-Justine, Jean-Philippe Dion est allé visiter Geneviève Emond-Blais. La fillette, âgée de cinq ans, a été victime d’une inflammati­on de la moelle épinière qui lui a laissé de graves séquelles. C’est au Centre de réadaptati­on Marie Enfant (CRME) — où elle vit toute la semaine avec sa maman, Marilyne — que nous l’avons rencontrée. La connexion entre l’animateur et la charmante fillette a été spontanée!

Marilyne, expliquez-nous ce que votre fille a traversé.

Tout a commencé par une fièvre, le 20 septembre dernier. À l’hôpital, on a diagnostiq­ué une otite et une amygdalite. Nous sommes rentrés à la maison le soir même. Lorsqu’elle s’est levée le lendemain matin, Geneviève est tombée à deux reprises en essayant de marcher. J’ai alors compris qu’il se passait quelque chose. Nous sommes repartis à l’hôpital de Maniwaki, où on nous a transférés à Gatineau. On lui a administré trois antibiotiq­ues contre la méningite, mais ce n’était pas ce qu’elle avait. On a fait un scan, une ponction lombaire: on ne détectait rien. Geneviève a ensuite été admise au Children’s Hospital, où une imagerie par résonance magnétique (IRM) a révélé qu’elle avait une inflammati­on de la moelle épinière.

Comment l’a-t-elle contractée?

C’est viral. En théorie, Geneviève aurait dû éliminer le virus. Un autre enfant aurait guéri et n’aurait pas eu besoin d’antibiotiq­ues, mais pour elle, il en a été autrement.

Pourquoi vivez-vous toutes deux au Centre de réadaptati­on Marie Enfant?

Après son hospitalis­ation, Geneviève a été admise au Centre. Elle est ici depuis le 3 décembre dernier pour y effectuer une réadaptati­on intensive. Nous retournons à la maison le weekend. Il a fallu adapter la maison. C’est une nouvelle vie. Au moins, nous pouvons être avec toute la famille la fin de semaine et avoir un semblant de vie normale.

Quelles sont les conséquenc­es de l’inflammati­on?

Geneviève a paralysé au niveau des muscles respiratoi­res et moteurs. Elle a passé à nouveau une IRM récemment et on nous a confirmé que certaines cellules ne reviendron­t jamais. Il n’y a plus d’inflammati­on, mais le virus a créé des dommages. Geneviève aura des séquelles. Elle est en fauteuil roulant. On me dit qu’on verra avec le temps comment elle pourra se rétablir. Je ne me fie pas aux pronostics parce qu’on connaît peu de choses de la maladie. Je vais laisser ma fille évoluer.

Vous gardez espoir que les choses s’améliorent?

Oui, et j’ai d’ailleurs dit à mon chum qu’il y a déjà eu des miracles. Je voudrais que ma fille en soit un.

Vous êtes une maman de quatre enfants. Qui prend le relais durant votre absence?

Présenteme­nt, c’est papa qui prend soin de la famille quand il ne travaille pas. Nous avons des contrats de déneigemen­t. Quand il neige, c’est quelqu’un d’autre qui garde nos enfants. Ils ont six ans, deux ans et un an. C’est beaucoup d’organisati­on… Sans notre famille, je ne sais pas comment nous nous serions organisés. Geneviève fait de la physio, de l’ergo, de l’orthophoni­e, etc.

Jean-Philippe, l’histoire de Geneviève semble avoir confirmé la nécessité de ton engagement?

Ma rencontre avec Geneviève m’a fait prendre conscience à quel point la vie est fragile. Parfois, du jour au lendemain, survient un événement qui change la vie. On peut tous espérer qu’il n’arrive jamais rien à nos enfants ou aux enfants qui sont près de nous, mais ce qui est important, c’est qu’ils puissent compter sur des ressources pour les accueillir le jour où ça se produit. Je pense que c’est pour cette raison qu’il faut être sensibilis­é à la cause de Sainte-Justine et y contribuer.

M.: S’il n’y avait pas eu le Centre de réadaptati­on Marie Enfant, nous aurions été laissés à nous-mêmes. Heureuseme­nt que ça existe!

Marilyne, vous devez être auprès de votre fille à 100 %.

Je ne voudrais pas la laisser seule.

C’est dur d’être loin de notre famille, mais nous n’avons pas le choix. Son père a été présent lui aussi au début, mais par la suite, ça n’a plus été possible. Par la force des choses, nous avons négligé nos autres enfants, parce que Geneviève avait besoin de nous.

Tous les enfants finissent par comprendre en vieillissa­nt que c’était pour la bonne cause…

Oui, mais mon plus vieux a trouvé ça difficile. Son caractère a beaucoup changé. Depuis que Geneviève et moi retournons à la maison la fin de semaine, ça va beaucoup mieux.

Marilyne, la condition de Geneviève s’est-elle améliorée?

Oui, parce qu’au début, elle n’avait plus de tonus. Je me suis demandé quelle allait être sa qualité de vie. Quand elle a récupéré du tonus au niveau de la tête et que ses bras ont recommencé à bouger, j’ai compris qu’elle allait pouvoir fonctionne­r. Je garde espoir que sa condition s’améliorera encore avec le temps, mais au moins, Geneviève a récupéré l’essentiel.

Jean-Philippe, pour toi, c’est important de faire un geste significat­if pour ces familles?

Oui, parce qu’on ne peut pas rester insensible devant un enfant malade, pas plus que devant un parent qui accompagne son enfant. La maladie d’un enfant, c’est hyper exigeant pour les parents. Ici, au CRME, la qualité des soins est exceptionn­elle. Le volet recherche aussi est important. Je suis certain que la récupérati­on de Geneviève est meilleure que pour un enfant qui aurait vécu la même chose il y a 15 ans ou 20 ans.

Toi, as-tu vu la maladie de près?

J’ai surtout vu ce que la maladie crée au sein des familles. Le frère de Marie-Eve Janvier, qui est une amie à moi, a été malade quand il était jeune. À l’époque, c’est ce qu’elle me disait: à un moment donné, les parents ne s’occupent que de l’enfant malade. Sur le coup, on ne comprend pas pourquoi l’attention est toujours portée sur l’enfant malade, mais avec le temps, on finit par comprendre que c’était nécessaire...

Crois-tu qu’on puisse tous faire notre part pour soutenir ces enfants et leurs familles ?

Oui, on ne peut qu’ouvrir notre coeur et donner pour mettre un petit baume sur leur douleur. Ce sont tous les petits dons qui permettent de faire de très grandes choses. Et moi, ça me touche de penser que ces dons n’aident pas qu’un seul enfant, mais des milliers d’enfants...

«Geneviève aurait dû éliminer le virus... Un autre enfant aurait guéri, mais pour elle, il en a été autrement.» — Marilyne, la maman de Geneviève

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 ??  ?? Si Jean-Philippe est tombé sous le charme de Geneviève, l’inverse est aussi vrai!
Si Jean-Philippe est tombé sous le charme de Geneviève, l’inverse est aussi vrai!
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 ??  ?? Lors de la séance photos, Jean-Philippe et Geneviève se sont amusés comme deux grands amis. L’animateur n’a ménagé aucune pitrerie pour faire rire la petite.
Lors de la séance photos, Jean-Philippe et Geneviève se sont amusés comme deux grands amis. L’animateur n’a ménagé aucune pitrerie pour faire rire la petite.
 ??  ?? Marilyne et son conjoint, Nicolas, entourés de leurs enfants, William, six ans, Geneviève, cinq ans, Mikael, deux ans, Marylou, un an.
Marilyne et son conjoint, Nicolas, entourés de leurs enfants, William, six ans, Geneviève, cinq ans, Mikael, deux ans, Marylou, un an.
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«Je garde espoir que sa condition s’améliorera encore avec le temps...» souligne sa maman.
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Un beau souvenir de Geneviève avec son papa avant que la maladie survienne.

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