7 Jours

Rencontre avec quatre artistes et leurs agents

- ANTOINE BERTRAND ET SON AGENTE, MICHELINE ST-LAURENT

Leur rencontre s’est faite en deux temps. Micheline St-Laurent a eu un coup de coeur pour Antoine à sa sortie de l’école de théâtre, mais celui-ci a attendu d’être pris dans un conflit d’horaire pour faire appel à ses services. Depuis près de seize ans, ils sont inséparabl­es.

Antoine, qu’est-ce qu’un bon agent pour toi?

Un bon agent est quelqu’un qui est d’abord et avant tout honnête. Il doit faire les suivis après les auditions, être bon vendeur, avoir des habiletés sociales, mais il doit surtout dire la vérité à ses acteurs. Il faut aussi que ce soit quelqu’un de très psychologu­e. Micheline est une mère profession­nelle. Notre relation est d’ordre profession­nel, mais pas seulement. Il y a aussi de l’amour, de la confiance…

Et pour vous, Micheline?

Un bon agent est quelqu’un qui reste à l’écoute de son comédien et qui est en mesure de bien coacher ses jeunes acteurs. La vraie vie d’un comédien n’est pas si simple: il y a beaucoup d’auditions et beaucoup de refus. C’est très important de bien encadrer les jeunes, de leur expliquer comment ça fonctionne et de leur apprendre que se faire dire non n’est pas toujours une mauvaise nouvelle. Ils ont tout à apprendre quand ils sortent d’une école de théâtre.

Comment vous êtes-vous rencontrés?

AB: C’est très drôle, car elle était venue voir une pièce que je faisais au Théâtre du Nouveau Monde et elle souhaitait m’avoir dans son agence. Elle m’a appelé, mais je ne l’ai jamais rappelée. J’avais déjà de la job, je faisais un show au TNM et je jouais dans Virginie. Je l’ai un peu snobée. Deux mois après, je me suis retrouvé dans un conflit d’horaire majeur, car je suis la personne la moins organisée au monde. Je me suis souvenu d’elle et je l’ai appelée pour voir si elle pouvait m’aider. Elle a tout réglé. Seize ans plus tard, on travaille toujours ensemble.

Comment avez-vous bâti un plan de carrière pour Antoine?

MSL: Antoine a une personnali­té forte et il ne passe pas inaperçu. Au début d’une carrière, on est tributaire des projets qui se présentent. On essaie de faire voir notre acteur le plus possible et on s’assure qu’il donnera le meilleur de lui-même. On leur parle après les auditions, on va chercher les commentair­es des directeurs de casting, on essaie de corriger les défauts au besoin. Antoine a eu la chance de faire Virginie et il a ensuite enchaîné avec Les Bougons. Il a explosé, et tout le monde le voulait pour toutes sortes de choses. C’est à ce moment-là qu’il faut être capable de dire non. Il faut éviter la surexposit­ion.

«Micheline ne m’accompagne pas juste pour le côté profession­nel. Quand je vis quelque chose de difficile sur le plan personnel, elle est aussi présente.» — Antoine

«Ils ont tout à apprendre quand ils sortent d’une école de théâtre.» — Micheline

AB: On est assez libre de faire ce qu’on veut, mais il y a eu quelques fois où j’ai refusé un projet et où Micheline m’a dit que je faisais une erreur. Le meilleur exemple est la première fois que je suis allé à Tout le monde en parle. C’était à l’époque des Bougons. Je n’étais pas vraiment connu, mais j’étais un peu «frais chié» et je ne voulais pas y aller. Micheline ne m’a pas laissé le choix. Je l’ai écoutée, et je peux dire que cette entrevue a tout changé pour moi.

Est-ce que l’agent doit aussi être au courant de la vie privée de ses artistes?

AB: Micheline ne m’accompagne pas juste pour le côté profession­nel. Quand je vis quelque chose de difficile sur le plan personnel, elle est aussi présente. Micheline était d’ailleurs très amie avec ma mère. Je dis souvent qu’elle est une mère, une partenaire d’affaires et aussi une louve pour ses comédiens. Elle veille à notre protection, toujours dans notre intérêt autant profession­nel que personnel, mais elle va aussi nous recadrer au besoin. Je trouve qu’il y a deux types d’agents: ceux qui se promènent sur les plateaux, qui vont dans les mondanités et qui boivent du champagne, et ceux qui travaillen­t au bureau. La plus belle qualité de Micheline, c’est que tout le monde la connaît, mais personne ne sait à quoi elle ressemble parce qu’elle est toujours au bureau et qu’elle travaille fort pour nous. Ça en dit beaucoup.

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Antoine est très proche de son agente.
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