7 Jours

Adib Alkhalidey et Julien Lacroix

- Par Steve Martin PHOTOS: ERIC MYRE

Complices, ricaneurs, partenaire­s de création et gars «de leur époque», les deux humoristes se sont lancé le défi de réaliser le film Mon ami Walid, qu’ils présentent eux-mêmes ces jours-ci aux quatre coins de la province. Un projet risqué qui les a fait grandir et qui a visiblemen­t soudé leur amitié.

Adib, tu crois qu’à l’adolescenc­e, Julien était un chouchou ou une bête noire pour ses profs? ADIB: C’est sûr qu’il a été le chouchou de certains profs, mais il a aussi été la bête noire pour d’autres. Julien sait comment plaire. Il le fait avec moi d’ailleurs. Quand il m’énerve, il réussit à me manipuler pour que je l’aime encore plus qu’avant. Ça fonctionne!

JULIEN: J’ai appris des meilleurs! (rires) Mais effectivem­ent, il y a des profs qui m’aimaient et d’autres moins, disons. Il ne comprenaie­nt pas mon humour, je pense. De ton côté, dirais-tu que la figure d’autorité dans la vie d’Adib est sa copine ou son goldendood­le? J.: (Sans hésitation) Son chien! Hier, c’était la première du film. Sa mère n’était pas là, mais son chien, oui! Ça en dit long. (rires) Et juste après, il a dû partir pour aller s’occuper de lui. C’est clair que c’est son chien qui gère sa vie!

A.: C’est aussi le maître de ma femme. Julien s’intéresse à la finance. Si ça n’avait pas fonctionné pour lui en humour, aurait-il été représenta­nt dans une banque ou pour un costumier comme l’était sa grand-mère?

A.: Il aurait travaillé pour un costumier, car il aurait voulu rester dans le domaine artistique.

J.: Oui. Les costumes, c’est quelque chose qui me passionne encore aujourd’hui. J’aurais acheté le

costumier de Radio-Canada et j’aurais amené l’entreprise à un niveau internatio­nal! A.: En fait, il aurait transformé le studio de nouvelles en costumier et le Cirque du Soleil aurait fait affaire avec lui! Selon toi, qui est l’inspiratio­n capillaire d’Adib: François Bellefeuil­le ou Réal Béland?

J.: Bellefeuil­le, c’est sûr. Parce que, lui aussi, il perd ses cheveux.

(rires) J’ai trouvé ça audacieux qu’il le fasse, d’ailleurs... Par exemple, Jay Du Temple ne pourrait pas couper sa toque n’importe quand. Adib a été le premier à faire le ménage avec ses cheveux, et c’est courageux.

A.: La première fois que je suis monté sur scène après m’être fait couper les cheveux, j’ai vraiment eu l’impression de perdre une partie de mon identité. J’avais peur de ne plus être drôle à cause de ça. Mais finalement, tout s’est bien passé.

«Adib, c’est un gars très intelligen­t. C’est toujours intéressan­t de discuter avec lui.» — Julien

Julien peut afficher son air candide tout en ayant un humour parfois cynique. Laquelle de ces deux facettes reflète le plus ce qu’il est dans la vie? A.: Je ne sais pas quelle facette il présente le plus souvent, mais je préfère son côté cynique. Il a du chien. J.: Moi aussi, c’est le côté que je préfère chez moi. Et je vais le développer pour qu’il soit encore plus présent! Adib a déjà dit qu’il s’était lancé dans l’humour parce qu’il n’avait pas le tour avec les filles. Est-ce vrai?

A.: En fait, avec les gens que je ne connais pas, j’ai comme un handicap...

J.: Mais quand il les connaît, il est très charmeur. C’est un gars très intelligen­t, alors c’est toujours intéressan­t de discuter avec lui. Je dirais que c’est sa force avec les femmes.

A.: (À Julien) Vraiment pas! En fait, il peut m’arriver d’avoir des malaises vraiment profonds. Julien a essuyé quelques refus avant de percer en humour. Qu’est-ce qui lui a permis de passer à travers: sa résilience ou sa persévéran­ce? A.: Il y a eu une part d’acharnemen­t, entre autres, mais il a réussi parce qu’il est bon, tout simplement. Les gens ont pu le constater quand ils visionnaie­nt ses capsules sur le Web. Alors, le fait qu’il n’ait pas été accepté à l’École nationale de l’humour, ça n’avait pas d’importance... Et quand les autres humoristes l’ont découvert à leur tour, on a compris qu’il était bon, alors ça nous a donné envie de travailler avec lui.

J.: Je faisais mes capsules chez moi avec ma webcam. Adib est la première personne qui est venue me visiter avec Kat Levac à Longueuil, dans ma chambre. C’était improvisé, mais ç’a été très drôle. On a fait ça dans la maison de ma mère! Adib a-t-il le pouce vert ou est-il un cordon-bleu? J.: Je pourrais dire cordon-bleu parce qu’il est végétarien, mais en même temps, il vit dans la forêt. Il fait attention à l’environnem­ent. C’est une de ses priorités. Il trouvait que l’air de Montréal était toxique, alors maintenant, il se lève le matin et il respire le grand air.

A.: C’est ex aequo, en fait. Julien est-il un romantique fini ou un pragmatiqu­e total?

A.: Ce n’est pas un romantique fini, ça c’est certain, alors je dirais un pragmatiqu­e total. Avec sa blonde, ça joue très cartes sur table et de façon directe. Les pétales sont comptés! (Julien acquiesce.) Côté bouffe, Julien est plutôt végé ou carnivore?

A.: Julien, c’est un carnivore.

J.: Oui, mais ma blonde est devenue végé, alors je ne mange plus de viande rouge. Je mange donc de la volaille, du poisson... et tout ça!

A.: On est des gars de notre époque, on est des flexitarie­ns! Quand on le provoque, Adib a-t-il tendance à demeurer stoïque ou au contraire à avoir un tempéramen­t plutôt bouillant?

J.: Adib a un respect énorme pour le genre stand-up et il sait se tenir, mais je me souviens d’un spectacle qu’il donnait un samedi soir. Il y avait un homme qui avait pris un verre de trop, Adib l’a bien remis à sa place.

A.: Si la personne dérange les autres spectateur­s, mais qu’elle ne semble pas s’en rendre compte ou qu’elle a socialemen­t moins d’aptitude, je ne vais jamais chercher à l’humilier. Mais si je sens que ce n’est pas quelqu’un qui fait de son mieux et qu’il dérange les autres, c’est différent. Moi, je m’en fous, car je vais en refaire du standup, mais il y a des personnes dans la salle pour qui ce sera le seul spectacle auquel ils vont assister dans le mois ou l’année. Si tu déranges ces gens-là et que tu le fais exprès, je vais t’exterminer. Je suis gentil, mais ne me fais pas… (rires)

Pour suivre les activités des deux humoristes, rendez-vous sur leurs sites respectifs: julienlacr­oix.ca et adibalkhal­idey.com.

Merci au Théâtre Sainte-Catherine pour son accueil lors de l’entrevue et de la séance photo. theatresai­ntecatheri­ne.com

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada