7 Jours

Marie-Chantal Perron

- PAR PATRICK DELISLE-CREVIER

Le rôle de Madeleine Tessier dans la série Unité 9 nous aura permis de découvrir une nouvelle facette du jeu de Marie-Chantal Perron, qui n’avait jamais joué un personnage aussi rigide et austère par le passé. À quelques épisodes de la grande finale, la comédienne revient sur l’importance qu’a eue ce rôle d’intervenan­te de première ligne dans sa vie.

Marie-Chantal, comment te sens-tu par rapport à la fin d’Unité 9?

Ça se passe bien. Nous savons que la série se termine depuis un moment, alors le processus du deuil est déjà commencé. Je suis toujours bouche bée quand je regarde les épisodes de l’ultime saison. L’auteure Danielle Trottier est étonnante, et la réalisatio­n de JeanPhilip­pe Duval est exceptionn­elle. Ç’a été un plaisir de tourner pour ces deux-là. Même en fin de course, la série a encore toute sa pertinence.

Le personnage de Madeleine Tessier est tellement loin de toi dans la vie. Que retiens-tu d’elle?

J’étais surprise qu’on pense à moi pour ce rôle. J’avais des doutes, au départ, car c’était vraiment loin de tout ce que j’avais joué jusqu’à présent. Je ne m’attendais pas à incarner un tel personnage dans ma vie, et j’ai trouvé ça le fun de pouvoir explorer ces zones-là alors que j’étais dans la fin de la quarantain­e. Ça m’a permis d’explorer autre chose et de me surprendre moi-même. Ça fait 30 ans que je fais ce métier et, avec ce rôle, je suis sortie de ma zone de confort. Je suis fière de moi. Même mon chum y a cru! Il m’a dit que s’il m’avait rencontrée après m’avoir vue dans la peau de Madeleine, il ne serait pas venu me parler. Pour moi, c’est un compliment!

Ça veut dire que ça marche, que c’est crédible et vivant. Le fait que les gens oublient que c’est moi qui me cache derrière le personnage, c’est ma plus grande réussite. Je suis aussi fière de la répercussi­on sociale de cette série. Elle a permis de changer certaines mentalités et a jeté un peu de lumière sur des gens qui vivaient dans l’ombre. Ça a permis un regard plus emphatique sur cette réalité, et ça me touche.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi, avec ce personnage?

Je dirais qu’il y a eu deux Madeleine: celle avant sa crise cardiaque et celle après. Avant, elle était très rigide. Ce qui est fou, c’est que je ne me rendais pas compte à quel point l’espèce de violence qui habitait mon personnage me demandait de l’énergie. J’arrivais chez moi épuisée, vidée. Cette violence me troublait, et je pense que c’est ce qui a été le plus difficile.

Qu’as-tu appris à propos de toi en tenant ce rôle?

Madeleine m’a poussée ailleurs dans ma vie. Elle m’a fait réfléchir tout en me permettant d’aller vraiment ailleurs dans ma carrière d’actrice. Elle m’a aussi permis d’avoir une plus grande confiance en mes talents de comédienne.

Sur le plan personnel, tu as désormais les pieds dans la cinquantai­ne. Comment vis-tu ça?

Super bien! Je ne m’en fais pas avec l’âge, surtout que j’ai l’impression d’être sur mon X. Ma vie va bien: je suis une femme heureuse, amoureuse et en santé, et j’ai de beaux projets qui s’en viennent. Au théâtre, entre autres...

Peux-tu nous en dire plus?

Je vais repartir en tournée avec la pièce Tanguy. C’est du bonbon pour moi de jouer ça! J’ai aussi commencé les répétition­s de la pièce Les voisins, qui fête ses 40 ans cette année. Ça me plaît vraiment de jouer au théâtre; j’aime la vie de tournée. Mon chum vient parfois me rejoindre, et on passe de beaux moments en amoureux. J’aurai aussi des petites vacances dans quelques jours...

Que comptes-tu faire durant cette période?

Je vais aller au Honduras, à Roatán. J’adore faire du snorkeling, tandis que mon chum, lui, fait de la plongée. C’est drôle, parce que cette passion est née d’une peine d’amour. J’avais loué une maison au Mexique parce que je n’allais pas bien... Les gens qui vivaient au deuxième étage devaient être tannés de me voir fumer des cigarettes, assise sur la terrasse à regarder la mer en pleurant, car ils m’ont invitée à aller faire de la plongée en apnée avec eux. J’ai l’impression que, grâce à ça, ma peine d’amour s’est mise en apesanteur, en quelque sorte. Ce moment a changé ma vie et, depuis, je vais régulièrem­ent voir les poissons pour les remercier!

En terminant, que peut-on te souhaiter pour la prochaine décennie?

J’aimerais faire partie d’un autre projet qui, comme Unité 9, se transforme­rait en une belle mission sociale. J’aimerais jouer un autre personnage qui me sortirait de ma zone de confort et ferait une différence. Un personnage qui m’amènerait ailleurs, comme celui de Madeleine ou de Mademoisel­le C. D’ailleurs, j’adorerais faire un troisième film. Encore aujourd’hui, des enfants me parlent de Mademoisel­le C. Ce serait fantastiqu­e de ramener ce beau personnage!

Unité 9, mardi 20 h, à Radio-Canada.

Pour connaître les dates de représenta­tion de la pièce Tanguy, visitez tanguy.ca.

La pièce Les voisins sera présentée dès le 5 juillet 2019 à la Maison des arts Desjardins de Drummondvi­lle. Info: artsdrummo­ndville.com

«Ma vie va bien. Je suis une femme heureuse, amoureuse et en santé, et j’ai de beaux projets qui s’en viennent.»

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«Je dirais qu’il y a eu deux Madeleine: celle avant sa crise cardiaque et celle après», indique son interprète.
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