Une vedette indépendante
Marie Soleil a rencontré Suzanne Cormier, qui travaillait alors dans une autre agence, il y a plus de 12 ans. Elle l’a suivie quand cette dernière s’est associée avec une amie d’université, Valérie de Launière, pour lancer sa propre entreprise.
Marie Soleil, qu’est-ce qu’un bon agent pour toi?
C’est avant tout la confiance, car l’agente te représente. C’est elle qui va parler à ta place aux producteurs, aux agents de casting et c’est aussi elle qui va négocier ton salaire.
Et pour vous, Suzanne et Valérie?
SC: C’est quelqu’un qui doit avoir une bonne capacité d’adaptation. On représente plus d’un artiste. Chacun a une personnalité et des besoins différents. Il faut être capable de comprendre la personne avec qui on travaille pour lui offrir ce qu'il y a de mieux.
VDL : Il faut aussi bien les connaître autant professionnellement que personnellement.
Comment as-tu choisi tes agentes?
MSD: Je suis sortie du Conservatoire de Québec en 2007 et je n’avais aucun plan de carrière. Je suis venue faire les auditions générales du Théâtre de Quat’Sous et je ne pensais pas du tout me trouver un agent. Durant le party qui a suivi, Suzanne est venue me parler en me disant qu’elle aimerait bien me représenter.
VDL: La démarche ressemble un peu à ce qui se produit quand on tombe amoureux. L’instinct doit guider autant les artistes que les agents. Tu ne connais pas encore la personne en face de toi, mais tu dois sentir que tu vas pouvoir bien t’entendre avec elle.
Comment se gère une carrière au quotidien?
VDL: Marie Soleil est une fille complètement indépendante. Elle ne vit pas de stress ou d’angoisse. Du moins, elle le garde pour elle si c’est le cas; elle ne l’extériorise pas. Elle est extrêmement facile et je pense qu’elle a une carrière en rapport avec sa personnalité.
SC: Quand le succès arrive, il y a d’autres éléments à prendre en compte. Il faut, par exemple, choisir ce que tu diras aux médias et ce que tu garderas pour toi. Je préviens généralement mes comédiens que s’ils font la couverture d’un magazine avec leur amoureux, ils doivent aussi s’attendre à la faire le jour où ils vont se séparer. Mais je ne dirais jamais à un artiste de ne pas le faire. Je veux juste qu’il sache comment ça fonctionne. La gestion des médias doit toujours se faire en cohérence avec les valeurs de l’artiste.
MSD: J’ai une très belle relation avec le public, notamment grâce à mon compte Instagram. J’ai beaucoup d’abonnés, dont un bon nombre de mères, depuis que j’ai accouché. J’aime ce rapport direct avec les gens, mais je choisis ce que je veux partager. Étant dans une famille recomposée, je ne suis pas toujours la seule impliquée. Avec Béa, la fille de Louis, par exemple, il y a aussi d’autres personnes, comme sa mère, qui doivent donner leur accord pour que je parle d’elle ou que je publie des photos.
Est-ce qu’un agent doit connaître la vie privée de son artiste?
VDL : On n’a pas le choix d’être au
«Dès que je suis dans une situation problématique, je dis toujours que mon agente est contrôlante et qu’il faut voir avec elle.» — Marie-Soleil
courant rapidement quand il arrive quelque chose dans la vie de nos artistes. Quand Valérie Chevalier a eu un grave accident de vélo, elle tournait la semaine suivante et partait ensuite en Europe pour une série d’émissions. Sa mère m’a appelée moins de 30 minutes après l’accident. Il faut qu’on soit au courant rapidement pour pouvoir gérer la crise avec la production.
MSD: En prévenant ton agent, ça veut dire que tu délègues cette partie-là. Tu vis quelque chose de difficile, mais tu sais que tout va être fait pour prévenir la production et planifier un autre horaire. En tant qu’artiste, tu es plus serein, tu sais qu’il va y avoir un suivi.
Comment définirais-tu votre relation?
MSD: Ça reste une relation professionnelle. Évidemment je leur raconte ma vie privée parce que ça fait partie de notre relation, mais ce n’est pas réciproque. Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas, mais c’est plus comme avec tes parents. Tu racontes des choses intimes à ta mère, mais elle ne va pas se confier sur sa vie avec ton père. C’est pareil à l’agence.
«Il faut être capable de comprendre la personne avec qui on travaille pour lui offrir le meilleur.» — Suzanne