D’enfant à adulte
Julianne Côté était encore très jeune quand elle a croisé la route de Chantal David, mais elle savait déjà qu’elle voulait être comédienne.
Julianne, qu’est-ce qu’un bon agent pour toi?
C’est quelqu’un qui te respecte, qui partage les mêmes valeurs et qui va t’épauler dans tes décisions. C’est aussi quelqu’un qui va te conseiller en fonction de ta vision, et non en fonction de ses intérêts.
Et pour vous, Chantal?
Le respect de l’artiste vient en premier, et il faut aussi être à l’écoute. Un bon agent va aussi travailler afin de ne pas surexposer ses comédiens quand ils acquièrent une certaine notoriété.
Comment vous êtes-vous rencontrées?
JC: On s’est rencontrées au baptême du filleul de mon père. J’avais 11 ans. La mère du garçon est une amie de Chantal. CD : Mon amie m’avait dit qu’il fallait que je rencontre Julianne, qu’elle était extraordinaire. Julianne est donc venue me voir et m’a dit: «je voudrais jouer Aurore». Le projet de remake du film n’était même pas encore financé. Quelques semaines plus tard, j’ai fait un suivi en lui proposant de faire des auditions pour de la publicité, pour voir comment elle se débrouillait. Et pour sa première audition en dramatique, elle a eu le rôle.
JC: J’ai commencé petit à petit dans ce milieu. Ma toute première audition était pour une pub pour Winners. J’y suis allée tranquillement.
Comment gère-t-on le passage de l’enfance à l’âge adulte?
JC: C’était une période plus difficile. Pendant environ trois ans, c’était très au ralenti. Je faisais toujours des voix, mais les gens dans la rue me demandaient si j’étais encore comédienne. Tu te remets en question parce que tu te demandes si c’est terminé. C’est arrivé à d’autres. Chantal m’a toujours soutenue et ne m’a pas mis de pression. Je connais des gens qui ont été jetés dehors de leur agence parce qu’il n’y avait plus de boulot pour eux.
Un enfant comédien qui devient adulte n’a souvent pas de formation de comédien. Est-ce un problème?
CD: Julianne n’est pas la seule à ne pas avoir fait le Conservatoire ou une école de théâtre. Il y a pas mal d’artistes qui n’ont pas de formation en jeu. Au Québec, on peut faire un plan de carrière pour déterminer ce que l’artiste ne veut pas faire, ce vers quoi il tend, mais il faut y aller avec les possibilités et avec les projets qui sortent. On avance en fonction des propositions au quotidien. Je fais très attention à ne pas brûler mes acteurs, je vais souvent leur dire d’attendre de trouver le bon projet.
Comment définiriez-vous votre relation aujourd’hui?
JC: Elle a évolué de façon naturelle. J’ai un rapport très maternel, enveloppant et doux avec Chantal, mais ce n’est pas étouffant. En même temps, on ne se voit pas tous les jours, on ne s’appelle pas tous les jours non plus. Je sais qu’elle va toujours être là pour moi, et vice versa. On s’admire et on se respecte beaucoup.
Comment choisissez-vous les comédiens avec lesquels vous travaillez?
CD: Il y a peu d’appelés et peu de projets au Québec, c’est difficile pour les comédiens. J’y vais beaucoup à l’instinct quand je choisis un nouvel artiste. J’essaie d’avoir des gens qui correspondent à ma façon de travailler. En règle générale, mes comédiens sont assez autonomes. Mais les artistes se comparent, se posent des questions, se demandent pourquoi d’autres travaillent plus qu’eux… Sur ce plan, mon temps est divisé en 80 % de psychologie et 20 % de travail.
«Un bon agent va travailler afin de ne pas surexposer ses comédiens quand ils acquièrent une certaine notoriété.» — Chantal