7 Jours

Antoine Desrochers

UN REBELLE AU COEUR TENDRE!

- PHOTOS: PATRICK SÉGUIN • MAQUILLAGE-COIFFURE: SYLVIE CHARLAND

À 21 ans, Antoine Desrochers est d’une sagesse enviable. L’adepte de la communicat­ion non violente est aussi à la tête d’un site écologique. L’inspirant jeune homme souhaite faire une différence auprès des gens, tant en ce qui a trait à leur relation avec la nature qu’avec les autres.

Antoine, il arrive souvent qu’on vous offre des rôles de rebelle. Êtes-vous un rebelle au quotidien?

Je suis un rebelle dans le sens où je conteste les choses établies. Il y a certaines lois dans notre société qui méritent d’être remises en question. Quand c’est le cas, je le fais. Un règlement n’est pas synonyme de vérité pour moi.

Quand remettez-vous les règles établies en question dans votre quotidien?

Je suis, par exemple, en train de développer un projet de centre écologique Alma Tierra dans le coin de Ripon, en Outaouais. Là-bas, il y a une loi qui interdit les toilettes de compost, par peur que les installati­ons soient mal faites. Je comprends très bien le point de vue de la municipali­té, mais quand on sait que ce genre d’installati­on sanitaire est bien plus écologique qu’une fosse septique, il faut se questionne­r.

Qu’est-ce qu’Alma Tierra?

C’est un endroit qui vise la réinsertio­n de l’humain dans la nature. Mon équipe et moi souhaitons offrir aux gens un lieu où se ressourcer, camper et faire des activités en famille. Nous aimerions aussi proposer des marches guidées en nature. Éventuelle­ment, j’aimerais y construire des habitation­s que les gens pourraient louer lors de leur passage. Puisque j’ai étudié la constructi­on écologique, je sais qu’il est possible de créer des bâtiments qui ne nuisent pas à un écosystème et qui peuvent même lui apporter quelque chose.

Vous rêvez de nature, mais vous avez aussi acheté une maison à Montréal avec votre ami, le comédien Antoine Olivier Pilon. Est-ce que cette stabilité était importante pour vous?

Pour dire vrai, je n’étais pas censé acheter une maison à Montréal. J’ai parlé à Antoine de mon projet à la campagne, il était intéressé, mais préférait d’abord investir en ville. Il m’a dit que si j’achetais en premier avec lui à Montréal, il investirai­t à la campagne avec moi dans les années qui suivraient. Finalement, la vie l’a amené ailleurs. Nous restons colocatair­es en ville, mais le projet dans la nature sera seulement le mien.

«Le métier de comédien m’apporte énormément et j’espère que j’apporte à mon tour à la société à travers lui.»

Est-ce que ce changement de cap a été difficile à prendre?

J’ai dû faire un deuil, c’est certain. Mais notre amitié à Antoine et moi est à ce point solide que je ne l’ai jamais remise en doute malgré tout. Et je suis heureux de notre maison à Montréal.

À 21 ans, vous tenez des propos très sages. Comment l’expliquez-vous?

Depuis trois ans, j’étudie les principes de la communicat­ion non violente de Marshall Rosenberg. Sa philosophi­e a complèteme­nt changé ma vie. J’ai embarqué dans cette voie avec ma mère. Ç’a été une expérience incroyable qui nous a beaucoup rapprochés et qui nous a permis de guérir des choses que nous avions tassées entre nous.

Qu’est-ce que la communicat­ion non violente?

C’est un principe de communicat­ion qui permet de reconnaîtr­e le besoin de l’autre et son propre besoin dans une situation afin de prendre des décisions consensuel­les.

Et comment ça a changé votre vie?

J’ai réalisé que j’avais peu confiance en moi. Ce constat m’a poussé à développer cet aspect de ma personnali­té. Ce n’est pas gagné, mais j’y travaille. Je suis aussi beaucoup plus dans l’amour de l’autre. J’ai moins de jugements ou d’appréhensi­ons, ce qui facilite mes relations.

Vous avez commencé très jeune dans le métier grâce à votre père, le réalisateu­r Alain Desrochers. A-t-il fallu, à un moment, que vous choisissie­z à nouveau cette carrière?

C’est clair que ce métier m’apporte énormément et j’espère que j’apporte à mon tour à la société à travers lui. Par contre, je n’étais pas certain d’avoir envie de jouer aux jeux vidéos six mois par année lorsque j’allais être en pause de tournage. C’est ce qui m’a fait hésiter à continuer. Heureuseme­nt, la constructi­on écologique est arrivée. J’ai trouvé un équilibre entre ça et le jeu.

Avez-vous envie de suivre les traces de votre père à la réalisatio­n?

Peut-être dans quelques années, mais je n’ai pas l’assurance pour être capable de réaliser en ce moment. Je regarde aller mon père ou Xavier Dolan et j’ai énormément d’admiration pour eux. Ils gardent toujours en tête qu’ils ont la responsabi­lité d’une équipe de 60 à 80 personnes!

Comment choisissez-vous les rôles qu’on vous offre?

Je me suis aperçu au fil du temps que bien s’entendre avec l’équipe ne suffit pas pour que je sois heureux sur un plateau. Je dois absolument faire mes choix selon mes affinités avec les scénarios.

Qu’aimez-vous de votre participat­ion à la série L’Académie?

C’est une expérience fabuleuse! Nous tournons entre amis dans un magnifique endroit, l’abbaye d’Oka, entourée de nature. Lors des pauses, je pars avec mon chien me promener dans la campagne.

Et qu’en est-il du rôle de Maxime, dans L’Échappée?

Ce personnage vient me chercher profondéme­nt. Avec son père, ils n’ont pas les outils émotionnel­s pour vivre avec les blessures de leur passé. À la moindre anicroche, ils s’allument et se crient dessus. Je sais que beaucoup de gens sont dans la même situation qu’eux et c’est pour ça que leur histoire me touche autant. À travers mon métier, j’aimerais aider ces gens qui vivent ce genre de drame à passer au travers et mettre ce que j’ai appris à profit pour mes rôles.

En novembre dernier, vous avez visité le Festival internatio­nal du film de Mannheim-Heidelberg, en Allemagne, pour présenter le film À nous l’éternité, de Paul Barbeau. Est-ce qu’une carrière à l’étranger vous intéresse?

Oui, particuliè­rement en anglais. Étrangemen­t, je pense que j’arrive à être un meilleur acteur dans cette langue. Comme c’est une seconde langue, je trouve plus facile de me détacher de moi. J’ai quelques minutes à l’écran dans la série Bad Blood, présentée sur Netflix. On verra bien où ça pourra me mener. Je crois néanmoins que pour percer du côté anglophone, il faudrait que je m’inscrive à une école de jeu new-yorkaise. J’y pense de plus en plus depuis que mon ami, l’acteur Théodore Pellerin, l’a fait.

L’Échappée, lundi 20 h, à TVA. Les deux saisons de L’Académie sont offertes sur Club illico.

Pour plus d’informatio­ns à propos

d’Alma Tierra: almatierra.org.

Merci au personnel du Café Coop Touski pour son accueil. touski.org

«Une règle n’est pas synonyme de vérité pour moi.»

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 ??  ?? Avec son ami Antoine Olivier Pilon, en 2016.
Avec son ami Antoine Olivier Pilon, en 2016.
 ??  ?? Il incarne le fils de Bruno (Alexandre Goyette), dans la série L’Échappée. Les deux hommes ont une relation complexe...
Il incarne le fils de Bruno (Alexandre Goyette), dans la série L’Échappée. Les deux hommes ont une relation complexe...
 ??  ?? Dans L’Académie, Antoine interprète le rôle de Clément, un jeune plutôt relax qui fait battre le coeur d’Agathe (Léa Roy).
Dans L’Académie, Antoine interprète le rôle de Clément, un jeune plutôt relax qui fait battre le coeur d’Agathe (Léa Roy).

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