7 Jours

Debbie Lynch-White

7 VÉRITÉS SUR...

- PAR SAMUEL PRADIER

Grâce à son charisme indéniable, à sa fragilité empreinte de douceur et à son immense talent, Debbie Lynch-White a été adoptée par les Québécois dès qu’elle a fait son apparition au petit écran. Depuis, l’artiste a démontré qu’elle pouvait autant chanter que jouer, en plus d’avoir la capacité de rendre tous les personnage­s qu’elle interprète attachants. Sans fausse pudeur, elle se livre à nous avec la générosité et l’authentici­té qu’on lui connaît.

1 J’AI TOUJOURS VOULU ÊTRE COMÉDIENNE

À huit ans déjà, je disais à tout le monde que j’allais devenir actrice. Si quelqu’un osait remettre mon projet en question, ça me fâchait beaucoup. Je ressentais déjà l’appel de ce métier qui me fascinait. Je crois que j’ai commencé à développer cette passion parce que j’écoutais beaucoup de films. Ça peut peut-être paraître cliché, mais je montais toujours de petits spectacles à la maison et je me déguisais en portant les robes de ma mère. Pourtant, je ne viens pas d’une famille qui est très portée sur la culture. Mon père jouait beaucoup de musique, mais je n’ai jamais assisté à une pièce de théâtre pour enfants et on n’est jamais allés au musée. C’est au service de garde de mon école primaire que j’ai commencé à faire de l’improvisat­ion, et ç’a été un moment marquant pour moi.

Je me suis rendu compte que j’avais la capacité de raconter des histoires et que j’aimais ça. Je chantais aussi beaucoup.

2 JE SUIS TRÈS STUDIEUSE

J’étais une adolescent­e assez sage et j’ai toujours été une très bonne élève. C’était naturel pour moi. À un moment donné, les profs trouvaient même que j’étais trop gênée, mais ma gêne disparaiss­ait lors des cours de théâtre. Tout à coup, je prenais ma place. Je faisais tout: je jouais dans la pièce, je dessinais le programme et l’affiche, j’aidais les gens à se costumer et à se maquiller, j’assistais le professeur… J’étais partout! Quand est venu le temps de choisir mon programme d’études au cégep, je me suis dit qu’il fallait que je continue dans ce domaine étant donné que le cours de théâtre était mon préféré. Encore aujourd’hui, je suis une fille travaillan­te qui s’applique. Je fais actuelleme­nt une maîtrise et je suis souvent la seule à remettre mes devoirs à temps, alors que tous les autres étudiants sont en retard. Dans mon métier, je suis aussi très bonne élève.

«Je suis enfant unique et je trouve ça plate. J’aurais aimé avoir des frères et soeurs. J’ai beaucoup joué toute seule dans ma chambre.»

3 JE SUIS UNE BONNE VENDEUSE

À 16 ans, j’ai commencé à travailler dans une boutique Reitmans, à la Plaza St-Hubert. J’y ai travaillé un an. J’avais les cheveux roses à l’époque, et je me rendais au travail vêtue d’un t-shirt à l’effigie de Che Guevara et d’un jean. Tous les autres emplois que j’ai obtenus ensuite étaient dans le domaine du service à la clientèle. Même si j’avais un look différent, je vendais beaucoup. D’ailleurs, ma blonde me dit souvent que je suis tellement une bonne vendeuse que ça peut devenir un problème. Si je vais magasiner avec une amie qui se cherche une robe, je vais lui en faire essayer des tonnes, et elle va repartir avec au moins six d’entre elles! J’ai ensuite travaillé sept ans dans une fromagerie du marché Jean Talon. Si un client n’aimait pas le fromage bleu, il aimait ça en ressortant du magasin et il en avait acheté! (rires) J’ai développé un côté très persuasif, mais sans jamais mentir sur la qualité du produit. Et j’aimais beaucoup ça!

4 J’AI VISITÉ L’EUROPE EN SOLITAIRE

J’avais 21 ans lorsque j’ai pris l’avion pour la première fois. Je n’ai jamais vraiment voyagé avec ma famille. Pour mon tout premier voyage seule, à 25 ans, j’avais économisé mon argent pour aller visiter l’Europe. Je suis allée à Paris, à Berlin, à Amsterdam et à Londres. Ce sont des vacances inoubliabl­es, parce que j’ai vécu des choses incroyable­s et que j’ai rencontré des gens intéressan­ts, mais surtout parce que j’ai vraiment dû faire face à tou t ce qu’un tel voyage implique. À cette époque, je gérais très mal la solitude. Durant ma jeunesse, j’en faisais même des crises de panique. Je savais qu’il fallait que je règle ce problème. La première semaine à Paris s’est bien déroulée; je connaissai­s des gens et je parlais la langue. Mais lors de ma première soirée à Berlin, j’ai fait ma plus grosse crise de panique à vie dans un parc. Je pensais y mourir. Je me suis finalement raisonnée, et je n’ai jamais refait de crise depuis. Ce voyage m’a vraiment fait du bien. Ç’a été une école merveilleu­se, et je pense que tout le monde devrait voyager seul au moins une fois dans sa vie.

«Durant ma jeunesse, je gérais très mal la solitude. J’en faisais même des crises de panique.»

5 MA BLONDE EST MA FORCE TRANQUILLE

Je pense que notre amour est plus grand que bien des affaires. Marina est solide, elle est mon roc; c’est elle qui m’aide à prendre mes décisions. Malgré son jeune âge, elle a une grande sagesse et un calme incroyable. Au premier abord, quand on ne la connaît pas, elle semble être une fille sérieuse, à la limite froide. Mais dès qu’elle t’ouvre la porte, tu réalises qu’elle est un être humain chaleureux, drôle et brillant. Elle me fait extrêmemen­t rire. Elle a aussi un instinct de fou; elle ne s’est jamais trompée, que ce soit face à une personne ou à une situation. Je lui fais énormément confiance. En contrepart­ie, je pense que je lui apporte beaucoup de légèreté et de patience. Depuis le début de notre relation, je lui dis que je travaille sur son sens du ridicule. Et le fait qu’on soit mariées amène aussi une implicatio­n supplément­aire. C’est un engagement qu’on prend toutes les deux très au sérieux. Donc, quand on traverse une tempête, on règle les choses tout de suite. On crève l’abcès immédiatem­ent et on ne rumine jamais durant des mois. La communicat­ion est bonne entre nous.

6 J’AURAIS AIMÉ AVOIR DES FRÈRES ET SOEURS

Je suis enfant unique et je trouve ça plate. J’ai énormément de cousins dont je suis proche, mais j’aurais aimé avoir des frères et soeurs. J’ai beaucoup joué toute seule dans ma chambre. Du côté de mon père, il ne reste que mon grand-père et moi. Du côté de ma mère, le reste de la famille est au Nouveau-Brunswick. Ma blonde n’a pas de frères et soeurs elle non plus. Nos partys de Noël se font avec nos amis. J’aurais aussi aimé avoir des neveux et des nièces. Je rêve d’être marraine une fois dans ma vie; j’espère qu’une amie pensera un jour à moi. En même temps, je sais que ce ne sont pas tous les frères et soeurs qui s’entendent bien. Mais quand mon père est décédé, j’ai vidé son logement toute seule. Je me souviens de m’être dit que j’aurais aimé avoir un frère ou une soeur pour qu’on puisse brailler ensemble en vidant ses placards.

7 MON PÈRE ME SURVEILLE TOUJOURS

J’ai été élevée dans une ambiance très catholique. On allait à l’église le dimanche, je chantais dans la chorale et j’allais à la pastorale. Mais, à un moment donné, j’ai suivi des cours de philo et j’ai compris qu’il y avait d’autres façons de voir le monde. Ça m’interpella­it beaucoup. Aujourd’hui, ma seule spirituali­té est mon père décédé. On attribue toujours une forme de réconfort à ce genre de croyance, et c’est très personnel. Pour plusieurs choses qui me sont arrivées dans la vie, je considère que c’est mon père qui m’a envoyé un signe. Ça concerne aussi toutes sortes de coïncidenc­es qui sont arrivées à des moments importants de ma vie. Par exemple, quand j’ai gagné mon premier prix Iris, en juin 2019 — celui de la meilleure actrice —, ma blonde et moi sommes entrées dans la voiture après le gala et, en ouvrant la radio, la chanson Stairway to Heaven jouait. Le titre de cette chanson est tatoué sur mon corps, parce que c’était notre chanson, à mon père et moi. J’ai vraiment eu l’impression que mon père était avec moi et qu’il était fier.

Une autre histoire sera de retour à l’automne, à Radio-Canada. Debbie et sa femme, Marina, sont les présidente­s d’honneur de Fierté Montréal 2020. fiertemtl.com

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 ??  ?? Comme toutes les adolescent­es, Debbie tripait sur les Backstreet Boys et les Hanson.
Comme toutes les adolescent­es, Debbie tripait sur les Backstreet Boys et les Hanson.
 ??  ?? C’est au service de garde de son école primaire que Debbie a découvert l’improvisat­ion.
C’est au service de garde de son école primaire que Debbie a découvert l’improvisat­ion.
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 ??  ?? Elle a affronté sa peur de la solitude en allant toute seule en voyage en Europe.
Elle a affronté sa peur de la solitude en allant toute seule en voyage en Europe.
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 ??  ?? Debbie Lynch-White et Marina Gallant se sont unies pour la vie le 16 juillet 2017.
Debbie Lynch-White et Marina Gallant se sont unies pour la vie le 16 juillet 2017.
 ??  ?? Un Noël en famille pour la jeune Debbie.
Un Noël en famille pour la jeune Debbie.

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