Saskia, je suis tellement contente d’être ici! Ça me fait du bien de sortir de chez moi.» On s’installe pour jaser dans le jardin. Un coup de désinfectant et hop, c’est parti! Je remarque d’ailleurs qu’elle garde son masque et sa bouteille de désinfectant tout près. «Moi, ça me fait peur. J’ai peur de l’avoir et d’en mourir. Il y a des gens qui en meurent, alors je peux très bien en mourir moi aussi. Et je crois que ça, il y a des gens qui ne le comprennent pas encore. Moi, je prends ça très au sérieux.» Elle ne part jamais sans son kit anti-covid. Dans les premiers temps, elle apportait même son nettoyant et ses essuie-tout pour tout laver sur son passage. «Tu aurais dû me voir arriver à l’épicerie! C’est comme si je sentais qu’il arriverait quelque chose de plus grand que nous… Et je ne me suis pas trompée. Je me parle beaucoup pour ne pas perdre espoir, mais il reste que l’insouciance, c’est fini!» La comédienne n’oubliera jamais la date à laquelle le Québec «a fermé»: c’était le jour de son anniversaire de naissance. Le 14 mars 2020 sera longtemps gravé dans sa mémoire. «C’est sûr que je m’en souviendrai toute ma vie. Je pense que le monde ne sera plus jamais le même. Avec tout ça, je me disais que les gens seraient plus zens, plus terre à terre, plus humains… Ça me rend encore plus nostalgique. Cette insouciance dont je te parlais va beaucoup me manquer.» Sonia me regarde avec un air tristounet, mais elle retrouve rapidement son sourire. «Tu sais, ça fait maintenant partie de nos vies. Malgré tout, je suis positive. Toute la famille va bien, les tournages reprennent... Je suis vraiment choyée!»
SON AMOUR POUR LA SCÈNE
Depuis sa sortie du Conservatoire de Montréal, il y a 30 ans, Sonia a joué de nombreux rôles marquants, dont celui de la colorée Manda dans Cher Olivier, qui allait la dévoiler au grand public. «C’est là que ma carrière a décollé. Interpréter Manda a été une carte de visite extraordinaire! Après, on m’a contactée pour Km/h, et ensuite pour Laura Cadieux. J’ai eu la chance de décrocher des contrats qui ont duré longtemps. Km/h a duré huit ans; Virginie, six ans. Les Laura Cadieux se sont étalés sur une période de 10 ans. J’ai eu cette chance-là, j’ai été vraiment choyée. Mais dans notre métier, rien n’est gagné; il y a des actrices et des acteurs extraordinaires au Québec. Récemment, pour moi, ç’a été plus difficile. On s’est même demandé si on allait vendre la maison.» Elle fait une pause. «J’avais des sous de côté, mais j’ai été presque deux ans sans travailler, alors les économies ont fondu. Disons les vraies affaires: avoir quelques jours de tournage par année,
d’attache, ses racines, son trésor. Elle est toujours là pour les enfants et son homme, Jean-Claude, avec qui elle partage sa vie depuis 25 ans. Sa fille, Joséphine, aura 17 ans en octobre, et son fils, Gédéon, a 20 ans. Il a d’ailleurs commencé l’université en septembre. Sonia a la gorge nouée… «On est une famille tissée serré. Gédéon n’est jamais parti de la maison. Depuis que les enfants sont petits, Jean-Claude leur a appris l’autonomie, et il me l’a apprise aussi. Mes enfants sont donc très autonomes et participent beaucoup à la vie de famille. Chez nous, on mise sur la liberté de parler et de s’exprimer. Il n’y a pas de gêne; mes enfants savent qu’ils ne seront pas jugés. Je les écoute et je valide leurs émotions sans jamais les juger. Mais le départ de Gédéon, ça va créer un grand vide! Heureusement, il a choisi l’Université de Sherbrooke. Je suis vraiment contente, parce qu’il connaît bien le coin. Je suis une fille de Magog, et on adore cet endroit. J’aimerais d’ailleurs y vivre un jour… mais pas avant que Joséphine ne termine son secondaire, car je ne veux pas la déraciner.»
ATTACHÉE À SES RACINES
Sonia caresse même le rêve de racheter la maison où elle a grandi. Sa maman, Claudette, qui a 81 ans et qui est en pleine forme, habite toujours dans cette maison, mais elle songe à aller vivre en résidence éventuellement. «Je suis très attachée à mes racines et à cette demeure. Je ne sais pas si je pourrai l’acheter, mais je fais confiance à la vie. Je parle à mon père, qui nous
a quittés en 2017, et je lui dis: “Si tu veux que je garde la maison, aide-moi avec les sous; sinon, aide-moi à lâcher prise!”» Au cours de notre échange, Sonia me confie qu’entre la famille et le travail, elle apprécie la solitude. Chez elle, il y a une pièce trois saisons faite de moustiquaires dans laquelle elle aime se réfugier. Elle l’appelle son chalet. «Avec tout ce qui s’est passé ces derniers mois, je me suis souvent retrouvée seule; j’avais beaucoup de moments à moi. J’aime être tranquille à la maison. C’est sûr que, parfois, ça brasse des affaires, mais c’est correct. Je suis bien toute seule. J’ai aussi décidé de me concentrer sur les belles affaires. Je ne regarde pas trop les nouvelles, mais seulement les grands titres, et je me tiens loin des réseaux sociaux…»
LE REGARD DES AUTRES
Il y a quelques années, alors qu’elle coanimait Deux filles le matin, elle a pris la décision de quitter les réseaux sociaux. Les commentaires négatifs la blessaient trop et la tourmentaient pendant des jours. «Je ne comprends pas comment les gens peuvent être méchants. C’est pour ça que je me tiens loin des réseaux sociaux, même si je sais qu’il y a de très gentils commentaires et que la majorité sont positifs. J’ai longtemps eu une armure contre les jokes plates sur les personnes rondes. Mais elle a été très usée, et maintenant je n’en ai plus. Aujourd’hui, on doit faire attention aux blagues par rapport aux différentes ethnies, aux nonvoyants, aux handicapés, etc. On doit faire attention à tout, mais on ne fait jamais attention aux gros. On dirait qu’on s’en fout, des gros. Je sais qu’il y a des personnes rondes qui ne se laissent pas toucher par ça, et je les trouve chanceuses. Moi, ça me fait mal.» J’ai envie de la prendre dans mes bras. C’est un sujet qui me touche moi aussi. Je me positionne souvent sur la diversité corporelle et l’unicité de chacun d’entre nous, parce que nous sommes tous faits pour être différents. Peu importe notre taille, notre poids, notre couleur... Elle acquiesce et poursuit: «C’est sûr que des fois j’aimerais ça être mince: j’aurais des looks d’enfer! (rires) Mais je suis comme je suis. Ce n’est pas parce qu’on a un surpoids qu’on n’est pas en santé et qu’on mange mal. Je m’alimente bien. Tout ça pour dire qu’on ne devrait pas
se permettre de rire du poids des autres ou de commenter leur apparence corporelle. Les gens n’ont pas idée à quel point ça peut faire mal. C’est donc pour ça que je me tiens loin des réseaux sociaux…» (J’aPi eonviue dre racsséurelréSobniar:eaprrès
avoir posté une photo de nous sur mes réseaux, je n’ai reçu que de beaux commentaires à ton égard… Les gens t’adorent!)
ELLE ASPIRE À LA DOUCEUR
Elle se confie ensuite sur le temps qui passe, car elle trouve la cinquantaine dérangeante. Ce n’est pas le fait de vieillier qnui lsa beoumlevebrsel,emasis
plutôt le constat des années. Pour plusieurs, cette étape de vie vient avec une certaine légèreté. Mais pour Sonia, c’est différent. «On dirait que les femmes, à partir de 50 ans, sont plus dégagées, qu’elles ont moins de poids sur les épaules, mais
liedcomntramire..Jc’aoi l’immpression que les années combinées aux expériences m’ont aigrie. Je voudrais me débarrasser de toutes ces affaires-là, qui ne m’appartiennent pas. Je suis tellement sensible, j’absorbe tout. En même temps,csoi jedne’aIvDaiEs pEluSs2c5e.côté-là de moi, je ne serais plus moi. Je suis donc
dREaQnUsISu. nRéesipdeénrtsioddueQduéebemc asevulieemoenùt. j’ai ednev2i0e0d0 e$ dchoaucucnesuerro, ileestdaétuatilsouetr de moi. Je dis souvent à mes enfants que tout se peut dans la vie, et qu’il faut essayer de comprendre pourquoi les choses se passent d’une certaine façon, toujours sans jugement, juste dans la bienveillance. Pour ça, ça prend du doux envers soi et autour de soi.» Ces derniers mois, Sonia s’est découvert une passion pour le tricot. Elle adore ça! Elle crée des torchons qu’elle a baptisés Torchons Vachon. «Ils disent souvent qu’on doit se trouver une activité. Eh bien, mes torchons, c’est ça. Je tricote! C’est dans la simplicité et j’aime ça! Te dire la satisfaction que je ressens quand j’ai fini un torchon! C’est niaiseux, mais je suis vraiment contente et fière. C’est souvent dans les petites choses qu’on s’accomplit. J’en fais deux par jour. Je ne suis pas bonne en business, mais qui sait… J’en ai vendu 25 jusqu’à maintenant! (rires) Le plus important, c’est que non seulement ça me fait du bien, mais en plus je suis fière de moi!» Tu as bien raison d’être fière de toi, Sonia! Merci de ta belle visite et, surtout, continue de garder espoir et de rayonner! Xxxxx
5e rang, mardi 21 h, à Radio-Canada.
Les pays d’en haut, cet hiver, à Radio-Canada