«Parfois, on m’a dit des choses méchantes, juste pour voir comment j’allais réagir. Ceux qui me connaissent ont vu mon coeur se briser en mille morceaux…»
Lara, pour les fins du documentaire, es-tu parvenue à t’abandonner avec confiance?
Oui, car j’ai eu la chance d’être bien entourée. Jean-Philippe (Dion) et l’équipe qui m’ont suivie ont été exceptionnels. Ils voulaient m’accompagner tout au long de cette tournée à travers le monde — dont j’étais la productrice —, qui était en même temps un événement pour célébrer mes 50 ans. Dans le documentaire, on réalise tout ce que cela représente de porter autant de casquettes. C’est l’être humain qu’on voit à travers la maman, l’épouse, la fille, la chanteuse et la productrice.
Comment as-tu réagi en visionnant le résultat?
Il y a toujours une partie de moi qui se regarde avec une certaine retenue, mais j’ai été bouleversée par la réaction de ma famille. Pour ma fille, je suis sa mère: elle ne me regarde pas à travers le prisme de l’artiste.
Lou a vu le documentaire avec mon mari et n’a pas quitté son siège une seconde. À la fin du visionnement, elle m’a dit quelque chose que je n’oublierai jamais: «Je n’imaginais pas que tu étais passée à travers tout cela et je comprends mieux qui tu es.» C’est comme si elle avait pris en plein visage ma dimension professionnelle et ce qu’est ma vie lorsqu’elle n’est pas là. À l’heure du coucher, nous comptons généralement nos bonheurs du jour et nous partageons les choses moins agréables. Ce soir-là, elle m’a simplement dit que son plus grand bonheur, c’était de m’avoir à ses côtés…
À travers ces images, on constate à quel point cette carrière implique un sacrifice familial important.
Tout à fait. Mais même si je suis submergée par des problèmes, dès que je monte sur scène, la magie opère. Les fans sont si merveilleux!
Tu confies que chanter était ton rêve d’enfant et que c’était même une obsession. Pourquoi?
Parce que rien d’autre ne m’intéressait. Obsession veut dire «voir dans une seule direction». Je ne regardais que le chant.
On constate à quel point il y a eu du travail pour y arriver…
J’ai souvent eu le sentiment qu’il y avait un grand décalage entre ce que les gens percevaient de moi et ce que je suis réellement. C’est peut-être moins vrai au Québec qu’ailleurs. J’ai souvent vécu ce détournement de qui je suis. J’ai peut-être envoyé les mauvais signaux, mais il y a eu aussi de la malveillance. C’est quelque chose qu’on voit dans le documentaire. Parfois, on m’a dit des choses méchantes, juste pour voir comment j’allais réagir. Ceux qui me connaissent ont vu mon coeur se briser en mille morceaux… Je me ramassais et je recollais les morceaux en me disant qu’il ne fallait pas que je perde de vue pourquoi je faisais ce métier, ce que j’incarnais dans mon coeur, ce que je voulais, ce que j’étais.
Ce harcèlement a duré 10 ans. Est-ce que tu crois qu’on pourrait encore agir ainsi aujourd’hui?
(NDLR: Lara s’est confiée dans le documentaire sur l’acharnement dont elle a été victime alors que, pendant 10 ans, elle a été la risée de certains médias et humoristes français.) Non, on ne le pourrait plus. Nous avons tous notre lot de douleurs — et pour certains, elles peuvent être beaucoup profondes que celles que j’ai traversées. Mais dans mon cas, ça m’a construite et nourrie. Étrangement, ça m’a reconstituée. Aujourd’hui, je sais qui je suis.
Lorsque tu évoques ton passage chez Sony, tu nous parles d’une relation amoureuse qui a été un mauvais choix. Avec le recul, comment l’expliques-tu?
L’enjeu. Il fallait que j’affiche des couleurs un peu moins présentes en moi, mais je me disais que j’allais avoir la chance de le faire plus tard. Mauvais choix. Il y a des compromis que je n’ai jamais été capable de faire, et j’en ai payé le prix.
Est-ce de la dépendance amoureuse?
J’ai toujours rêvé d’être une grande amoureuse accomplie. J’ai cherché cela à travers plusieurs facettes de ma vie. J’ai parfois fait de mauvais ancrages.
Avec ton mari, tu formes aujourd’hui une équipe solide. Ça t’a réconciliée avec l’amour?
C’est vrai que ça repose sur le pouvoir de cette équipe que nous formons avec ma fille et Kayla, notre petit animal. Nous avons les pieds bien ancrés sur terre. Ce grand amour m’a sauvée. Cet amour de ma fille et de mon mari m’a fait traverser les choses plus difficiles. Je n’ai jamais perdu de vue la chance immense que j’ai d’être aimée de ces êtres-là.
Ton mari semble porter son regard très loin à l’horizon quand il évoque votre couple...
Quelle fille sur cette terre a la certitude absolue qu’elle sera toujours aimée pour ce qu’elle est et à travers les métamorphoses qu’une vie peut offrir? Gabriel est sûr de lui. Ça, ça répare tous les petits trous de l’âme et du coeur que la vie avait perforés…
Il te rappelle ta mère à certains égards.
Ils sont tous deux Siciliens. Mais au-delà de l’aspect culturel, ses valeurs, sa loyauté, sa droiture, son sens de la justesse et son honnêteté me rappellent ma mère. C’est un homme de parole: il a toujours fait ce qu’il a dit qu’il allait faire. Et il me fait rire. C’est mon meilleur ami. C’est l’amour de ma
Jean-Philippe Dion a eu le privilège de recueillir les confidences de Lara et, de toute évidence, la confiance était au rendez-vous. «Ma relation avec Lara s’est construite au fil du temps, nous dit l’animateur, récemment gratifié d’un
Gémeaux. Ce qui a été le plus marquant pour moi, ç’a été de voir sa sincérité. On la voit en famille, on la voit sans maquillage. Elle se livre sans filtre, à tel point que ça peut être déstabilisant. Parfois, je n’étais plus en mode entrevue: je devenais un spectateur impressionné par ce que j’entendais! Comme j’avais à coeur qu’elle soit satisfaite du résultat final, je lui ai envoyé le documentaire, et elle n’y a rien changé. Ça, ç’a été ma plus grande fierté! J’avais peur qu’elle regrette certaines confidences, mais ça n’a pas été le cas. Il faut dire que nous avons eu accès à plusieurs moments de vérité très durs, mais Lara a accepté de se présenter telle quelle. J’ai trouvé particulièrement intéressant le passage sur les États-Unis. Sa carrière était vraiment big! Mais Lara était tombée amoureuse du mauvais garçon. On voit l’envers du décor. On comprend finalement que, plus tu es haut, plus tu es seul… Le documentaire nous la montre sous un autre jour. On constate qu’elle a surmonté bien des obstacles… D’ailleurs, ce documentaire va influencer son rôle de directrice à Star Académie; elle pourra partager avec les autres les embûches qu’elle a surmontées durant sa carrière.» Le documentaire est maintenant offert en exclusivité sur Club illico.
LARA
vie. Il me connaît parfaitement… et il m’aime quand même! (rires)
Vous auriez été jugés sur votre différence d’âge, alors que c’est un détail tellement insignifiant…
La Voix,
Après son expérience du fauteuil rouge en tant que coach à Lara Fabian occupera le siège de directrice de cet hiver. Un poste qui rend celle-ci très fière puisqu’elle rêvait déjà d’ouvrir une école et de donner des cours dans un futur prochain.
Lara, qu’est-ce qui t’a amenée à accepter le poste de directrice de l’Académie?
Avant tout, je pense que c’est la dimension humaine de l’aventure dans laquelle je vais pouvoir m’impliquer qui a motivé mon choix. Je dois avouer qu’au début, le mot directrice était un terme avec lequel j’avais un peu de misère. Je trouvais qu’il y avait quelque chose d’autoritaire et c’était loin de moi. Mais après en avoir parlé à Jean-Philippe Dion, j’ai vu les choses autrement. Je suis la leader d’une équipe. Et ce qui me motive par-dessus tout, c’est d’aider de jeunes talents, de pouvoir me connecter à l’humain et d’accompagner celui-ci dans ce voyage grâce à mes 30 ans d’expérience.
Quel genre de directrice seras-tu?
Je vais avant tout être une oreille, un coeur connecté à la personne que j’ai en face de moi. Je vais être celle qui n’aura aucun problème avec tout ce qu’on aura envie de lui confier et je vais m’assurer que l’alignement entre l’humain et l’artiste se fait. Je vais être empathique, un peu maman, un peu grande soeur. Je vais être très à l’écoute.
Tu rêvais d’ouvrir éventuellement une école de chant... Avec Star Académie, tu te rapproches un peu de ton rêve...
C’est drôle, je pense que, quelque part, j’ai «automanifesté» ce que je voulais. Être directrice de Star Académie, c’est un pas, en effet, en ce sens.
L’hiver dernier, tu as été coach à The Voice en France. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience et as-tu volontairement refusé de
Star Académie
faire une autre saison pour être à Star Académie?
J’en garde un merveilleux souvenir, et la coach en moi est toujours là. Mais avec tout ce qui se passe et les frontières qui se ferment, j’ai préféré rester ici, chez nous, au Québec. Et je savais que j’aurais de beaux projets si je restais ici.
Est-ce que tu vas également donner des cours à Star Académie?
Mon premier objectif sera de créer des liens avec les académiciens en tant que directrice. Mais c’est certain que j’aimerais bien participer aux cours de nos fabuleux professeurs. Le côté créatif m’intéresse et m’interpelle beaucoup.
As-tu d’autres projets à venir?
Oui, j’ai un projet expérimental qui va sortir bientôt. Il s’agira des sessions Lockdown que j’ai faites durant le confinement. C’est très particulier comme projet. Ce seront 12 voyages expérimentaux où j’ai utilisé ma voix et où je lis des mantras. Je me suis servi de ma voix et de ma créativité avec une liberté absolue. Sinon, ma tournée 50 World Tour reprendra avec plaisir l’an prochain. J’ai très hâte de retrouver mon public!
Cette année, 325 000 $ en bourses seront remis aux Académiciens: 125 000 $ pour le grand gagnant, 50 000 $ au deuxième finaliste et 10 000 $ en contribution de soutien à l’artiste pour chacun des 15 candidats qui entreront à l’Académie.
sera présentée cet hiver