7 Jours

Pascale Wilhelmy

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PAR

Marilyse, toi qui as fait tes débuts dans Watatatow et Une grenade avec ça?, tu effectues, avec Les mutants, un retour à tes premières amours: les séries jeunesse.

J’en suis vraiment très heureuse, car j’aime travailler avec les jeunes. Ils sont talentueux et beaux à voir aller. En plus, les textes de la série sont si bien écrits! C’est du grand bonheur, ce plateau. Chaque fois que je reviens d’une journée de tournage, je raconte à mon chum combien je trouve ça agréable et à quel point je suis bien dans ce projet. Je suis vraiment fière d’y participer! Je le disais justement à la productric­e récemment. Dans cette série, nous, les adultes, servons l’histoire des enfants. Reste que j’ai quand même un personnage à défendre: une femme anxieuse, un peu stuck-up, mais tellement fine! Trop fine, même... D’ailleurs, pour la première fois, j’ai changé de pôle. Avant, dans les séries jeunesse, je jouais les jeunes. Dans Une grenade avec ça?, on interpréta­it encore des jeunes qui travaillai­ent dans un fastfood, même si on était vieux pour faire ça! (rires) Là, je joue l’adulte. Sur le plateau, je regarde les jeunes qui commencent dans le milieu. Il y en a qui ont un peu d’expérience et d’autres qui débutent vraiment. C’est leur premier contrat et ils sont bons, les petits maudits! (rires) Ça me touche beaucoup.

C’est agréable de voir aller les jeunes…

Tellement! Et ça ajoute beaucoup à mon plaisir d’être la «vieille» du plateau! On se lance la balle et, même si on tourne avec les règles strictes imposées par la covid, tout se passe bien. Les jeunes font preuve d’une grande rigueur, et ils sont tous performant­s: ils sont de bons acteurs, ils font du sport, ils réussissen­t à l’école... Ce sont des jeunes qui ont des choses à dire. Ils sont intéressan­ts.

On sent que tu les aimes. Comment te comportes-tu auprès d’eux sur le plateau?

Je ne veux pas être maternelle ni protectric­e, même si des fois je ne peux m’empêcher de dire: «OK, là, t’as assez mangé de muffins au chocolat. C’est ton deuxième; tu devrais ralentir…» (rires) Je me permets ce genre de commentair­e à l’occasion, mais je le fais de façon très amicale. Je ne suis pas «couveuse» avec eux, pas du tout. Ils ont quand même de 13 à 16 ans, et je n’ai pas envie d’être la fille plate! Je me suis quand même permis de donner des commentair­es positifs sur leur jeu, et j’ai aussi conseillé à quelques-uns d’entre eux de faire attention à certains dangers...

Lesquels?

Entre autres, celui d’avoir du talent à un jeune âge. J’ai commencé comme eux: j’avais 16 ans et j’étais entourée de comédiens qui avaient mon âge. J’ai vu tous les chemins qu’il est possible de prendre. Et là, je vois la même chose avec eux. Ils ont la chance d’avoir de bonnes assises et une bonne confiance en eux, chose que j’avais moins. Récemment, j’ai dit à l’un d’entre eux: «Tu es vraiment très bon, et je te félicite. Mais sois vigilant, parce que tu vas te le faire dire souvent, avec raison, et le risque, c’est que tu t’assoies là-dessus et que tu fasses moins d’efforts.» Parce qu’il est là, le danger. Il faut toujours rester vigilant, conscient. Les compliment­s, il faut prendre ça comme une invitation à ne pas lâcher, et non comme une confirmati­on qu’on est arrivé quelque part. Avec cette attitude-là, on continue à grimper, à avancer.

Dans Les mutants, tu joues également avec Rémy Girard.

Lorsqu’on m’a offert le rôle et qu’on m’a dit que Rémy Girard jouerait aussi dans l’émission, j’ai pensé: «Wow! J’incarne quand même la fille de Rémy Girard!» J’étais contente. Ensuite, j’ai lu les textes, et j’ai adoré. Lors de ma première rencontre avec Rémy, on s’est salués, et il s’est tout de suite retourné vers l’auteure, Annie Langlois, pour lui dire que les textes étaient excellents. Tous les deux, nous avions vu la même chose. J’ai réalisé que nous allions avoir beaucoup de plaisir à nous retrouver sur le même chemin. Et, lorsque Rémy se met à jouer, il y a quelque chose de rare qui se passe. J’avais aussi remarqué ça avec Guy Nadon dans O’. Quand ils se mettent dans la peau de leur personnage, ces grands acteurs sont habités par leur rôle. Ça devient donc très facile pour les autres autour, parce qu’ils nous entraînent avec eux dans la scène. On n’a qu’à se laisser aller. Je me sens choyée d’avoir croisé de grands acteurs comme ça, et j’espère que j’en croiserai d’autres. C’est vraiment agréable; c’est un cadeau.

Es-tu en tournage actuelleme­nt?

Oui. Lorsque la pandémie est arrivée, il nous restait quelques épisodes de la première saison à tourner. On a terminé ça il y a quelques semaines, et là, on est en plein tournage de la deuxième saison.

Après ces quelques mois d’arrêt obligatoir­e, j’imagine que c’était rassurant de retourner sur les plateaux…

Bien sûr! C’était bon de retrouver l’équipe et de recommence­r à tourner. Cela dit, je n’ai pas trouvé le confinemen­t et l’arrêt de travail aussi difficiles ou insécurisa­nts que d’autres, parce qu’il y a toujours des périodes où on ne travaille pas, quand on est acteur. Rester à la maison un ou deux mois entre deux projets, c’est quelque chose que je connais. Il y a tout de même un moment où je me suis demandé si on allait tous recommence­r à travailler que dans deux ans... Je ne voyais pas la possibilit­é de recommence­r à tourner avec les assureurs qui ne voulaient pas assurer la covid. Pour moi, c’était une impasse. Il y a donc eu de bonnes périodes, mais aussi des périodes un petit peu plus inquiétant­es. J’essayais de me parler pour arriver à bien dormir la nuit. Heureuseme­nt, ça s’est réglé. Ce qui était différent pour moi cette fois, c’est que les enfants étaient à la maison eux aussi. Mais je me suis ajustée, comme tout le monde.

Dans quel sens?

J’ai fait l’école à la maison. Je me suis vraiment donnée! (rires) Ma fille était en première année et mon fils, en sixième. Ce sont des années importante­s. Je n’avais pas envie que mes enfants prennent du retard, donc je ne me contentais pas de ce que l’école nous donnait: j’allais un peu plus loin. J’ai mis un nouveau chapeau: celui de professeur­e. J’ai ça en moi, car je fais preuve d’une certaine rigueur.

Qu’est-ce que la pandémie t’a appris à propos de toi?

Je suis un peu anxieuse de nature. L’anxiété, c’est comme être incapable

de gérer le vide, le changement, et de toujours penser à ce qui pourrait arriver. Pour les personnes très anxieuses, le vide causé par la covid a dû être extrêmemen­t difficile à gérer. En ce qui me concerne, même s’il y a eu des périodes d’inquiétude, ce n’était pas si pire que ça. J’ai réalisé que je pouvais gérer ça. J’ai appris à vivre avec la situation. C’est toute l’humanité qui vit le même problème, à des échelles différente­s, et on n’y peut rien. C’est quelque chose de plus grand que nous. Nous avons tous changé nos façons de faire, notre façon d’entrer en contact avec les autres. Nous nous sommes tous adaptés. Moi qui aime contrôler mon environnem­ent et mon horaire, j’ai lâché prise, en me disant qu’il fallait s’adapter, simplement.

Et tes enfants, eux, se sont-ils bien adaptés?

Ça semble si facile pour eux!

Je suis fascinée par la capacité d’adaptation des enfants. Ils étaient heureux de retourner à l’école et de retrouver leurs amis. Même les apprentiss­ages sont quelque chose de plaisant pour eux en ce moment. Ils nous en apprennent, finalement!

En terminant, qu’est-ce qui t’attend pour la suite?

J’ai de beaux projets qui ont été reportés en raison de la pandémie et dont je ne peux pas encore parler. Puis, au début de 2021, je devrais reprendre la pièce de théâtre Les voisins, avec des gens que j’aime. C’est bon de jouer des personnage­s plus grands que nature devant des salles pleines et d’entendre le rire du public. Ça me manque. Mais je ne sais pas trop où on en sera en janvier et février. On verra comment ça se passe à ce moment-là. Pour l’instant, c’est inscrit à mon agenda. Pour le reste, je lâche prise…

Les mutants,

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