7 Jours

Michel Olivier Girard

- PAR DANIEL DAIGNAULT • PHOTOS: BRUNO PETROZZA MAQUILLAGE-COIFFURE: VALÉRIE QUEVILLON

Michel Olivier Girard est bien connu pour ses publicités pour une chaîne de restaurati­on rapide. Cela lui a d’ailleurs valu de faire l’objet d’un gag plutôt mal reçu par le public lors du Bye Bye de 2019. Depuis, le comédien a décroché un rôle de policier dans Une autre histoire, et l’avenir s’annonce bien avec de beaux projets en vue.

Michel Olivier, avec le recul, dirais-tu que ce gag au Bye Bye a entraîné une vague de sympathie à ton endroit?

Oui, absolument. Le gag allait loin, mais il faut le prendre pour ce que c’est: le Bye Bye sert à écorcher les gens pour faire rire. Sur le coup, je n’étais pas fâché; ce sont mes enfants et ma blonde qui ont trouvé ça intense. J’ai reçu plusieurs messages, et, finalement, j’ai réalisé que les gens étaient beaucoup plus fâchés que moi. Il a fallu que je tempère les choses, que je fasse comprendre aux gens qu’il n’y avait pas de problème, que c’était un gag. En fait, c’était un honneur pour moi de passer dans le Bye Bye. Alors, pour répondre à ta question, j’ai bien vécu ça, et les gens ont été très gentils avec moi.

Y a-t-il longtemps que tu fais les publicités de A&W?

J’ai commencé tout récemment ma 14e année à titre de porte-parole. Il y a d’ailleurs beaucoup de choses qui s’en viennent au cours des prochains mois de ce côté-là.

As-tu pensé, à la suite du Bye Bye 2019, que des producteur­s et des réalisateu­rs allaient avoir l’idée de faire appel à toi?

Il y a beaucoup de gens qui m’ont dit qu’ils espéraient me voir dans autre chose, parce que l’essence du gag, c’était que je ne faisais que des publicités. Donc, il y a eu cette première vague, puis juste avant la pandémie, j’ai commencé à passer des auditions pour des premiers rôles, ce qui ne m’était jamais arrivé.

Pourtant, tu as un bon bagage à titre de comédien, non?

Oui. Je suis sorti du Conservato­ire il y a 20 ans et j’ai une carrière. J’ai fait beaucoup de théâtre à l’étranger, notamment. J’ai joué en France, en Allemagne, en Iran, en Belgique... Puis, en 2018, j’ai eu l’occasion de participer au spectacle musical Les choristes, mis en scène

«J’ai commencé à passer des auditions pour des premiers rôles, ce qui ne m’était jamais arrivé.»

par Serge Denoncourt. Donc, mon métier, je le pratique depuis longtemps. À la télé, j’ai tenu des rôles épisodique­s qui me demandaien­t une ou deux journées de tournage.

Ce n’étaient pas des rôles récurrents?

Non, et ce qui arrive souvent dans ces situations, c’est qu’on est nerveux en arrivant sur le plateau de tournage parce qu’on ne veut rien rater. On veut tout donner pour que l’équipe nous trouve bon et nous réengage. C’est le problème dans ce métier: il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Il y a plusieurs acteurs de talent qui ne peuvent pas montrer ce dont ils sont capables parce qu’ils ne tiennent que des rôles épisodique­s. Le fait d’avoir un premier rôle récurrent apporte de la confiance et ça détend.

Ç’a donc été un soulagemen­t pour toi d’obtenir ce rôle dans Une autre histoire...

Oui. Je joue le sergent-détective Stéphane Duval, qui n’est pas là uniquement pour enquêter sur la disparitio­n d’Anémone. C’est un détective confiant et plus sérieux; c’est complèteme­nt différent de ce qu’on peut me voir faire dans les publicités. Ça me fait beaucoup de bien qu’on me confie ce genre de personnage. C’est très le fun, parce que c’est autre chose. Les gens n’arrêtent pas de me dire qu’ils aiment la série; c’est un grand bonheur. J’ai commencé à tourner en août dernier, et les nouveaux tournages reprendron­t en avril. Je suis content de faire mon métier!

Tu as parlé de nervosité tantôt. Étais-tu nerveux quand tu as tourné tes premières scènes?

Oui, j’étais dans le même état d’esprit que lorsque j’allais tourner une fois sur une série.

J’avais la pression d’être bon. Mais je dois dire que l’équipe, tant devant que derrière la caméra, est extraordin­aire! Ça s’est bien passé, on m’a très bien accueilli. Au départ, on m’a dit que c’était un deuxième rôle, mais les choses ont évolué depuis, pour mon plus grand bonheur! Cela dit, j’essaie de ne pas me définir par mon métier et de bâtir mon estime de soi autrement. Ma blonde aussi est comédienne (Anie Pascale, qu’on a vue dans L’auberge du chien noir, Fatale-Station et L’effet secondaire). Nous avons trois enfants, ça va super bien. Elle écrit beaucoup, et j’ai aussi mes propres projets en parallèle.

Par exemple?

J’ai une entreprise qui a pour nom Voilà Casting. C’est une compagnie de voix hors champ. Les artistes s’inscrivent pour mettre leur démo sur le site, et les agents publicitai­res vont là-dessus pour trouver des voix. Récemment, j’ai aussi réalisé le balado Hors champ sur OHdio, de Radio-Canada. Ce sont des nouvelles littéraire­s, cinq épisodes dont je suis extrêmemen­t fier. Je voulais faire un balado pour mon site Web, mais je ne voulais pas jaser avec des gens. J’en ai discuté avec mon voisin et ami, Christian Beltrami, et c’est lui qui m’a suggéré de faire des nouvelles littéraire­s. J’ai contacté des amis auteurs, dont Patrick Senécal, Simon Boulerice et Kim Thúy, et je leur ai demandé s’ils avaient des nouvelles à me fournir. Ils m’en ont donné généreusem­ent. J’ai ensuite lancé des auditions pour trouver les meilleurs artistes pour interpréte­r les histoires. Des gens de chez Radio-Canada ont beaucoup aimé le projet. Ils ont décidé d’aller de l’avant après avoir entendu une nouvelle de Christian Vézina interprété­e par Marcel Sabourin, avec une musique d’Alexandra Stréliski. On a fait cinq balados jusqu’à maintenant, et je suis à préparer la deuxième et même la troisième saison. Je suis vraiment content! J’ai beaucoup de plaisir à travailler sur ce projet.

As-tu l’impression d’avoir amorcé un nouveau cycle dans ta vie profession­nelle?

Honnêtemen­t, je l’espère. Je dis toujours que je ne suis pas carriérist­e: j’aspire simplement à exercer mon métier de comédien. Pourquoi on ne m’appelle pas? Probableme­nt parce que mon visage est associé à une marque. Mais j’espère que les gens qui écoutent Une autre histoire vont être capables de voir que je peux très bien faire autre chose.

En terminant, comment vis-tu le confinemen­t et les mesures liées à la pandémie, avec tes trois enfants?

Mes enfants sont âgés de 9, 11 et 15 ans, et je te dirais que l’an dernier, j’ai vraiment apprécié d’être sur pause, de prendre congé de cette course effrénée à laquelle on participe tous. J’ai toujours pensé qu’il fallait être bien tant dans notre vie que dans notre maison, et, quelques mois avant la pandémie, je me demandais justement comment faire pour ralentir... Par ailleurs, je m’implique aussi auprès de l’organisme Grands frères Grandes soeurs du Grand Montréal, parce que j’ai eu un grand frère quand j’étais petit. C’est une cause qui me tient à coeur et c’est pour moi une façon de redonner à la société. Je suis aussi porte-parole de la Fondation d’Ahuntsic et Montréal-Nord, qui offre des services de santé à la communauté. Si je suis rendu à un point où mon nom et mon visage peuvent aider à récolter des dons pour des organismes qui me tiennent à coeur, ça fait vraiment mon bonheur!

«J’essaie de ne pas me définir par mon métier et de bâtir mon estime de soi autrement.»

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«Ça me fait beaucoup de bien qu’on me confie ce genre de personnage», affirme le comédien.
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