Le Dr Jean-François Chicoine
Chaque semaine, Patrick Huard reçoit chez lui des personnalités avec lesquelles il échange sur différents sujets d’actualité. Cette semaine, le pédiatre Jean-François Chicoine comptait parmi ses amis, et ils ont discuté des grands oubliés de la pandémie: les adolescents!
Jean-François, vous avez discuté à La Tour de la pandémie, mais sous un angle différent: l’effet qu’a cette crise sur les adolescents!
Si les adolescents ont été épargnés par le virus de la covid-19, comparativement aux personnes âgées, leur santé mentale subit tout de même les contrecoups de la pandémie. Les jeunes étaient prêts à faire des sacrifices, trois ou quatre mois. Mais là, comme la majorité d’entre nous, ils n’en peuvent plus, et avec raison!
Vous observez donc ces contrecoups dans le cadre de votre pratique en pédiatrie?
Bien sûr! Les adolescents sont désespérés, et je ne parle pas ici de troubles anxieux, de dépression ou d’autres maladies mentales. Ils souffrent tout simplement de désespoir, et ça se reflète par de la difficulté à se concentrer, l’insomnie, la sédentarité ou encore des problèmes d’appétit. Ce que je vois présentement chez les adolescents, c’est l’équivalent d’un syndrome posttraumatique, rien de moins!
Y a-t-il aussi la dépendance aux écrans?
Plusieurs parents ont abandonné la gestion du temps d’écran, parce qu’en plus d’avoir l’école en mode virtuel une journée sur deux, la vie sociale de leurs ados se déroule majoritairement sur les réseaux sociaux!
Alors que peut-on faire pour redonner espoir aux jeunes?
Le gouvernement doit ramener les adolescents à l’école cinq jours par semaine, parce que rien ne vaut l’éducation en personne. Il doit aussi donner le feu vert aux activités parascolaires et aux sports organisés. Les jeunes sont sortis marcher avec leurs parents, ils sont allés patiner dans le parc près de la maison, mais pour eux, c’est l’équivalent d’être encabanés... dehors!
Selon vous, il est donc urgent d’agir?
Oui. Il faut redonner un semblant de vie normale aux adolescents, en attendant le vaccin. Tout ça, bien sûr, en respectant la distanciation et les mesures sanitaires. Mais je crois fermement qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients à permettre aux jeunes de bouger, de voir leurs amis
et de s’impliquer dans la société. Le cerveau d’un adolescent a besoin d’être stimulé par autre chose que les réseaux sociaux, les jeux vidéos et les séries en rafale.
Avez-vous des conseils que peuvent immédiatement appliquer les parents d’adolescents?
Requinquez-vous un peu! Apprenez une nouvelle langue ou essayez un nouveau sport! Ça aura inévitablement un effet d’entraînement sur votre ado. Il faut se remettre à avoir des projets. Pourquoi ne pas planifier votre prochain voyage? Les vacances estivales 2021 se passeront, semblet-il, au Québec, mais peut-être que les escapades dans les autres provinces canadiennes seront permises. Pourquoi ne pas en profiter pour visiter Toronto ou Niagara Falls?
Les projets sont-ils une source de motivation pour les adolescents?
Tout à fait! Ce peut être aussi de petits projets: faire du bénévolat cet été, ou encore aller visiter la famille qui habite sur une ferme à la campagne durant les vacances estivales. Se projeter dans le futur, avoir hâte à quelque chose, planifier, rêver! Présentement, l’atmosphère générale en est une de fin du monde! Les médias parlent quotidiennement des nouveaux cas de covid-19, du manque de vaccins, de nouvelles souches encore plus virulentes. Il faut arriver à transcender tout ça, et créer sa propre lumière au bout du tunnel.
En terminant, comment avez-vous connu Patrick Huard?
J’ai rencontré Patrick pour la première fois lorsque son fils, Nathan, était tout petit. Il y a donc sept ans. Même si nous avons des vies totalement opposées lui et moi, nous nous retrouvons sur plusieurs points. Par exemple, nous aimons tous deux la nature. Mais contrairement à Patrick et sa femme, Anik, je ne suis pas un fan de pêche. Je préfère contempler la rivière plutôt que d’avoir les deux pieds dedans à la recherche de poissons! (rires)
«Il faut arriver à transcender la situation actuelle, et créer sa propre lumière au bout du tunnel!»