7 Jours

SERGE POSTIGO «C’est ma conjointe qui m’a convaincu d’aller passer l’audition»

- PAR DANIEL DAIGNAULT

Serge Postigo travaille en ce moment sur de beaux projets qui vont l’amener à passer beaucoup de temps en France cette année. Il jouera entre autres dans la version théâtrale du film Papy fait de la résistance et, cet automne, il ne sera rien de moins que la vedette de la célèbre comédie musicale Les producteur­s. Entretien téléphoniq­ue avec le comédien et metteur en scène que nous avons rejoint à Paris.

Serge, avez-vous l’habitude de passer beaucoup de temps en France?

Au cours des 14 dernières années, j’ai fait beaucoup d’allers-retours entre Montréal et Paris, à cause de ma situation familiale. Depuis 2016, ça s’est vraiment intensifié, parce que deux de mes trois enfants vont à l’école ici et parce que Karine joue au théâtre (Karine Belly, comédienne et chanteuse qui est sa compagne depuis plus de 10 ans). Nécessaire­ment, cette situation fait qu’on est dans l’ordre des trois semaines à Montréal et trois semaines ici. Mais à cause de

Papy fait de la résistance et des Producteur­s, je passe beaucoup de temps à Paris en ce moment.

Comment avez-vous obtenu le rôle principal dans cette comédie musicale?

C’est Karine qui m’a convaincu d’aller passer l’audition. Grâce à elle, je fais des choses que je n’oserais parfois pas faire dans la vie. Il y a longtemps qu’elle me parle des Producteur­s, sa comédie musicale préférée depuis toujours, alors que moi, je ne l’ai jamais vue. Un jour, nous étions au restaurant, et l’un de ses amis lui a envoyé un message mentionnan­t que des auditions auraient lieu pour cette comédie musicale à Paris. Elle m’a alors suggéré de m’y présenter. Je ne voulais pas. Je lui ai dit que tous les acteurs de comédies musicales d’Europe allaient débarquer là pour obtenir le rôle principal, et que je ne voyais pas pourquoi ils me choisiraie­nt. Je n’étais jamais allé porter un CV de ma vie, mais elle a fini par me convaincre. Elle a pris une photo de moi avec son téléphone, j’ai refait mon CV et j’ai envoyé le tout. On m’a convoqué à une première audition, j’ai préparé la chanson que je devais interpréte­r, je ne connaissai­s personne, et personne ne me connaissai­t, mais on m’a rappelé pour une deuxième audition, puis une troisième — qui a duré une journée complète —, et on m’a finalement rappelé pour me dire que j’avais obtenu le rôle. Il y avait quelque chose de l’fun à passer cette audition, de savoir que ce n’était pas ce que j’avais fait avant qui allait en déterminer le résultat, mais ce que je leur présentais.

Vous devez être emballé à l’idée de jouer ce rôle à l’automne au Théâtre de Paris!

C’est vraiment un cadeau: le rôle de Max Bialystock est extraordin­aire! Mel Brooks est l’un des plus grands génies comiques que la terre ait portés (il a coécrit la comédie musicale et réalisé le film) et il a approuvé la décision voulant que ce soit moi qui joue le rôle. Il a vu

«C’est vraiment un cadeau: le rôle que je vais jouer est extraordin­aire!»

mon audition et l’a approuvée. Pour moi, c’est un petit velours qui est vraiment plaisant à recevoir. De toute l’histoire des Tony Awards ( les prix remis annuelleme­nt dans le milieu théâtral depuis 1947), c’est le musical qui a reçu le plus de récompense­s.

Avant d’être en vedette dans Les producteur­s, avez-vous un autre projet à Paris?

Oui, je fais l’adaptation pour le théâtre du film culte Papy fait de la résistance. Je fais la mise en scène et je joue aussi dedans. Ce film occupe une grande place dans la culture populaire en France. À l’origine, c’était une pièce, et elle n’a jamais été rejouée depuis 1982, alors que le film a pris l’affiche en 1983. La première devait avoir lieu le 2 mars, mais en raison de ce que l’on sait, ça risque d’être plutôt au début ou à la fin d’avril.

Si tout se déroule comme prévu pour Les producteur­s, combien de temps allez-vous jouer à Paris?

Contrairem­ent à nous, à Montréal, les contrats de théâtre n’ont pas de date de fin. Il y a une date de début, un minimum de représenta­tions garanties — d’habitude, c’est 60 représenta­tions à Paris —, et après, on joue tant que le spectacle connaît du succès. Si c’est le cas, le début de l’autre pièce est retardé pour que l’on continue à jouer.

Donc, avec ces deux pièces en préparatio­n, vous ne reviendrez pas de sitôt au Québec?

Pas avant le mois de juin. Tant qu’il y a un confinemen­t de deux semaines, je ne peux pas venir pour quelques jours. Je suis français et canadien, je peux me promener entre les deux pays, mais je dois me placer en quarantain­e. Ça fait déjà quatre fois que je fais mon confinemen­t de façon très stricte, ce qui signifie qu’au cours de la dernière année, j’ai passé deux mois chez moi sans pouvoir sortir.

Avez-vous l’impression que c’est un nouveau cycle de votre carrière qui s’amorce en France?

Je ne le sais pas, je suis le courant. J’ai fait un autre truc en France, qui est fini. C’est très gros, mais je ne peux pas en parler maintenant. Les choses s’enchaînent et, pour moi, l’important, honnêtemen­t, ce n’est pas où ça a lieu. Un projet n’a pas plus de valeur parce qu’il se trouve à Paris plutôt qu’à Montréal. Jamais. Tout est arrêté à Montréal, et j’ai la chance que du travail se présente à moi ici, alors voilà! Et quand le travail me rappellera à Montréal, j’y serai. Mais tu sais, plus on avance en âge et dans notre carrière, plus on a envie que le travail nous comble. Pas juste sur le plan profession­nel, mais aussi sur le plan personnel. À Paris, je fais les choix pour les mêmes raisons.

«Un projet n’a pas plus de valeur parce qu’il est à Paris plutôt qu’à Montréal. Jamais.»

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