7 Jours

David Morasse

-

«Je suis passé par toutes sortes d’étapes dans ma vie. J’ai toujours eu beaucoup d’humilité.»

Louis-David, tu intègres 5e rang cette saison-ci. Cela représente-t-il un nouveau défi pour toi?

Oui, et c’est un beau personnage. Ça faisait longtemps que je souhaitais interpréte­r ce genre de protagonis­te. On m’a surtout connu dans les rôles de bon gars, de bon père, de bon mari. J’ai adoré, mais j’étais prêt à faire autre chose. J’aime me transforme­r. Dans 5e rang, je joue le fils du parrain qui sort de prison. Il est chargé, enragé, à la recherche de la personne qui les a piégés, son frère et lui. Il débarque à Valmont pour renouer avec sa soeur, qui mène le bal depuis le début. Il vient se mêler de la business… Il est plutôt arrogant et condescend­ant avec elle. C’est la première fois que Tina craint quelqu’un! (rires) C’est très agréable à jouer.

Puisque tu as joué dans 4 et demi... et L’auberge du chien noir, ce tournage te permet des retrouvail­les avec les auteurs...

Ce ne sont pas que des retrouvail­les, c’est 25 ans de carrière pour moi et 25 ans d’amitié avec Pierre (Poirier) et Sylvie (Lussier). Je sortais de l’école lorsque j’ai décroché 4 et demi.... Je devais tourner deux scènes, mais Renaud est devenu un personnage récurrent pendant les quatre dernières années de ce téléroman. Par la suite, j’ai aussi fait avec eux 13 saisons sur 15 de L’auberge du chien noir.

Le fait de totaliser 25 ans de carrière représente-t-il un bel accompliss­ement à tes yeux?

Je suis passé par toutes sortes d’étapes dans ma vie. J’ai toujours eu beaucoup d’humilité. J’ai eu ma boîte de production, j’ai fait à peu près toutes

«Ça faisait longtemps que je souhaitais interpréte­r un personnage comme celui de Lucas dans 5e rang.»

les tâches sur un plateau, je me suis intéressé à la technique. Je suis en paix avec ces 25 ans. Je les aborde avec sérénité. J’ai moins à prouver et j’ai plus de liberté, mais je ne tiens rien pour acquis. On ne sait jamais ce qui nous attend l’année suivante. En cas de nécessité, je ferai de l’ébénisteri­e.

Est-ce un réel plan B?

J’ai toujours été gâté par le métier, mais j’ai développé cette passion en parallèle. Jouer est un métier abstrait et théorique. J’ai toujours ressenti le besoin de faire quelque chose de concret. J’aime transforme­r un arbre en meuble. Quand j’étais petit, alors que j’avais à peine quatre ans, je passais les clous à mon père. Je lui en suis très reconnaiss­ant. Mon père était un administra­teur d’hôpital et de CHSLD. Il est d’une sagesse incroyable… Il a été le premier à fusionner l’hôpital, les CHSLD et les CLSC dans sa région. Il a monté un modèle qui est devenu un exemple. En parallèle de son travail d’administra­teur, il avait aussi besoin de concret. Il a construit le chalet, construit et rénové des maisons. Mon frère et moi avons appris à ses côtés.

Pourtant, c’est le métier d’acteur qui t’a appelé?

Effectivem­ent. J’étais, et je suis encore, extrêmemen­t timide, réservé et solitaire. Au début de ma troisième secondaire, un prof m’a convié à un local le jour même à 16 h. J’ignorais de quoi il s’agissait. Il enseignait l’impro et le théâtre. Sur scène, j’ai éclaté! Je voulais devenir architecte ou ingénieur, mais l’orienteur n’arrêtait pas de me ramener au jeu. Après une année au cégep, j’ai décidé de faire mes auditions dans les écoles de théâtre. À 18 ans, j’étais admis à Sainte-Thérèse.

Tes proches t’ont-ils encouragé dans cette voie?

Plus tard, oui, mais au départ, non. Je viens d’une parenté serrée dans un petit village. Mes tantes avaient peur du métier… (sourire) Être comédien, c’était mal vu, c’était insécurisa­nt. Depuis, ma famille n’a pas manqué une seule de mes pièces de théâtre. C’est de la grande fierté! C’est tout un village qui m’a soutenu. Mes deux parentés y vivaient. Mon grand-père maternel a eu 14 enfants. Je suis le cinquantiè­me et dernier de mes cousins et cousines. Jusqu’en 2005 environ, nous avons célébré le jour de l’An à la salle paroissial­e. La dernière fois, nous étions 272… Alors je viens de ce genre de famille… (sourire) Mon arrière-grandpère a défriché le village, ses descendant­s en ont été les bâtisseurs.

Cette grande famille est toujours derrière toi?

Oui, et ça me rappelle ce jour où j’avais transporté un show de théâtre dans le village voisin: nous avons dû faire deux représenta­tions juste pour ma famille! (rires) Quand j’ai tourné dans le film de Gerry Boulet, nous avions organisé une première au cinéma de mon village. Il a fallu occuper deux salles, faire deux projection­s simultanée­s parce que la parenté avait envahi le cinéma! (rires) C’était très touchant.

Durant ces 25 années, as-tu eu l’occasion de faire tout ce qui te tenait à coeur?

J’ai encore plein de souhaits, mais j’embrasse ce que j’ai fait. J’ai été choyé quand je pense à l’amitié, à la fidélité, et aussi à certains rôles. J’ai eu la chance d’interpréte­r des gars magnifique­s que j’ai pu rencontrer, comme Denis Boulet, le frère de Gerry, et Fernand Foisy, qui était le bras droit et le biographe de Michel Chartrand. J’ai eu la chance de faire de grandes rencontres humaines. J’ai eu de belles occasions. Ma seule attente, c’est que le métier me choisisse encore, mais je ne force rien.

En terminant, Louis-David, tu es porte-parole d’une cause qui te tient à coeur. De quoi s’agit-il?

Il s’agit de Cultiver l’espoir, du Regroupeme­nt Partage, qui vient en aide aux familles montréalai­ses qui peinent à se nourrir. Cette année, la demande a augmenté de 300 %... Ce projet novateur a remporté le prix David Suzuki, et lui-même s’est empressé de dire que ce modèle devrait servir d’exemple. La Ville de Montréal a accepté de mettre au service du Regroupeme­nt Partage des terres agricoles inutilisée­s, dans l’ouest de la ville. La ferme D-3Pierres, avec le soutien d’autres partenaire­s, cultive des tonnes de légumes bios qui vont directemen­t dans les banques alimentair­es du Grand Montréal. C’est une belle cause qui me tient à coeur…

5e rang, mardi 21 h, à Radio-Canada. Pour en savoir plus sur Cultiver l’espoir: regroupeme­ntpartage.ca/ cultiver-lespoir.

«J’étais, et je suis encore, extrêmemen­t timide, réservé et solitaire.»

 ??  ??
 ??  ?? «Dans 5e rang, Lucas est chargé, enragé, à la recherche de la personne qui les a piégés, son frère et lui», explique le comédien. 4 et demi... est la série qui a permis de révéler Louis-David au grand public, grâce à son personnage de Renaud.
«Dans 5e rang, Lucas est chargé, enragé, à la recherche de la personne qui les a piégés, son frère et lui», explique le comédien. 4 et demi... est la série qui a permis de révéler Louis-David au grand public, grâce à son personnage de Renaud.
 ??  ?? En 2003, il prêtait ses traits à Jérôme Larrivée dans L’auberge du chien noir.
La série sportive Le 7e round a marqué les esprits grâce au jeu de Sébastien Delorme, mais aussi à celui de Louis-David, dans le rôle d’Antoine Falardeau!
Dans O’, le comédien a interprété Philippe O’Hara durant huit saisons.
En 2003, il prêtait ses traits à Jérôme Larrivée dans L’auberge du chien noir. La série sportive Le 7e round a marqué les esprits grâce au jeu de Sébastien Delorme, mais aussi à celui de Louis-David, dans le rôle d’Antoine Falardeau! Dans O’, le comédien a interprété Philippe O’Hara durant huit saisons.

Newspapers in French

Newspapers from Canada