LA TOUR
Chaque semaine, Patrick Huard reçoit chez lui des personnalités avec lesquelles il échange sur différents sujets d’actualité. Cette semaine, Lise Dion comptait parmi ses invités, et ils ont discuté de ce que la pandémie a changé dans leur vie.
Lise, qu’est-ce que la pandémie a changé dans ton quotidien?
En 2011, j’ai publié un roman inspiré de la vie de ma mère, Le secret du coffre bleu. L’idée de transformer cette histoire en scénario pour un film ou une série télé me trottait dans la tête depuis longtemps. Durant le premier confinement, je me suis donc lancée dans ce projet, en prenant l’habitude d’écrire quotidiennement.
Ça exige beaucoup de discipline!
Comme je n’avais aucune expérience en scénarisation, j’ai d’abord lu le livre Comment écrire un scénario, puis je me suis fait un horaire: le matin, j’écrivais, et l’après-midi, je faisais du ménage. (rires) Toute la maison y est passée, même les garde-robes! Je crois qu’on sous-estime les bienfaits du ménage dans nos vies. Maudit qu’on se sent bien quand notre maison est bien rangée!
As-tu toujours été fan du ménage?
Avant la pandémie, la vie allait trop vite! Je n’avais pas le temps de me lancer dans un grand ménage, alors j’accumulais des choses inutilement. En repassant en revue toutes les pièces de la maison, j’ai trié, jeté et donné au suivant. J’avais des boîtes de paperasses que je traînais depuis des années, dont un bac d’anciennes notes. Ces idées de blagues, de romans et de scénarios dataient d’au moins 15 ans! Le fait de passer tout mon temps chez moi m’a permis d’habiter ma maison, de me réapproprier mon espace.
Plusieurs artistes ont vécu de l’anxiété à cause de la covid-19. Est-ce ton cas?
Non, heureusement. Il faut comprendre que, juste avant que la crise éclate, j’avais enchaîné 150 shows de ma tournée Chu rendue là. J’étais fatiguée, j’avais mal aux genoux et au dos. J’ai donc profité de cette pause imposée pour me refaire une santé. Lorsque les spectacles vont reprendre, je vais encore plus les savourer, parce que je suis maintenant en pleine forme!
La pause pandémique t’est donc bénéfique...
Oui. Mais je me sens quasiment
mal de dire ça, parce que je suis consciente que plusieurs artistes en arrachent. Moi, j’ai la chance d’avoir mis de l’argent de côté, je n’ai pas de problèmes financiers, je peux donc m’occuper à autre chose en attendant que la vie normale reprenne son cours. Mais ça ne m’empêche pas d’avoir de l’empathie pour la détresse des autres. (Elle fait une pause et poursuit.) Je suis porte-parole de Suicide action, et je pense beaucoup aux personnes en détresse. Des travailleurs de la santé ont mis fin à leurs jours car ils ne voyaient pas la lumière au bout du tunnel. On ne le répétera jamais assez: le suicide n’est pas une option! Mon truc pour ne pas trop déprimer pendant la pandémie: décrocher des nouvelles de temps en temps.
Pourquoi donc?
Parce qu’à la télévision, dès qu’il y a une lueur d’espoir, par exemple le début de la vaccination, une nouvelle négative vient casser le party, comme les variants de la covid-19. Quand je me sens submergée, je prends un petit break des points de presse, j’écoute de la musique ou je jase avec des proches, question de me changer les idées.
En terminant, te rappelles-tu la première fois que tu as croisé Patrick Huard?
Bien oui! Patrick et moi, nous avons présenté des sketchs ensemble au talk-show animé par Jean-Pierre Coallier, Ad Lib. On a aussi fait la tournée des soirées d’humour présentées dans différents bars de la province pour tester nos shows d’humour respectifs. J’ai même assisté à la naissance de son personnage de Rogatien, parce que lorsqu’il me donnait un lift, il faisait semblant d’être un chauffeur de taxi! (rires) Lorsque j’ai participé à La Tour, ça devait faire au moins 12 ans qu’on ne s’était pas croisés. Ç’a été de belles retrouvailles!
«Le fait de passer tout mon temps chez moi m’a permis de me réapproprier mon espace.»