7 Jours

Rémi-Pierre Paquin

Ces dernières années, Rémi-Pierre Paquin a offert aux téléspecta­teurs une grande interpréta­tion de Bidou Laloge. Alors que Les pays d’en haut touche à sa fin après six saisons, nous avons discuté avec le comédien, qui revient sur ce personnage marquant.

- PAR DANIEL DAIGNAULT • PHOTOS: BRUNO PETROZZA MAQUILLAGE-COIFFURE: VÉRONIQUE PRUD’HOMME

Rémi, on peut dire que ton personnage a été au coeur des intrigues et que tu as été bien servi par l’auteur!

Oui! Gilles Desjardins ( l’auteur) et moi nous étions parlé. Il me disait qu’il avait du fun à écrire des scènes pour mon personnage parce qu’il pouvait lui faire faire pas mal de choses. Au fil des ans, Bidou a eu sa mine d’or, il a trempé dans plein de magouilles et il s’est réinventé. Ce n’était pas un personnage unidirecti­onnel, alors ça permettait à Gilles de créer vraiment plein d’affaires avec Bidou.

On peut donc dire que ce rôle a été du bonbon pour toi!

Ah oui, c’était malade! Quand ce personnage-là arrivait dans une scène, il mettait le trouble. Il se passait quelque chose. Certains personnage­s sont plus en réaction, mais Bidou, lui, il était là pour faire bouger les affaires. C’était bien l’fun. Et il pouvait s’allier à différents personnage­s en fonction de son objectif.

Entre autres à Séraphin...

Sa relation avec Séraphin changeait souvent: parfois, il était bien chum avec lui, et d’autres fois, il le haïssait pour mourir. Quand ça pouvait lui rapporter quelque chose, il pouvait changer assez rapidement son fusil d’épaule. Ça lui permettait de voir différents personnage­s et d’avoir des relations différente­s avec eux. J’ai défendu le personnage de Bidou durant six ans; ça ne m’était jamais arrivé de tenir le même rôle sur une aussi longue période. Avant ça, le projet dans lequel j’avais joué le plus longtemps avait duré trois ans.

On imagine que vous avez tous eu du plaisir à jouer dans une telle série historique, avec les costumes et tout ce que ça impliquait...

Je pense que c’est l’émission de télévision tournée au Québec qui se rapproche le plus d’un western. Il y avait des chevaux, des guns et de la trahison, et on pouvait y aller à fond dans les intrigues. C’est rare qu’on a des séries d’époque comme celle-là, et je ne sais pas s’il va y en avoir d’autres. Tout le monde travaillai­t fort, tant pour les costumes que pour le maquillage; on nous mettait les ongles noirs, les dents jaunes, de la saleté un peu partout... Et c’est sans compter les coiffures. C’est débile! Ça pouvait parfois prendre deux heures pour compléter celles des filles. Tout le monde était crinqué et aimait être sur ce plateau; c’était l’fun de pouvoir travailler et d’être créatifs, d’aller dans les moindres détails. C’était tripant pour toute l’équipe. C’était l’fun de jouer des scènes particuliè­res, comme de vendre ma soeur pour cinq mille piastres ou de mettre en scène de grosses histoires de trahison. Ce ne sont pas nécessaire­ment des choses qu’on peut jouer dans une série qui se passe dans un appartemen­t sur le Plateau! On pouvait y aller à fond.

Vous avez tourné les six épisodes de la dernière saison durant la pandémie. Est-ce que ça s’est bien passé?

Oui, même si les restrictio­ns étaient assez sévères. Avant, on était parfois jusqu’à 200 personnes sur ce plateau de tournage. Il a fallu s’adapter, mais l’humain est bon pour s’ajuster parce qu’après une semaine, nous étions à l’aise; tout se passait bien. Yan England avait non seulement le défi de tourner une série d’époque à titre de réalisateu­r, mais aussi de faire en sorte que la distanciat­ion entre les personnage­s ne paraisse pas.

Y a-t-il des scènes en particulie­r que tu as aimé tourner?

J’ai aimé tout le côté western. Je me souviens d’un matin de tournage où je devais entre autres voler une carriole.

Je retrouvais ensuite Alexis et je lui tirais dessus. Ma balle frappait un baril d’où s’échappait de l’eau, puis je me faisais assommer par-derrière. Ce n’était pas plate comme journée! Et tous les membres de la distributi­on sont de bons acteurs. J’ai toujours eu du plaisir à tourner chacune de mes scènes, peu importe avec qui je travaillai­s. Ça faisait aussi partie du fun.

Des amitiés sont nées au fil des ans, sur ce plateau de tournage, n’est-ce pas?

Je connaissai­s un peu Claude Despins (Jos Malterre) et j’ai vraiment eu du plaisir avec lui. Je vais certaineme­nt le revoir quand la pandémie sera terminée. Ç’a été une belle découverte; on a vraiment ri ensemble. Au fil des ans, j’ai eu des scènes avec Claude et AnneÉlisab­eth (Bossé), les deux nonos qui se faisaient avoir chaque fois qu’ils embarquaie­nt dans les affaires de Bidou. J’ai aussi eu beaucoup de plaisir avec Marie-Ève Milot, qui jouait le rôle de Rosa-Rose. Elle est devenue une amie. Elle est vraiment très bonne!

Bidou aura donc été un personnage marquant pour toi...

Je pense que ça a permis au monde de voir une autre facette de ce que je suis capable de faire. J’ai joué pas mal de bons diables auparavant, parfois avec un petit côté ado attardé, des bons gars, mais là, j’étais content de jouer un personnage assez croche. Les gens ont eu une relation amour-haine avec Bidou, on m’en a beaucoup parlé. J’allais parfois sur la page Facebook des Pays d’en haut pour lire les commentair­es; des gens se vidaient le coeur à propos de lui. Je trouvais ça tellement drôle!

«Cette série a permis au monde de voir une autre facette de ce que je suis capable de faire.»

C’est l’fun de jouer un méchant et de voir que ça a un impact, mais je voulais aussi le rendre attachant. Je me disais tout le temps qu’il fallait voir sa vulnérabil­ité de temps en temps, et qu’il soit l’fun, aussi. Il fallait qu’on ait le goût d’aller se mettre chaud à l’hôtel avec lui. C’est ce côté-là que je voulais donner au personnage, et je pense que j’ai réussi en partie.

As-tu d’autres projets pour l’année?

J’ai participé au tournage d’une nouvelle émission de TVA qui se passe ailleurs dans le monde. Je ne sais pas à quel moment ce sera en ondes. J’ai tourné au Mexique il y a déjà quelques mois. Ce sont cinq comédiens de différente­s nationalit­és qui vont se faire du fun dans un autre pays. Et je fais toujours de la radio, avec Véronique et les Fantastiqu­es.

Parallèlem­ent à ta carrière de comédien, tu es propriétai­re de trois succursale­s du pub Le Trèfle. Gardes-tu la tête hors de l’eau?

Au moment où on se parle, les trois succursale­s sont fermées. J’ai hâte que ça reprenne. C’est plate, perdre de l’argent plutôt que d’en faire... Si ça ne repart pas au printemps, on va commencer à capoter. Il y a un Trèfle sur la rue Ontario à Montréal, un autre à Verdun et le troisième est à Limoilou, à Québec. Ça fait des années qu’on a des idées et des projets. Mais là, on essaie simplement de protéger nos billes en attendant de rouvrir nos portes. Nous autres, on vend de l’ambiance. On a de la super bonne bouffe, 32 sortes de bières en fut, du scotch en quantité, mais ce que l’on vend avant tout, c’est une expérience. La musique est bonne, le monde est l’fun. On mange et on boit bien. Mais tout ça, en temps de pandémie, on ne peut le vendre. L’été dernier, on a réussi à ouvrir avec l’ajout des plexiglas, et on offrait environ 80 % de l’expérience. Les clients l’appréciaie­nt beaucoup. On a l’impression que, lorsque les choses vont reprendre, les gens vont avoir le goût d’avoir du fun et de se retrouver.

Les pays d’en haut, lundi 21 h, à RadioCanad­a. Les six saisons sont aussi offertes sur Tou.tv Extra.

«J’ai défendu le personnage de Bidou durant six ans. Ça ne m’était jamais arrivé de tenir le même rôle sur une aussi longue période.»

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Rémi-Pierre a eu bien du plaisir à tourner avec Anne-Élisabeth Bossé et Claude Despins, les interprète­s de Caroline et Jos Malterre. «Les pays d’en haut, c’est l’émission tournée au Québec qui se rapproche le plus d’un western», dit le comédien.
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Dans la série, Bidou et Séraphin étaient tantôt alliés, tantôt rivaux. Une dynamique intéressan­te à mettre en scène pour les acteurs.
Il a trouvé une bonne amie en la personne de Marie-Ève Milot, qui jouait son épouse, Rosa-Rose. Dans la série, Bidou et Séraphin étaient tantôt alliés, tantôt rivaux. Une dynamique intéressan­te à mettre en scène pour les acteurs.

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