7 Jours

Noah Parker

Il fait partie de notre paysage culturel depuis maintenant 10 ans. Il a été le Raphaël de L’Échappée, et il est maintenant Léon de la série Six degrés. Entrevue avec l’un des comédiens les plus prometteur­s de sa génération.

- PAR PATRICK DELISLE-CREVIER • PHOTOS: JULIEN FAUGÈRE MAQUILLAGE-COIFFURE: VALÉRIE QUEVILLON

«J’aimerais aller habiter quelque temps à New York et suivre des classes de jeu là-bas.»

Noah, que peux-tu nous dire sur Léon dans la série Six degrés?

C’est un rôle important pour moi, puisque c’est mon premier rôle principal à la télévision. Léon est un jeune homme de 17 ans qui vient de perdre sa mère et qui doit abandonner sa vie d’avant. C’est un semi-voyant. Il ne vit donc pas exactement comme les autres, il ne va pas à l’école et il a quasiment toujours été avec sa mère. Au décès de celle-ci, il doit quitter son village et partir vivre en ville avec son père biologique, qu’il n’a jamais connu. C’est une grosse adaptation pour lui, qui ne connaît que son petit monde, son petit univers. Et voilà qu’il rencontre une nouvelle famille et qu’il va à l’école. Tout ça est gros pour lui.

Léon ne voit qu’à six degrés. Comment se prépare-t-on à jouer un garçon presque aveugle?

En réalité, il est semi-voyant. Alors pour bien comprendre la vision de mon personnage, il faudrait se fermer un oeil et regarder à travers une paille avec l’autre. Pour me préparer, on m’a donné des lunettes avec un côté complèteme­nt couvert et l’autre avec un tout petit trou qui me permettait de voir. Je portais ça durant les répétition­s et ça m’a beaucoup aidé. Sinon, je me suis préparé de différente­s manières. J’ai notamment écouté le film Parfum de femme dans lequel Al Pacino joue un aveugle. Je voulais voir comment il se déplaçait, analyser sa mimique. Ensuite, avec le réalisateu­r, Hervé Baillargeo­n, je suis allé rencontrer un garçon qui s’appelle Médérick, qui est un semivoyant dans la vie, et on a pu passer plusieurs journées avec lui. Ça m’a beaucoup aidé pour mon rôle. J’ai trouvé ça fascinant de voir Médérick au quotidien.

Ce rôle est une grande étape pour toi, puisque c’est ton premier lead à la télévision, n’est-ce pas?

Oui, et je me suis beaucoup préparé pour arriver avec une belle propositio­n en audition. Je voulais vraiment ce rôle. J’ai eu un premier rôle au cinéma dans le film Ailleurs, qui est sorti en 2017. Malheureus­ement, ce film n’a pas eu le succès qu’il aurait dû avoir. Mais un rôle important à la télévision, c’est tout nouveau et c’est une grande étape, puisque beaucoup de gens vont voir cette série. Je suis content. Je ne savais pas quand une telle occasion allait se présenter, mais j’ai vraiment hâte que les gens voient Six degrés. C’est mon premier lead en 10 ans de carrière. Je pense qu’il est arrivé au bon moment. J’étais prêt à jouer un rôle important et aussi à relever un beau et grand défi. Je suis rendu à un point où j’ai confiance en mon jeu et j’ai le goût d’essayer des trucs.

Tu fais aussi tes premiers pas dans un film américain, The Voyeurs, qui est une production Amazon. Que peut-on dire de ce projet?

C’est un super suspense et l’histoire est vraiment cool. J’ai un tout petit rôle et j’ai été fort impression­né par l’ampleur du plateau. J’avais une doublure et j’ai pu découvrir ce qu’est un immense plateau hollywoodi­en. On a fait trois prises par plan, et le réalisateu­r a été impression­né et content.

Tu es parfaiteme­nt bilingue. Est-ce que tu aimerais faire carrière aux États-Unis éventuelle­ment?

Oui, c’est dans les plans. Comme je suis parfaiteme­nt bilingue, c’est effectivem­ent un avantage. Mon père vient de la NouvelleZé­lande et ma mère est québécoise, j’ai donc grandi avec les deux langues. Et j’ai aussi ma double citoyennet­é. J’ai tourné avec Théodore Pellerin, qui mène une brillante carrière aux États-Unis. Ça m’inspire beaucoup. Je pense que, maintenant, je suis à un moment de ma vie où j’ai envie de tâter le terrain, de me trouver un gérant là-bas et de tenter ma chance. Je bâtis ça tranquille­ment avec Micheline St-Laurent, mon agente. J’aimerais aller habiter quelque temps non pas à Los Angeles, mais plutôt à New York et suivre des classes de jeu là-bas.

Comment est née ton envie de faire ce métier?

Je pense que c’est né en voyant ma mère faire du montage. Je passais du temps avec elle en salle de montage, je voyais les gens jouer et je me disais que ça avait l’air cool. Alors j’ai décidé de lui demander comment ça marchait. Puis elle m’a inscrit dans une agence à 12 ans, et j’ai décroché mon premier rôle à 13 ans, dans 30 vies. Avant, j’ai fait de la figuration pour Canal D dans la série Un tueur si proche et j’ai aussi eu des moments de réflexion. Je me demandais si je voulais vraiment faire ça et, avec l’école, c’était un peu compliqué. Aussi, je voulais suivre le parcours traditionn­el et aller dans une école de théâtre.

Finalement, qu’est-ce qui t’a fait dévier de ce parcours?

Je pense que ce sont les expérience­s que j’ai vécues

«Je suis rendu à un point où j’ai confiance en mon jeu et j’ai le goût d’essayer des trucs.»

sur les plateaux de tournage. J’ai pu créer des liens, apprendre mon métier et faire différente­s choses. J’ai appris mon métier de différente­s manières. Je me souviens qu’entre 13 et 15 ans, je passais mes étés à mon chalet à regarder de grands classiques, des films de grands réalisateu­rs comme Tarantino, Scorsese, Coppola. J’écoutais et analysais des classiques comme la trilogie du Parrain, Fiction pulpeuse, Goodfellas. J’ai passé beaucoup de temps à dévorer ces films-là et j’ai vraiment été impression­né. Je me suis rendu compte que c’était ça que je voulais faire, jouer un jour dans de grands classiques et peutêtre réaliser et écrire également.

As-tu eu une remise en question après avoir abandonné les études?

Oui. Au début, j’ai eu une période de doute. Je me souviens qu’après la première saison de L’Échappée, je trouvais que ça prenait beaucoup de mon temps. Je trouvais ça difficile d’aller à l’école et de tourner en même temps, alors je suis allé à l’école à temps partiel. Mais c’était encore trop et je me suis dit que je pourrais reprendre l’école à un autre moment dans ma vie. J’ai accepté de courir le risque pour faire ce que j’aime et me concentrer sur les opportunit­és que j’avais de faire ce métier. Je me suis aussi dit que ça ne passerait pas toujours. J’ai le casting que j’ai maintenant et peut-être que, dans cinq ans, ça va moins marcher et que je vais moins travailler. Il sera alors peut-être temps de retourner sur les bancs d’école ou même dans une école de théâtre.

Le personnage de Raphaël dans L’Échappée t’a révélé au public. Que retiens-tu de cette série?

J’ai tellement appris et grandi à travers ce personnage-là! Ça m’a beaucoup apporté en tant qu’acteur. En me voyant aussi souvent à l’écran, j’ai évolué et je me suis rendu compte que, durant les premières saisons, je prenais ça un peu plus à la légère. J’ai réalisé que j’avais du travail à faire pour devenir meilleur. J’ai donc fait beaucoup de coaching, j’ai lu sur le métier, j’ai voulu apprendre et m’améliorer. Ce personnage m’a donc permis d’évoluer et d’apprendre à donner mon 100 %.

J’ai l’impression que, contrairem­ent à d’autres jeunes comédiens de ton âge, tu ne rêves pas de popularité ou de devenir un poster boy...

Non, je ne carbure pas à ça. Ce n’est vraiment pas la raison pour laquelle je fais ce métier. Je n’ai pas cette envie de devenir populaire. J’ai surtout envie de pratiquer le métier que j’aime, de jouer des rôles intéressan­ts dans des projets intéressan­ts. J’ai même parfois du mal à me voir à l’écran, mais je me regarde pour me corriger. Pour moi, ce qui importe, c’est le résultat final, être bon. La popularité ne me nourrit pas. Mais aller présenter un film à Berlin, par contre, c’est fort intéressan­t pour les rencontres, pour discuter et partager sur le cinéma avec les gens.

Tu fais ce métier depuis 10 ans. De quoi es-tu le plus fier?

Je suis fier de mes deux dernières saisons dans L’Échappée, je suis fier de mon progrès et de mon évolution. Je suis aussi très fier de mon rendu dans Six degrés. Je n’ai pas encore tout vu, mais je suis heureux d’avoir fait ça. Et je suis aussi très content d’avoir pu jouer dans La déesse des mouches à feu; c’est un projet qui m’a beaucoup touché et j’aime faire du cinéma.

Certains jeunes comédiens qui deviennent populaires perdent un peu contact avec la réalité. On a l’impression que ce n’est pas ton cas, que tu as la tête bien vissée sur les épaules.

J’ai toujours été assez sage et je pense que je le suis encore plus depuis le confinemen­t. Je tente d’éviter de jouer la carte du vedettaria­t et de fréquenter uniquement des gens qui font partie de ce milieu. Je suis conscient qu’il y a une tentation et un côté qui peut parfois devenir malsain dans ce métier. Alors je tente de me préserver de ça. Je pense qu’apprendre mon métier, c’est plus rentable pour moi que de constammen­t faire la fête dans un événement jet set avec des gens beaucoup plus connus que moi. Ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse.

Tu as 22 ans. Que veux-tu faire pour le reste de ta vingtaine?

Je veux continuer à m’instruire, à améliorer mon jeu et devenir un meilleur acteur. Je veux continuer de tourner dans de beaux projets et m’ouvrir à des opportunit­és à l’internatio­nal, autant aux États-Unis qu’en Europe. Je veux continuer dans ce milieu-là et, si ça marche moins, peut-être écrire un film et passer derrière la caméra. Je souhaite faire ça pour le reste de ma vie. J’aimerais travailler avec des réalisateu­rs qui m’inspirent, comme Xavier Dolan, Denis Villeneuve ou Monia Chokri. J’ai joué des petits anges, des petits gars parfaits en début de carrière, et j’ai beaucoup joué des bad boys par la suite. Dans Six degrés, je joue complèteme­nt autre chose et j’aimerais continuer à varier mes rôles.

Six degrés est disponible sur Tou.tv Extra.

«Le personnage de Raphaël dans L’Échappée m’a permis d’évoluer et d’apprendre à donner mon 100 %.»

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«J’étais prêt à jouer un rôle important et à relever un grand défi comme Six degrés .»

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