7 Jours

Julie Ringuette et Pascal Morrissett­e

«NOTRE FAMILLE A DONNÉ UN SENS À NOS VIES»

- PHOTOS: MARÏ PHOTOGRAPH­E • MAQUILLAGE: KATLEEN VENNE COIFFURE: VINCENT DUFAULT • STYLISME: KARINE LAMONTAGNE

En montant les escaliers qui mènent au studio photo où m’attend la famille RinguetteM­orrissette, j’entends un mélange de voix d’enfants, de fausses notes de piano et d’éclats de rire foudroyant­s. Lorsque j’entre dans la pièce, pendant un instant j’ai l’impression d’être dans une garderie tellement les lieux sont remplis de jouets éparpillés et de poussettes de bébés. Je vois même un petit coin aménagé pour changer les couches. La seule chose qui détonne, c’est la chaise de maquillage sur laquelle Julie est assise, tranquille, en train de bercer Eva, son bébé de deux mois, pendant que la maquilleus­e finit de lui appliquer son rouge à lèvres. Alors que je dois en principe faire l’entrevue après leur séance photos, c’est là qu’on commence à jaser. Je comprends rapidement que ce couple n’entre dans aucun moule. «Veux-tu commencer tout de suite pendant que les enfants sont tranquille­s?» me lance Pascal avec son grand sourire d’éternel adolescent. Il n’en fallait pas plus pour que les confidence­s jaillissen­t sans aucune retenue. Rencontre avec deux humains authentiqu­es et magnifique­s.

Julie et Pascal, comment vous êtes-vous rencontrés?

JULIE: C’est une amie commune qui nous a présentés. Lorsqu’elle me parlait de Pascal, elle me disait toujours: «C’est toi, mais en version “gars”. Tu dois absolument le rencontrer!» Quand on s’est vus la première fois, ça n’a pas cliqué de mon côté. Il a menti sur son âge, car il a cinq ans de moins que moi; il a bien fait, car ç’aurait été une barrière supplément­aire pour moi. Toutefois, malgré qu’il ne m’intéressai­t pas tant que ça, j’ai trouvé qu’on avait beaucoup de points en commun. PASCAL: On s’est vite rendu compte, autre autres, que nos antécédent­s familiaux étaient identiques; on est tous les deux issus de familles éclatées. On se rejoignait dans ces origines.

J’imagine votre maison toujours remplie d’éclats de rire et de bonne humeur. Est-ce le cas?

J.: Pas tout le temps…

P.: Mais souvent! Pour vrai, on ne se prend pas au sérieux. On rit beaucoup. C’est sûr qu’on se chicane parfois, mais en général l’ambiance dans la maison est assez cool.

J.: Même quand les enfants sont couchés, Pascal et moi on court un après l’autre autour de la table. Parfois on danse tous les deux dans la cuisine, même sans bébés. C’est notre dynamique naturelle.

Ça peut ressembler à quoi une chicane de couple chez vous?

J.: Ça se termine toujours par une blague de Pascal qui me fait rire; c’est comme ça qu’on se réconcilie. Le sens de l’humour est très important dans notre couple.

P.: D’ailleurs, le personnage de Monsieur Foufoune fait encore beaucoup rire Julie, même si elle a 38 ans!

Et qui est Monsieur Foufoune?

P.: Il est souvent caché derrière une porte. Ça cogne, la porte s’entrouvre et c’est une paire de foufounes qui apparaît et qui dit bonjour. (rires)

Les discussion­s sur le fait d’avoir un enfant sont-elles venues assez tôt dans votre vie de couple?

J.: J’ai rencontré Pascal quand il avait 19 ans et déjà, à l’époque, il voulait fonder une famille. C’était tout le contraire pour moi. Je ne voulais pas me marier, je ne voulais pas avoir d’enfants et je ne voulais pas de maison.

Qu’est-ce que tu voulais alors?

J.: Une carrière, un condo et un chalet.

Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu changes d’idée?

J.: Quand j’ai eu 35 ans, mon médecin m’a proposé d’investigue­r sur ma fertilité. Après des tests, on s’est rendu compte que j’aurais besoin d’aide si je voulais tomber enceinte. Comme c’est un processus qui peut être long et ardu, soudaineme­nt j’ai senti l’urgence de devenir maman. Heureuseme­nt, tout s’est passé rapidement. Je ne changerais pour rien au monde ce que je vis aujourd’hui avec mes deux enfants. Je suis contente pour Pascal aussi, qui le désirait tellement et qui est un père extraordin­aire.

Pourrait-on dire que c’est Pascal qui est le déclencheu­r de l’arrivée des enfants dans le couple?

J.: À 100 %.

P.: Je m’entends bien avec les enfants et j’aime jouer avec eux. Dans un party de Noël, j’ai plus de plaisir avec les enfants qu’avec les adultes.

Avez-vous parlé de mariage ou d’enfants en premier?

J.: Quand on s’est rencontrés, Pascal voulait une famille et moi, je n’en voulais pas, mais il ne lâchait pas le morceau. En plus, je ne voulais rien savoir du mariage. Pourtant, à un moment donné, sans trop savoir pourquoi, j’ai eu envie de me marier et je me suis mise à dire à mes amies: «Dites-lui qu’il peut m’acheter une bague!» Mais à partir de ce moment-là, c’est Pascal qui s’est mis à me niaiser. Il m’a fait de fausses demandes en mariage à de nombreuses reprises.

Comment on fait ça, une fausse demande en mariage?

P.: Je l’invite au restaurant, je me lève en plein milieu du repas, je mets une main derrière mon dos et je lui dis d’un ton solennel en m’agenouilla­nt: «Julie, voudrais-tu… du parmesan?» (rires)

J.: Il m’a fait le coup tellement souvent que lorsqu’il m’a fait sa vraie demande, je ne l’ai pas cru!

Pascal, de quelle façon as-tu fait ça?

P.: Je l’ai demandée en fiançaille­s alors qu’on répétait ensemble pour un spectacle. J’étais tellement nerveux qu’on s’était disputés le matin même par ma faute. Ça faisait cinq ans qu’on était ensemble, et c’est devant tous mes amis — qui n’étaient pas au courant — que j’ai fait la grande demande à Julie. Heureuseme­nt, elle a dit oui!

Qu’est-ce la parentalit­é vous apporte?

J.: Ça confirme tellement l’équipe solide que Pascal et moi formons depuis toujours.

P.: Pour ma part, ça a donné un sens à ma vie. Avant, j’étais très carriérist­e. Aujourd’hui, je me demande ce que je ferais de mes journées si mes enfants n’étaient pas là. Je n’ai plus la fougue de mes 20 ans, où je voulais tout faire. Ça ne m’intéresse plus. J’aime encore travailler, mais pas à tout prix.

J.: Ma priorité, en ce moment, c’est ma famille: mon mari, mes enfants et ensuite vient tout le reste.

Qu’avez-vous appris sur vous que vous ne saviez pas avant d’avoir des enfants?

J.: Je savais que j’étais forte, mais je ne savais pas que je l’étais à ce point-là! J’ai voulu que mes deux accoucheme­nts se

fassent naturellem­ent à la maison et j’ai eu la chance de pouvoir le faire. Pour moi, c’est un véritable accompliss­ement. Maintenant, il n’y a plus rien à mon épreuve! Si on me mettait au défi de monter le Kilimandja­ro, je le ferais!

P.: J’ai un immense respect pour Julie et je l’ai trouvée impression­nante lors de ses accoucheme­nts. Le fait d’avoir vécu ces expérience­s grandioses auprès de ma femme, ça me rend tellement fier d’elle. Chaque homme doit absolument comprendre ce que c’est que de donner la vie. C’est une leçon essentiell­e.

Qu’avez-vous appris l’un de l’autre depuis que vous êtes parents?

J.: J’ai toujours su que Pascal était créatif, mais depuis qu’on a des enfants, il se surpasse. Son imaginaire me charme totalement. Il a entre autres fait une patinoire et construit un fort cet hiver. C’est un papa dévoué pour ses filles.

P.: Pour ma part, je suis surpris à quel point Julie a radicaleme­nt changé ses priorités. Avant, c’était sa carrière, et maintenant, elle se dévoue fidèlement à ses enfants et à sa famille.

Ressentez-vous parfois une pression face à l’image qu’on a de votre couple?

J.: Pas du tout! On sait depuis longtemps que si on divorçait demain matin, on le dirait publiqueme­nt, parce que c’est humain, un point c’est tout!

P.: On se laisse guider par la naïveté pour le moment. Notre couple est basé sur le fait qu’il ne faut pas nécessaire­ment penser qu’on finira nos jours ensemble. Julie et moi, on vit le moment présent et ça nous enlève beaucoup de pression.

Comment faites-vous pour préserver votre couple depuis qu’il y a des enfants dans votre vie?

J.: On prend soin de nous et on fait du sport ensemble. D’ailleurs, on se trouve plus beaux aujourd’hui que lorsqu’on s’est connus. Le jour où Pascal ne me fera plus rire, le temps sera peut-être venu pour moi de passer à autre chose, mais pour le moment, il me fait rire encore plusieurs fois par jour.

P.: Et je fais tout pour entretenir ça!

Depuis combien de temps vous fréquentez-vous?

P.: Depuis 14 ans, et notre vie active est la clé de notre longévité et de notre bonheur. Si aujourd’hui j’entrais dans un bar et que je voyais la Julie que j’ai devant moi présenteme­nt, je la draguerais à nouveau sans hésiter.

Quand on fait ce métier, est-ce plus difficile pour une femme ou pour un homme de concilier famille et travail?

LES DEUX: Pour une femme.

J.: Je dois souvent discuter de conditions avec les producteur­s. Et là, je ne parle pas d’avoir des pétales de roses sur le plancher de ma loge. Je veux simplement avoir, par exemple, une températur­e adéquate pour que mon bébé soit au chaud pendant que je l’allaite entre deux scènes. Si je le demande, c’est parce que j’ai vécu une situation où ce n’était pas le cas et que je ne veux pas que ça se reproduise. Cela dit, les producteur­s sont très ouverts et il y a des avancées incroyable­s

concernant les conditions de travail pour les femmes. Je n’ai jamais autant travaillé que lorsque j’étais enceinte ou avec des bébés. Je me trouve chanceuse, car mes enfants m’ont suivie partout et je me suis toujours sentie bien accueillie.

Quels sont les rituels ou les souvenirs que vous voulez absolument léguer à vos enfants?

J.: C’est drôle, parce qu’on s’en parlait

«J’étais très carriérist­e. Aujourd’hui, je me demande ce que je ferais si mes enfants n’étaient pas là.» — Pascal

récemment, Pascal et moi. On n’a pas vraiment eu de modèle étant donné qu’on vient de familles éclatées, mais on souhaite créer des rituels pour nos enfants. Par exemple, la patinoire que Pascal a faite cet hiver, on veut que ça devienne une tradition. On en refera donc une l’année prochaine.

P.: On a commencé les «samedis gaufres», où je dois chaque semaine créer de nouvelles formes de gaufres. Honnêtemen­t, tout est à bâtir, car on n’a aucun repère. Mais cette volonté de créer des traditions et des beaux souvenirs pour nos enfants est très forte pour Julie et moi.

Après avoir passé quelques heures en compagnie de cette famille qui dégage tellement de bonheur, je peux déjà dire que Sam et Eva auront dans leur coeur en grandissan­t d’innombrabl­es souvenirs des éclats de rire de leur maman, qui trouve encore leur papa tellement drôle! Elles réaliseron­t également qu’elles ont eu la chance de tomber dans une famille aimante, authentiqu­e et remplie de valeurs qui se font de plus en plus rares. Julie et Pascal, et si on commençait ensemble une tradition? Celle de faire chaque année votre photo de famille pour le magazine 7 Jours? Je serais le premier à être heureux de prendre de vos nouvelles et à me laisser inspirer par le couple exceptionn­el que vous êtes!

Julie Ringuette anime la nouvelle émission Elle a dit oui, jeudi 20 h, à Elle Fictions, dès le 8 avril.

Pascal Morrissett­e anime Cochon dingue, du lundi au vendredi 18 h 30, à Télé-Québec.

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