Jean Lapierre: un homme de coeur et de paroles
– Denis Lévesque et Pascale Wilhelmy
Il y aura déjà cinq ans, le 29 mars, que Jean Lapierre a trouvé la mort dans un accident d’avion survenu aux Îles-de-la-Madeleine. Un accident qui a aussi coûté la vie à sa conjointe, à ses deux frères, à sa soeur ainsi qu’aux deux pilotes. Pour l’occasion, LCN présente le 29 mars un documentaire animé par Denis Lévesque et dont Pascale Wilhelmy a été l’une des productrices. Une heure émouvante qui ne laissera personne indifférent.
Pascale, quelle belle idée d’avoir pensé à faire cette émission spéciale! PASCALE: C’est un documentaire, mais c’est aussi un hommage à Jean, un gars qui aimait la vie, un gars qui aimait rire et qui était aussi généreux. On voulait plus faire un portrait de Jean qu’un documentaire dans sa forme rigide.
DENIS: C’est un acte impressionniste, pas une critique épistémologique de l’oeuvre politique de Jean Lapierre. C’est le personnage qu’on présente, et je pense que les gens vont l’aimer. Ils l’aimaient déjà, et là, ils vont apprendre des choses qui vont leur faire comprendre pourquoi on l’aimait tant.
Vous vous êtes bien sûr rendus aux Îles-de-la-Madeleine, notamment pour y rencontrer la mère de Jean?
P.: On avait acheté nos billets pour les Îles avec toute l’équipe, mais on ne savait pas si on allait ou non voir Lucie Cormier, la mère de Jean, et sa fille, Laure Lapierre. On y allait pour voir les gens autour, les témoins de l’accident, les amis d’enfance et le maire, mais rencontrer ces deux femmes a changé toute une partie du documentaire.
Denis, étiez-vous nerveux à l’idée de réaliser ces entrevues?
D.: Tout le monde était nerveux, c’est sûr, mais on a été reçus comme on est toujours reçus aux Îles-de-laMadeleine. On est arrivés chez elles avec l’équipe, le caméraman, le preneur de son, tout ça, et elles avaient préparé un lunch, du homard. C’était émouvant, et après, la tension est un peu tombée parce qu’on a parlé d’autre chose.
P.: C’était la première fois que nous allions aux Îles, Denis et moi, et on a eu un gros coup de coeur. On a trouvé ça extraordinaire, les gens sont gentils et accueillants. On n’est pas habitués à cet accueil et cette chaleur humaine.
D.: C’était quand même quelque chose. On allait rencontrer sa mère pour parler de son fils et aussi de la perte de ses enfants. Dans le documentaire, on voit la pierre tombale de son mari, qui était décédé deux jours plus tôt. C’était intense, je dirais.
Mme Cormier, sa fille et les enfants de Jean ont donc tous accepté de se confier à vous?
D.: Toute la famille était rendue là, et je savais le traumatisme qu’ils avaient vécu. Mais, avec le temps, il y avait le besoin de s’exprimer, parce qu’on faisait un documentaire sur leur père. C’était le bon moment pour eux. J’entendais Marie-Anne parler de son père et je m’imaginais ma fille parler de moi… Il y avait de la peine, parfois des larmes, et en même temps, beaucoup de rires, parce qu’il y avait des souvenirs doux et du bonheur. Ça s’est fait de façon naturelle.
P.: Le lendemain, on les a rappelées pour tourner plus d’images, comme celles où on les voit marcher sur le bord de la mer. Elles nous ont de nouveau accueillis et il y avait encore des bouchées de homard et du vin. On était en pandémie et il fallait toujours garder ses distances, mais, malgré cela, on a senti une réelle affection, on était très proches. Ç’a été un beau moment. Je pense qu’il a été libérateur, pour elles.
Vous avez rencontré beaucoup de monde pour ce documentaire, notamment des personnalités telles que Lucien Bouchard, André Ouellet, Pierre Bruneau, Paul Arcand, et les enfants de Jean,
Marie-Anne et Jean-Michel...
P.: Oui, et il est intéressant de voir des collègues de travail, connus du public, qui se dévoilent en affichant les sentiments qu’ils avaient pour Jean. Ils se dévoilent eux-mêmes. Le côté attachant de Jean ressort dans les anecdotes et les faits vécus par chacun, et comment l’un et l’autre a vécu la tragédie. Pour moi, Jean, c’était le gars le plus gentil que j’aie connu dans ce milieu-là, et je pense que ça transparaît dans le documentaire.
Vous avez commencé le tournage de ce documentaire aux Îles?
P.: Oui, au début de septembre, et les images, la lumière étaient extraordinaires. Le seul problème était pour le son; il ventait tellement!
D.: Le point de départ, c’était les Îles. On allait voir comment ça allait se passer, et en ayant la mère de Jean et sa soeur en entrevue, ça changeait complètement la texture. Puis, avec les amis et ses enfants, ç’a été un work in progress. On savait par quels canaux débuter et ça s’est enchaîné naturellement.
P.: Parlant des Îles; en apprenant qu’on faisait un documentaire sur Jean Lapierre, Éloi Painchaud, qui vient aussi de cet endroit, a tenu à faire la musique. Pour lui, Jean fait partie de l’histoire des Îles et il a imaginé la musique comme s’il était autour de la table avec Jean Lapierre et des amis. C’est vraiment très beau. Jean a toujours porté sa terre natale dans son coeur et il a donné l’espoir aux gens de réussir quelque chose de grand. C’est important pour eux.
Jean Lapierre: homme de coeur et de paroles, lundi 29 mars à 21 h, à LCN, puis le jeudi 1er avril à 21 h, à TVA.
«Il y avait parfois des larmes, et en même temps, beaucoup de rires, parce qu’il y avait des souvenirs doux.» — Denis Lévesque