7 Jours

Ariane Moffatt

«J’avais envie revenir de à l’essentiel »

- PHOTOS: MARÏ PHOTOGRAPH­E • MAQUILLAGE-COIFFURE: JULIE CUSSON

Ariane Moffatt lance Incarnat, son septième album. Un disque qui se veut plus intime et plus introspect­if. On a donc pris le temps de discuter avec l’artiste de sa relation amoureuse avec Florence, de sa vie de maman auprès de ses garçons, Paul, Henri et Georges, du fait de vieillir dans ce métier et de ses projets, dont son rôle de professeur­e à Star Académie.

«C’est un album en quête de vérité, un peu comme si je me regardais dans le miroir à 41 ans pour faire le portrait de mon existence.»

«J’ai toujours voulu des enfants... Me voilà avec trois fils et ils sont ce que j’ai de plus précieux.»

Ariane, que peut-on dire de ce 7e album?

Celui-ci s’est pointé sans avertir, parce que je l’ai écrit au début de la pandémie, en même temps que le projet SOMMM. J’avais envie de revenir à l’essentiel, à la source. Au départ, ça devait être des chansons originales et complément­aires au spectacle solo piano-voix sur lequel je travaillai­s pour les 20 ans de mon premier album, Aquanaute, mais c’est devenu un disque à part entière.

Pourquoi le titre Incarnat?

Incarnat signifie «dans la chair». C’est un groupe de couleurs, une palette entre le rouge, le rose et l’intérieur de la chair. J’ai découvert ce mot par un concours de circonstan­ces incroyable. Un soir, en revenant du chalet, j’ai été happée par la beauté renversant­e d’un coucher de soleil. Le lendemain, je lis sur l’incarnat dans un magazine de photograph­ie, où j’ai compris ces couleurs-là. J’ai trouvé que le mot était beau. Ce disque est aussi intemporel; il n’est pas associé à une mode ou à un courant.

À l’écoute de ce disque, on remarque effectivem­ent un retour à l’essentiel, autant dans la musique que dans les textes. Tu t’adresses à ta conjointe, Florence, à tes fils, à tes parents... Qu’est-ce qui t’a amenée vers ça?

C’est une bonne question. Je dirais: l’idée de la filiation, du rite de passage, de penser à mes parents et à ce qui découle de mon lien avec eux. On dirait que, au cours de la création de ce disque, il y a quelque chose qui s’est dessiné en moi, ma façon de voir ma place en tant que fille et maman à la fois, et cette transmissi­on-là. La chanson Distance met un peu le doigt sur le lien qu’on a avec nos parents, ce qui m’a amenée à réfléchir à mon propre lien avec mes enfants. Il y a aussi une chanson pour Florence, la femme de ma vie, pour ce couple qui dure depuis 15 ans, cette histoire d’amour qui continue d’avoir de la sève, qui

inspire et qui mène à de belles réflexions, et tout ça dans un parcours qui n’est jamais vraiment abouti. Florence et moi, on a une relation qui s’étale dans la longévité, avec ses zones de clairs-obscurs et beaucoup de points lumineux. Tout ça donne un album en quête de vérité, un peu comme si je me regardais dans le miroir à 41 ans pour faire le portrait de mon existence.

Justement, dans quel état d’esprit as-tu fait cet album?

C’est fou, mais c’est comme le yin et le yang, parce que dans la même période, je faisais le projet festif de SOMMM et je travaillai­s sur ce disque, qui est plus introspect­if. J’avais besoin de vivre ces deux extrêmes en même temps et j’ai donc fait ces disques en parallèle. En pleine pandémie, j’avais besoin de ces moments à moi, seule en studio, à dessiner mon album. J’avais ce besoin aussi de contrebala­ncer l’effet pop et léger de SOMMM par quelque chose de plus intime. C’est un album de réconfort, un album intemporel. Ces chansons viennent aussi mettre un baume sur ce que nous vivons en ce moment.

Sur Incarnat, tu collabores avec l’auteure-compositri­ce-interprète Lou Doillon. Comment est née cette collaborat­ion?

Ç’a été super fluide. Lou Doillon est une amoureuse du Québec et elle connaît bien Montréal. Elle est venue enregistre­r dans le Mile-End et on a des amis en commun. Quand on a pris le téléphone pour se parler, c’était comme si on était des copines; on a tout de suite été à l’aise de travailler ensemble. J’ai vraiment aimé qu’elle participe au disque, parce que cette fille n’a pas besoin de notoriété; elle l’a fait pour le plaisir de la création. Elle est vraiment polyvalent­e et elle a un timbre de voix unique. Je me pinçais un peu en collaboran­t avec elle sur la pièce Jamais trop tard. (NDRL: Ensemble, les deux artistes reprennent la chanson Everybody’s Gotta Learn Sometime du groupe The Korgis, popularisé­e par Beck sur la bande sonore du film Eternal Sunshine of the Spotless Mind, le temps d’une adaptation en français.) J’ai voulu adapter cette chanson en français, car j’ai toujours adoré cette pièce. J’ai eu envie de la faire en duo, et j’ai alors pensé à Lou et à sa voix unique.

Tu célèbres cette année 15 ans de relation avec ta conjointe, Florence. Vous avez trois enfants ensemble. Est-ce la vie dont tu rêvais, plus jeune?

J’ai toujours voulu des enfants. Déjà très jeune, quand je gardais des enfants, je savais que j’en voulais. Me voilà avec trois fils, et ils sont ce que j’ai de plus précieux. Pour ce qui est d’une relation qui dure dans le temps, je souhaitais vivre ça. J’aspirais à une relation stable et continue. Pour moi, offrir à mes enfants la stabilité de deux parents qui s’aiment, c’est le défi ultime. Ce n’est pas si facile tout le temps, mais c’est un engagement, et ça augmente les chances que ça fonctionne quand les deux personnes en font une priorité. Pour moi, la famille a toujours été quelque chose d’important et ça donne un sens à ma vie. En même temps, le désir d’être parent est parfois paradoxal, parce que c’est beaucoup de travail. Par exemple, les cours de ski les fins de semaine, la course pour s’y rendre... Des fois,

«Il y a une chanson pour Florence, la femme de ma vie, pour ce couple qui dure depuis 15 ans, cette histoire d’amour qui continue d’avoir de la sève, qui inspire et qui mène à de belles réflexions...»

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 ??  ?? L’été dernier, à la campagne avec ses trois fils.
L’été dernier, à la campagne avec ses trois fils.
 ??  ?? Une des magnifique­s photos de couple d’Ariane et Florence.
Une des magnifique­s photos de couple d’Ariane et Florence.
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