7 Jours

Mylène St-Sauveur

«J’ai juste essayé de lâcher prise»

- PAR Samuel Pradier

Mylène St-Sauveur est comédienne jusqu’au bout des ongles, totalement investie dans ses personnage­s et son métier. La dernière année l’a toutefois un peu ébranlée dans ses conviction­s. Même si elle a beaucoup travaillé, les quelques mois de recul en confinemen­t lui ont permis de remettre ses priorités en perspectiv­e.

Mylène, on peut vous voir dans la série Alertes. Votre personnage se dévoilera-t-il un peu plus durant la saison?

Le nouveau format de la série permet de creuser un peu plus l’intimité des personnage­s, mais ce qui est particulie­r pour Lily-Rose, c’est qu’il y a encore une part de mystère autour d’elle. C’est une fille très autonome, dévouée et impliquée dans son travail. En fait, sa vie se résume à son travail. On la voit un peu moins dans son quotidien, comparé à Renaud (Frédéric Pierre) ou à la capitaine Duquette (Sophie Prégent). Lily-Rose évolue beaucoup plus dans son milieu de travail. C’est bien de ne pas tout dévoiler dès le départ; le point de vue changera au fil des épisodes. Je pense que l’auteure ne veut pas tout dire pour le moment.

Comment avez-vous abordé cette nouvelle saison, après Alerte Amber?

Pour moi, ce personnage est très intéressan­t, car j’essaie encore de trouver ses failles. Elle semble tellement rationnell­e et cartésienn­e! Elle n’est pas du tout dans l’émotif. C’est particulie­r de jouer ce genre de femme, car je dois inventer des choses qu’on ne voit pas à l’écran pour justifier certaines réactions ou certains comporteme­nts. C’est le fun, parce que j’apprends à la découvrir au même rythme que les spectateur­s. Ça me demande aussi de toujours rester vigilante et de m’assurer que je ne tombe pas dans une ligne trop émotive. J’aime la garder très rationnell­e.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le fait de jouer une policière?

On essaie de montrer le côté humain et sympathiqu­e de la profession. On veut vraiment que ce duo Renaud– Lily-Rose fonctionne à l’écran, qu’ils aient l’air d’être deux partenaire­s qui ont du fun ensemble. C’est aussi plaisant pour moi de jouer complèteme­nt autre chose que ce que j’ai fait avant. Je ne suis pas la blonde ou la femme de quelqu’un. Mon personnage est autonome et n’a besoin de personne. Je trouve ça le fun d’aller ailleurs et de chercher

quelque chose au fond de moi. Je dois la travailler différemme­nt.

Avez-vous des nouvelles sur votre avenir dans L’heure bleue, qui devrait revenir à l’automne?

Je sais qu’on doit entamer les tournages d’une demi-saison, soit 12 épisodes, ce printemps. On aurait dû tourner au printemps dernier, mais, en raison de la pandémie, tout a été repoussé. Par contre, je ne sais pas du tout ce qui va se passer, je n’ai pas encore eu les textes. La production veut tellement faire une belle finale que je ne sais rien pour le moment. On devrait recevoir les textes sous peu.

Vous avez par contre dû faire le deuil de votre personnage dans Les pays d’en haut. Tournez-vous facilement la page d’un projet?

Ça dépend des personnage­s, il y en a que j’ai portés plus longtemps ou qui m’ont demandé un défi supplément­aire. Dans ces cas-là, ça vient davantage me prendre au coeur quand je dois arrêter de les jouer. C’était le cas, par exemple, à la fin de la tournée, lorsque je jouais le Journal d’Anne

Frank au théâtre. C’est un projet important dans ma vie et dans ma carrière. Même chose pour la série Hubert et Fanny, qui a été mon premier grand rôle à la télé. Pour Les pays d’en haut, j’ai l’impression d’avoir fait mon deuil à chaque fin de tournage, car on nous répétait souvent que c’était la dernière. Par magie, on apprenait quelques mois plus tard qu’on revenait. J’avoue avoir beaucoup aimé travailler sur cette série. Jouer une série d’époque, c’est tellement le fun, et c’est rare que ça arrive! Je suis contente d’avoir pu le faire.

Votre prochain rôle d’époque va se jouer au théâtre, dans Le roman de monsieur de Molière, où vous allez jouer la femme de Molière au TNM. Quel défi ce rôle représente-t-il?

Le roman de monsieur de Molière est une pièce de théâtre qui devait être jouée cet hiver au Théâtre du Nouveau Monde, mais qui a été repoussée à l’hiver 2022. En attendant, la production a eu l’idée de raconter le processus de création de la pièce à travers un documentai­re, qui a récemment été présenté en webdiffusi­on. Dans la pièce, je joue Armande Béjart, la seule femme que Molière ait mariée. Mais une rumeur court selon laquelle Armande serait en fait la fille de Madeleine Béjart et Molière. On aborde donc le sujet de l’inceste et ça laisse place à de belles discussion­s. Selon moi, Boulgakov, l’auteur de la pièce, marque au fer rouge ce personnage en annonçant directemen­t que c’est la fille de Molière. Avant même qu’elle ouvre la bouche, elle est donc étiquetée comme étant le fruit de l’inceste. C’est vraiment intéressan­t à jouer.

Comment avez-vous vécu les derniers mois?

J’ai été très privilégié­e et je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde. Il y a des projets qui ont été repoussés et d’autres que j’ai dû annuler parce que j’avais des conflits d’horaire. On ne peut pas tout faire en même temps. Juste avant la pandémie, j’avais décidé de m’équiper d’un micro profession­nel pour pouvoir faire des voix à la maison, ça m’a pas mal sauvée pendant le confinemen­t. J’ai pu créer, dans mon garde-robe, un studio qui m’a permis de travailler sans sortir de la maison.

N’avez-vous pas été affectée par la situation?

J’ai juste essayé de lâcher prise. Je n’avais pas envie de développer de l’anxiété, je me suis mise à marcher plus souvent dehors, j’ai fait plus de yoga... J’ai essayé d’être résiliente en me disant que je ne pouvais rien contrôler. Mais je pense que si j’ai réussi à traverser cette période, c’est parce que j’ai pu travailler quelques heures par mois en faisant des voix. Ça m’a gardée active sur le plan créatif. J’ai aussi pu prendre du temps pour moi.

Diriez-vous que cette pause obligatoir­e a aussi pu avoir un effet bénéfique?

Je peux dire que j’étais finalement contente d’arrêter, car j’ai dernièreme­nt eu de grosses années, notamment avec l’émission Nordik, qui m’a fait beaucoup voyager. J’ai pu me reposer et revoir mes priorités. J’ai enfin eu du temps pour moi, pour penser où je voulais aller et me poser la question de ce que je voulais faire pour l’avenir. Il y a beaucoup d’autres affaires que j’ai envie d’apprendre dans la vie.

Alertes, lundi à 21 h, à TVA. La dernière saison des Pays d’en haut est offerte sur Tou.tv Extra.

«Je me suis demandé ce que je voulais pour l’avenir. Il y a beaucoup d’autres affaires que j’ai envie d’apprendre dans la vie.»

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