7 Jours

Jean-François Pichette

«JE SUIS CONSCIENT DE MA CHANCE»

- PAR Michèle Lemieux PHOTOS: BRUNO PETROZZA • MAQUILLAGE-COIFFURE: VÉRONIQUE PRUD’HOMME

Lorsque le premier confinemen­t est survenu et que tout s’est arrêté, Jean-François Pichette s’est senti dédouané: il avait le droit de mettre le travail de côté pour se consacrer essentiell­ement à ses passions manuelles, qui sont nombreuses! Puis, après quelques mois de répit particuliè­rement bénéfiques, l’acteur a eu le privilège de reprendre les tournages. Parmi eux, la très attendue série policière Portrait-robot, offerte sur Club illico.

Jean-François, on peut te voir dans Portrait-robot, une nouvelle série policière. Peux-tu nous donner un avant-goût de la série?

Oui, c’est une idée magnifique de Sophie Lorain et Alexis Durand-Brault, qui ont participé au scénario et qui produisent la série. Ce sont cinq intrigues qui se concluent toutes sur deux épisodes, pour un total de 10. Je fais donc partie de deux épisodes. Je joue un personnage qui est en prison. C’est un tueur en série qui veut se repentir. Il a commis un meurtre pour lequel il n’a pas été accusé et veut aider les policiers à retrouver le corps. Comme il a un cancer du cerveau, il est plutôt confus. C’est une offre des plus intéressan­tes pour moi qui joue généraleme­nt les bons gars… (sourire)

Ça fait du bien d’être vu autrement?

Oui, car en tant qu’acteurs, nous avons le désir de jouer des personnage­s qui ne sont pas nécessaire­ment proches de nous. C’est un très, très beau personnage et j’ai adoré le travailler. Incarner un personnage comme celui-là, c’est un cadeau, et j’étais très heureux qu’on me le confie.

Il existe toujours une belle entente entre Sophie et toi sur le plan profession­nel?

Nous nous connaisson­s bien. J’ai travaillé avec elle comme actrice, mais elle m’a aussi dirigé dans Nouvelle adresse. Nous nous sommes croisés à quelques reprises. Nous avons joué ensemble dans Plan B et dans Fortier, pendant cinq ans.

Justement, Fortier célèbre ses 20 ans cette année et reprend l’antenne sur Club illico. C’est un beau retour pour une série qui a été tellement aimée?

Ça aussi, ç’a été un beau cadeau dans ma carrière. On se demandait si le policier que je jouais était un bandit ou un policier. C’était une série fantastiqu­e, avec des camarades acteurs extraordin­aires! Quand on tourne pendant cinq ans sur un projet, ça crée des liens. Tout le monde a vraiment aimé travailler sur Fortier. Encore aujourd’hui, ça reste une belle série originale de Fabienne Larouche.

«Portrait-robot était une offre des plus intéressan­tes pour moi qui joue généraleme­nt les bons gars.»

Ton personnage dans cette série a été déterminan­t dans ta carrière, je présume...

Ma carrière existait avant, entre autres parce que j’avais participé à Virginie, mais ç’a été tellement populaire et vu par tant de gens que ça m’a donné de la visibilité. Comme mon personnage était loin de ce qu’on m’avait vu faire, ça m’a permis de jouer plein d’autres rôles par la suite. Les gens avaient constaté que j’étais un acteur polyvalent qui avait une vaste palette de jeu.

Ce projet a-t-il changé ton lien avec le public?

Oui. Les gens ont commencé à me reconnaîtr­e avec Virginie, mais dans la rue on me parlait beaucoup de Fortier. Les gens ont toujours été sympathiqu­es. Je n’ai jamais eu de problème avec le fait que les gens m’abordent. C’est pour eux que nous travaillon­s. C’est agréable d’avoir du feedback. Lorsque je suis dans ma vie et que je vais faire l’épicerie, par exemple, je ne pense pas à ça. Les gens m’abordent, me saluent et j’oublie qu’on me reconnaît à cause de la télé! (rires) Il y a toujours un petit délai avant que je comprenne pourquoi… (sourire)

As-tu d’autres projets au programme, actuelleme­nt?

Nous termineron­s la série L’heure bleue au printemps. Les nouveaux épisodes seront diffusés à l’automne. Je participe aussi à une nouvelle série qui s’appelle Les moments parfaits, avec Catherine Trudeau, Denis Bernard et plusieurs autres. Compte tenu de cette période où les acteurs ne travaillen­t pas beaucoup, je me trouve très chanceux.

C’est un grand privilège par les temps qui courent?

Je suis chanceux et très reconnaiss­ant d’avoir ces possibilit­és. Aussi talentueux qu’ils puissent être, les acteurs et actrices ont tous des périodes tranquille­s, des moments sans travailler. Savoir qu’on a du travail devant soi, c’est rassurant. Lorsque j’ai débuté, j’avais pour objectif de me développer comme acteur et de gagner ma vie avec ce métier. J’ai eu des temps morts, mais, jusqu’à maintenant, j’y suis parvenu.

Comment as-tu traversé la pandémie? Vivais-tu des inquiétude­s?

Non, pas du tout. Je me suis dit: «Ouf! On fait une pause!» Personne ne travaillai­t, c’était un arrêt forcé. Au début, je ne savais pas combien de temps ça allait durer, mais j’ai senti un relâchemen­t bienfaisan­t. Je me suis dit que j’allais faire tout ce que je n’avais pas le temps de faire. J’ai construit plein de trucs, j’ai fait des travaux manuels, j’ai construit un mur de pierre. J’ai passé du temps chez nous, sur ma terre, et j’ai vraiment apprécié ces moments. J’ai vécu un très bel été. J’ai recommencé à travailler assez tôt à l’automne, en faisant des voix. Ça m’a permis de passer à travers.

Le fait de passer ce temps à la campagne a-t-il facilité les choses?

C’est vrai: j’ai la chance de vivre à la campagne. Je pensais à ces familles coincées dans des appartemen­ts sans balcon. Je suis conscient de ma chance.

Je n’ai pas trop senti l’enfermemen­t. Je pouvais jouer dehors. Malgré tout, parce que ça se prolonge, j’ai envie de rencontrer des gens, de voir des amis. Ça commence à me manquer. J’ai eu beaucoup de plaisir pendant quelques mois, mais j’ai maintenant besoin de travailler, de côtoyer mes camarades. C’est agréable de couper du bois, de jardiner, de fabriquer une table, mais ce n’est pas mon métier. Mon métier, c’est de jouer et j’ai envie de le faire. Le travail, c’est aussi le lieu pour rencontrer les autres. Je peux assumer une certaine solitude — même si ce n’est pas véritablem­ent la solitude, parce que je vis avec quelqu’un —, mais j’ai envie de voir du monde.

Manifestem­ent, tu as du talent pour les travaux manuels.

Oui, je suis manuel, mais suis-je talentueux? Je ne le crois pas. Je me suis construit un garage-grange. Ç’a été très long. J’avais envie de réaliser ce projet et je suis fier de l’avoir mené à terme. J’ai eu de l’aide, parce que c’est nécessaire, mais j’ai fait toute la base. C’est très satisfaisa­nt de fabriquer quelque chose. Comme acteur, on participe à la constructi­on d’une oeuvre, mais il y a une finalité. J’ai parfois envie de construire des choses, qu’elles existent, qu’elles soient pratiques et ressentir la fierté de les avoir bâties. En 2019, j’ai signé une mise en scène. J’avais le désir de créer quelque chose, du début à la fin, et de proposer ma vision avec d’autres créateurs. Je me suis rendu compte que je pouvais avoir une vision sur un texte et amener les gens à s’en approcher. J’ai beaucoup aimé mon expérience.

Que voudrais-tu réaliser dans l’année à venir?

Ma réponse est plutôt philosophi­que… J’aimerais que la pandémie nous permette de voir les choses différemme­nt face à la nature, au climat, à notre manière de consommer. Et j’espère continuer à avoir de beaux projets… (sourire)

Portrait-robot est offert sur Club illico. Les cinq saisons de Fortier sont aussi offertes sur la plateforme.

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«Lorsque j’ai débuté, j’avais pour objectif de gagner ma vie avec ce métier. J’ai eu des temps morts, mais, jusqu’à maintenant, j’y suis parvenu.»
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Fortier a été une belle carte de visite pour Jean-François.
Le comédien est méconnaiss­able dans le rôle d’un tueur en série dans Portrait-robot. Fortier a été une belle carte de visite pour Jean-François.
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