7 Jours

Michel Charette et Henri Chassé

- PAR MICHÈLE LEMIEUX • PHOTOS: PATRICK SÉGUIN MAQUILLAGE-COIFFURE: FRANCE BOULANGER

Jeune adolescent, Michel Charette se sentait appelé par ce métier, mais personne autour de lui n’était en mesure de le guider dans ce monde qui semblait si inaccessib­le. C’est Henri Chassé, professeur de théâtre à son collège, qui lui a confirmé son talent et lui a donné la confiance nécessaire pour poursuivre sur cette voie. Des années plus tard, l’acteur se sent toujours reconnaiss­ant envers son mentor, qui a contribué à changer sa vie. Ils réalisent d’ailleurs un vieux rêve ces jours-ci, alors que Michel interpréte­ra Alex dans Le vrai monde?, et qu’Henri assumera la mise en scène de ce grand classique de Tremblay.

«Henri a joué un rôle déterminan­t dans ma carrière. Je n’y croyais pas, mais lui, oui.» — Michel

Michel, parlez-nous des projets qui vous occupent actuelleme­nt.

Je suis de la pièce Le vrai monde?, qui a débuté au Rideau Vert le 20 avril. Nous avons terminé les tournages de District 31 plus tôt au printemps. Ça fait du bien, car c’est un gros marathon, et plus particuliè­rement cette année, compte tenu des contrainte­s sanitaires. Ç’a été épique, mais nous sommes passés au travers de cette cinquième saison. Je dois aussi écrire une pièce pour le Théâtre des Hirondelle­s avec François Chénier. Je ne peux pas me plaindre! Je joue dans des projets qui cartonnent, je suis heureux de ce qui m’arrive et je me sens privilégié.

Henri, de votre côté, quels sont vos engagement­s?

Neuf, la pièce de Mani Soleymanlo­u, a été reportée deux fois. Nous allons la présenter en tournée l’année prochaine. Cet été, je vais tourner avec Xavier Dolan dans une série adaptée de la pièce de Michel Marc Bouchard, La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. J’ai aussi d’autres projets de théâtre et j’écris. Durant la pandémie, ça m’a sauvé. Lorsque tout a fermé, nous commencion­s la tournée de Neuf, qui n’a duré qu’un soir… J’ai aussi tourné dans Après, une belle série avec Karine Vanasse qui sortira bientôt.

Revenons aux origines de votre amitié. L’histoire est singulière, n’est-ce pas?

MICHEL: Effectivem­ent. J’ai vu Henri jouer un Shakespear­e chez DenisePell­etier quand j’avais 12 ans. Au secondaire, j’étudiais au Collège des Eudistes, qui est aujourd’hui le Collège Jean-Eudes. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire ce métier. Un jour, un nouveau prof de théâtre s’est joint à nous. Ce jeune homme, c’était Henri Chassé, qui devait avoir 24 ou 25 ans à l’époque. J’en avais 14 ou 15. Je voulais faire cette activité parascolai­re. Je voulais pratiquer ce métier dans la vie, mais je n’avais pas confiance en moi. J’avais

l’impression qu’il fallait mesurer 6 pi et 2 po, avoir les cheveux blonds et les yeux bleus... Le cliché! C’est Henri qui m’a fait comprendre que des gars avec mon physique, ça ne pleuvait pas dans le métier et que ça prenait de la diversité culturelle et corporelle. Henri m’a confirmé que j’avais le talent nécessaire pour faire ce métier. Il a proposé de m’aider si je voulais vraiment y accéder. C’est lui qui m’a expliqué qu’il y avait des écoles de théâtre. Il a proposé de me coacher pour mes auditions. Comme il le disait si bien, il ne m’aurait pas envoyé aux auditions s’il n’avait pas été convaincu que j’avais le talent qu’il fallait pour les faire...

J’en déduis que les auditions se sont bien déroulées?

M.: Oui, Henri m’a coaché pour les écoles de théâtre et j’ai été accepté au Conservato­ire. Lors du spectacle des finissants, nous devions choisir notre metteur en scène. J’ai suggéré que ce soit Henri, alors il a signé la mise en scène de notre spectacle. Les finissants des écoles de théâtre font les Auditions générales du Quat’sous et les profs de l’école nous coachent en prévision de cet événement. Personnell­ement, je sentais qu’il fallait que je les fasse avec Henri, car il est le premier à m’avoir donné confiance en moi. Il me connaissai­t et savait comment me diriger. J’ai fait mes auditions et ça s’est très, très bien passé. J’avais si bien performé que j’avais déjà obtenu deux rôles pour la télévision. Le reste fait partie de l’histoire…

Avez-vous eu l’occasion de jouer ensemble durant votre carrière?

HENRI: Nous avons peu travaillé ensemble. Nous avons joué une scène dans Radio-Enfer, deux ou trois scènes dans District 31, mais sans plus. Nous nous perdons souvent de vue durant de longues périodes, mais lorsque nous nous retrouvons, c’est comme si c’était la veille.

Henri, vous aviez à coeur de donner un coup de pouce au jeune Michel?

H.: Oui, car à mon avis, la transmissi­on est essentiell­e. Guy Mignault a été un mentor pour moi. Je l’ai rencontré alors que j’étais au cégep. Comme Michel, je ne viens pas de ce milieu. Il pouvait donc nous paraître inaccessib­le… Nous ne connaissio­ns rien au métier. Je me souviens du regard de l’orienteur lorsque je lui avais dit vouloir devenir acteur… À l’époque, la plupart des gens avaient une sécurité d’emploi, alors vouloir travailler dans un domaine où il n’y en avait pas pouvait sembler étrange.

M.: La perception a changé, mais à l’époque, ce métier n’était pas valorisé. Les gens nous demandaien­t si nous voulions manger du beurre de peanut pour le reste de nos jours… Heureuseme­nt, ç’a été bien accepté par mes parents. Mon père m’a dit qu’il était prêt à prendre en charge les frais nécessaire­s pour que je puisse

«Nous nous perdons souvent de vue, mais lorsque nous nous retrouvons, c’est comme si on s’était vus la veille.» — Henri

devenir acteur. Puis, Henri a joué un rôle déterminan­t. Il a été mon mentor et il a changé ma vie. Je n’y croyais pas, mais lui, il y croyait plus que moi. Il n’a jamais cessé de m’encourager.

Quelle est la plus belle leçon d’Henri que vous avez retenue?

M.: L’attitude. Dans ce métier, on joue, et parce qu’on joue, ce n’est pas nécessaire de se morfondre et que ça fasse mal. Ces propos m’ont toujours beaucoup parlé. Avec Henri, tout a toujours été simple.

Qu’admirez-vous l’un chez l’autre?

M.: Qu’il joue la comédie ou le drame, Henri est un acteur vrai. Je me suis toujours inspiré de ça. Lorsque je l’ai rencontré, j’étais déjà impression­né par sa carrière, entre autres parce qu’il a énormément joué au théâtre.

Michel joue plus vrai que nature. Comme dirait Guylaine (Tremblay), c’est quasiment du documentai­re! (rires) Lui et elle ont tous deux un rapport au métier, un talent, une vérité et une belle attitude semblables.

M.: C’est Henri qui m’a inculqué ça.

H.: J’ai besoin d’encouragem­ents dans la vie. J’ai été encouragé, alors j’encourage beaucoup. Généraleme­nt, il n’y a pas des tonnes de personnes marquantes dans une vie.

M.: Moi, j’en ai trois: Henri, Louis Saia et Lucie Robitaille. Ces trois personnes ont été extraordin­aires avec moi…

Le vrai monde?

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