7 Jours

Sébastien Ricard

- PAR DANIEL DAIGNAULT

Sébastien Ricard est un acteur choyé. En plus de son rôle dans Une autre histoire, qui pique la curiosité des gens, on pourra bientôt le voir dans le touchant long métrage Le club Vinland, qui reprendra l’affiche sous peu. Un film dans lequel, nous dit-il, il a été appelé à interpréte­r un magnifique personnage.

Sébastien, Le club Vinland raconte une histoire inspirante; on ne dit que du bien de ce film québécois!

Oui, c’est cool! Je l’ai vu l’automne dernier au Festival du film de Rouyn et j’étais super content. Sérieux, j’ai trouvé ça vraiment bon. D’habitude, je trouve difficile de me voir, mais là, j’arrivais à m’oublier et à regarder le travail de tout le monde. Oui, le film est bon, le scénario est écoeurant, et c’est super beau parce qu’il y a tellement d’histoires scabreuses sur les écoles de prêtres, ce qui n’est pas du tout le cas ici. On est vraiment dans une histoire de passation de passion. Je joue le rôle d’un enseignant qui est passionné par ce qu’il fait et par l’archéologi­e, et qui travaille avec des enfants de milieux défavorisé­s. Il est convaincu que ce sont des enfants comme ils devraient tout le temps être, c’est-à-dire qui ont tout en eux pour se dépasser.

Et tu joues le rôle principal de ce film?

Oui, je joue le frère Jean, qui enseigne à ces enfants-là et qui invite certains d’entre eux à un club d’archéologi­e. L’un des personnage­s principaux, joué par Arnaud Vachon, arrive à cette école, et il n’a pas vraiment envie d’être là. Son père est parti à la guerre — et est probableme­nt décédé — et il vit avec sa mère, incarnée par Émilie Bibeau. C’est un enfant qui en arrache un peu. Le frère Jean le prend sous son aile et l’amène au club Vinland. Finalement, il réussira à l’éveiller à travers ça.

Ton personnage, le frère Jean, tranche un peu sur les autres frères du collège...

Ce qui est intéressan­t, c’est qu’il a une approche assez moderne de l’éducation, et c’est ce qui est beau dans le scénario. On sent bien, à travers lui et le personnage d’Émilie Bibeau, que le Québec est en train de changer. Ça se passe à la fin des années 1940, une décennie quand même conservatr­ice, mais on sent qu’il y a quelque chose de précurseur dans ce personnage. Évidemment, il est en conflit avec les autorités cléricales de son école et on lui demande de la jouer un peu plus mollo. C’est beau, c’est super bien fait, et le personnage que je joue est magnifique. Il a un caractère noble, je n’avais jamais joué quelque chose comme ça.

Y a-t-il des similitude­s à faire avec les films Les choristes ou La société des poètes disparus?

Je n’ai pas vu Les choristes mais, oui, peut-être un peu avec La société des poètes disparus parce que le personnage de Robin Williams a aussi des problèmes avec la direction de l’école et que ses élèves s’éprennent beaucoup de lui. Mais le personnage que je joue n’est pas excentriqu­e comme celui qu’il jouait, et mes élèves sont aussi plus jeunes. C’est vraiment un film à la fois populaire et accessible.

Est-ce agréable de jouer un personnage aussi enflammé que le frère Jean?

Oui, il est passionné par l’archéologi­e, et son club s’appelle Vinland, comme le territoire longtemps cherché prouvant la présence des Vikings en Amérique. Il a été prouvé qu’ils sont arrivés à Terre-Neuve, à l’Anse aux méduses, qu’eux appelaient L’Anse aux Meadows. On sait qu’ils se sont bien installés là, et il y a plein de gens qui supputent qu’ils sont peut-être même descendus jusqu’à l’île d’Orléans. Le frère Jean, comme plusieurs personnes, s’est passionné pour ça.

On devine que ses élèves vont être entraînés par sa passion?

Tout à fait, mais plus que ça: il transmet sa passion pour la curiosité et pour l’éveil. Le personnage d’Arnaud se bat contre vents et marées. Il vient d’un milieu défavorisé, mais il va devenir archéologu­e.

Tu as été la vedette du film Dédé, à travers les brumes en 2009, dans lequel tu incarnais Dédé Fortin. J’imagine qu’on t’en a beaucoup parlé?

Oui, je m’en fais beaucoup parler, et en bien. Les gens étaient contents que le film soit réussi, c’était une inquiétude. Aussi, il a permis de faire découvrir les Colocs à une autre génération.

On va aussi te voir dans le film Maria Chapdelain­e en septembre...

Effectivem­ent. C’est d’abord un super beau roman, que j’avais lu plus jeune et que j’ai relu avec beaucoup de bonheur. Samuel Chapdelain­e, le personnage que je joue, veut toujours s’en aller plus loin dans le bois pour partir une autre terre. Aussitôt qu’il commence à y avoir du monde qui s’installe autour, il est pris entre cette espèce de volonté de s’enraciner et l’appel du bois et de la solitude. Ça m’a fait vraiment triper et c’était le fun de jouer ça. C’est un personnage de peu de mots.

Vous avez tourné au Saguenay?

Au Lac-Saint-Jean, tout près de Saint-Félicien. On n’était pas loin de Péribonka, le lieu où a été écrite et où se situe l’histoire de Maria. C’était important pour le réalisateu­r, Sébastien Pilote, d’avoir les sols, les ciels et les couleurs. Le tournage du film s’est fait sur deux bonnes saisons et on en évoque trois au final. L’hiver est vraiment présent et ç’a été un bel hiver 2020. On a commencé à tourner en février et on est revenus alors que la pandémie débutait. On a repris en août 2020 pour les scènes du printemps et de l’été.

Que peux-tu dire de ton personnage de Vincent dans Une autre histoire?

On sait qu’il a acheté le café et qu’il a un crush sur Karla. C’est drôle, mais je pense que parce qu’il a malgré tout une grande amitié avec Anémone, c’est comme un lieu qui est important et significat­if pour lui et que c’est pour ça qu’il a acheté le café, qu’il s’installe et qu’il veut faire sa vie là.

C’est un personnage qui a plusieurs couleurs et qui est même parfois difficile à saisir, non?

Ce qui est particulie­r avec Vincent, c’est qu’on voit bien depuis le début qu’il

«Ce qui est particulie­r avec Vincent dans Une autre histoire, c’est qu’on voit bien depuis le début qu’il peut être obsessif...»

peut être obsessif. Quand il veut quelque chose, il a tendance à aller jusqu’au bout, et j’ignore comment ça va se passer avec Karla de ce côté-là. J’aime beaucoup l’aspect thanatopra­xie du personnage, ça lui donne de l’épaisseur, ça structure beaucoup sa personnali­té.

Vincent a pardonné à Anémone d’avoir tué sa soeur. Crois-tu qu’il est possible de pardonner ainsi?

C’est vrai que c’est intense, et je vais te dire que je ne pense pas que ce soit complèteme­nt réglé, cette affaire-là. J’ai de la misère à penser que ce soit possible. La tentative de se lier avec Karla, qui a l’air de ne pas pouvoir fonctionne­r, qu’est-ce que ça veut dire? C’est une manière de se rapprocher davantage d’Anémone pour essayer de mieux comprendre? Il ne peut peut-être pas pardonner, mais on dirait qu’il est attiré par la personne qui a posé un tel geste. Plutôt qu’une réaction de répulsion, il essaie de se rapprocher pour mieux comprendre ce qui est arrivé, pour avoir plus de détails, parce que c’est la dernière personne à avoir vu sa soeur vivante? Je ne sais pas! Ça nuance et ça complexifi­e la relation entre les deux...

Mis à part ton travail de comédien, qu’arrive-t-il à la musique, à Loco Locass?

Eh bien, le rappeur est beaucoup plus calme qu’avant, pour toutes sortes de raisons! On a tourné pendant presque 20 ans sans discontinu­er, on a eu des enfants — Biz en a deux, j’en ai deux —, on avait beaucoup travaillé aussi et quand on a des enfants, on ne peut pas toujours avoir le même rythme. Donc, ça s’est calmé un peu de ce côté-là. Je ne peux pas te dire que l’aventure de la musique est terminée, et je ne peux pas te dire qu’elle va recommence­r. C’est une décision qui n’appartient pas qu’à moi.

Le club Vinland a été retiré des salles de cinéma en raison de la crise sanitaire, et ce, pour une durée indétermin­ée. Info: lesfilmsop­ale.com.

Maria Chapdelain­e sortira en salle en septembre.

Une autre histoire, de retour à l’automne, à Radio-Canada.

«Je ne peux pas dire si l’aventure de la musique est terminée ou si elle va recommence­r. C’est une décision qui n’appartient pas qu’à moi.»

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• PHOTOS: BRUNO PETROZZA • MAQUILLAGE-COIFFURE: FRANCE BOULANGER
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