7 Jours

Jean-Philippe Wauthier

- PAR Patrick Delisle-Crevier

Depuis le début du mois d’avril, Jean-Philippe Wauthier est de retour à la barre d’une nouvelle saison de Bonsoir, bonsoir!. Dans cet entretien, il s’ouvre à nous à propos de sa carrière, de ses enfants, de sa vie de papa célibatair­e et du travail qu’il a eu à faire pour montrer qu’il était plus qu’une belle gueule.

Jean-Philippe, comment vas-tu? Je vais bien. Les premières semaines de Bonsoir, bonsoir! ont très bien été et je suis content. J’ai l’impression d’avoir rapidement trouvé mon ton en ce début de saison et je suis vraiment heureux. J’ai eu beaucoup de plaisir à vivre ces premières semaines. L’année dernière, nous étions tellement dans une drôle d’ambiance et dans l’urgence que ça fait du bien, cette année, de pouvoir mieux préparer l’émission. On dirait que c’est plus motivant; ça permet de mieux en profiter.

À quoi peut-on s’attendre de cette nouvelle saison?

C’est quand même plus lumineux qu’avant. On a passé une saison sous le signe de la pandémie et de la tragédie sociale. Cette fois, j’ai l’impression qu’on s’en va vers la lumière et vers la fin de cette pandémie. Le ton est donc différent, on est dans l’espoir. Et, tout en respectant les règles, les choses vont pour le mieux. On a gardé ce qui fonctionna­it l’année dernière. René Angélil disait: «On ne change pas une formule gagnante», et je pense que nous en avons trouvé une bonne. Évidemment, nous allons essayer de bonifier le tout, de prendre notre temps avec les invités... Alors je dirais que, cette année, l’émission sera encore meilleure que l’année dernière.

On a beaucoup critiqué la première saison de Bonsoir, bonsoir!. As-tu trouvé ça difficile?

Je sais que tout le monde a quelque chose à dire sur tout. Mais tout va tellement vite dans un spectacle d’été. Il y a eu un moment où les gens ne savaient pas s’ils aimaient ça ou non. Ensuite, ils ont embarqué et j’ai vite oublié leurs critiques. Tout allait si vite que je n’ai pas eu le temps de trop m’en faire. Je croulais sous le travail, alors je n’ai pas souffert des critiques.

Est-ce que ç’a été difficile de porter une telle émission sur tes épaules?

Ce qui a été dur, c’est qu’on nous donne quelque chose de gros. Comme je n’ai pas 25 ans de télévision derrière la cravate, c’est parfois difficile de savoir quoi garder de ma personnali­té et de ne pas trop me perdre dans tout ce qu’on me conseille. Le défi est de rester soi-même et de ne pas se perdre dans les autres. Mais il faut aussi être capable de prendre ces conseils-là et d’évoluer dans tout ça. Cette année, j’ai trouvé ce que je voulais, ce que j’aimais et je suis capable de voir mes défauts. Ça m’a aussi pris deux ans à Deux hommes en or pour trouver mon ton et m’imposer.

«LE DÉFI AVEC CE MÉTIER, C’EST DE RESTER SOI-MÊME ET DE NE PAS SE PERDRE DANS LES AUTRES.»

Dirais-tu que tu es un animateur différent de celui de la première saison?

Oui. Je sais beaucoup plus ce que j’aime et ce que j’aime moins, et j’ai développé une plus grande capacité d’écoute. Je suis beaucoup plus en maîtrise lors des entrevues. C’est simple: plus on en fait, plus on s’améliore.

Est-ce que c’était dans tes ambitions d’avoir un jour ton émission estivale?

En fait, il y a eu une période où je ne savais pas du tout ce que je voulais faire dans la vie. J’ai eu beaucoup de mal à me trouver, à trouver mes qualités et même à me trouver une passion. J’ai toujours admiré les gens qui ont une passion, un talent et qui s’y dévouent. Un de mes bons amis est Louis-José Houde, et ce que je respecte chez lui, c’est sa passion, son sérieux et sa façon de se dévouer à son métier. Je trouve ça beau et, quelque part, je l’envie. Moi, je n’ai jamais eu ça. Pendant longtemps, je ne savais pas dans quoi j’étais bon. Je suis vraiment tombé dans ce métier par hasard, en débutant par un site Web. Alors je n’aurais jamais imaginé avoir mon émission.

Enfant, que rêvais-tu de faire dans la vie?

(Rires) J’ai longtemps voulu devenir diplomate, et je pense que j’aurais été bon. J’ai travaillé à l’UNESCO pendant un petit bout, ainsi qu’au gouverneme­nt. La diplomatie, c’est quelque chose qui m’intéresse. Puis, un jour, est arrivé le projet fou de sites puis de balados Sportnogra­phe avec

«IL Y A EU UNE PÉRIODE OÙ JE NE SAVAIS PAS DU TOUT CE QUE JE VOULAIS FAIRE DANS LA VIE. J’AI EU DU MAL À TROUVER MES QUALITÉS ET MÊME À ME TROUVER UNE PASSION.»

des amis. Ensuite, de fil en aiguille, on est arrivées à la radio puis à la télé.

L’émission La soirée est encore jeune est de retour année après année. Te vois-tu faire cette émission encore longtemps?

Nous plaisanton­s beaucoup, mais c’est tellement un privilège de faire cette émission-là. Tout ce qu’on nous permet de dire et de faire, c’est un espace de liberté infini et c’est quelque chose qui n’existe pas ailleurs. Chaque fois, je me questionne sur mon envie de continuer ou non, mais je me conforte en pensant à cette liberté. C’est trop unique pour que je sois capable de la reproduire ailleurs, donc je reste fidèle au poste. Visiblemen­t, l’auditoire ne se tanne pas, et donc nous non plus.

Vous enregistri­ez cette émission en direct et devant public dans un bar. Est-ce difficile, maintenant, d’animer chacun de votre côté?

Une fin de semaine sur deux, quand je n’ai pas mes enfants, je suis en studio, on est en distanciat­ion à six pieds les uns des autres, et c’est le fun d’être ensemble. Mais il a fallu trouver une erre d’aller sans le public, ce n’est pas la même chose sans lui. D’un autre côté, je remarque qu’on est moins tolérants aux sorties sociales. On va se promener au parc puis on rentre à la maison et on se dit: «Ouf! je suis correct pour les deux prochains jours!» alors qu’avant, on avait des

5 à 7 chaque soir. Maintenant, je fais mon émission de radio de chez moi. Je couche mes enfants et je me dis que c’est bien parfait comme ça. C’est ma nouvelle normalité et je ne déteste pas ça du tout.

Tu as une émission de radio, tu as animé Les Gémeaux, tu as ton émission estivale... Qu’est-ce qu’il te reste à accomplir?

C’est une bonne question. Chose certaine, j’aimerais durer. La prochaine étape, pour moi, c’est d’offrir une émission d’informatio­n qui me ressemble. J’aime les nouvelles, j’aime l’actualité et j’aimerais arriver avec quelque chose qui a ma saveur à moi, avec une touche d’humour, en m’amusant à le faire. Je pense qu’il y a un juste milieu entre les nouvelles et le divertisse­ment, et j’aimerais proposer quelque chose qui se situe à cet endroit-là.

Tu as parlé de tes enfants un peu plus tôt. Comment ça se passe, la vie de papa en solo une semaine sur deux?

Au début de la pandémie, je t’aurais dit que je trouvais ça difficile. Je trouvais que ça allait vite, mais je me suis habitué à cette vie. Je trouve ça le fun d’avoir souvent mes enfants avec moi. Le plus difficile cependant, c’est de ne pas pouvoir voir ma mère et ma soeur qui ne vivent pas très loin. Avant, mes enfants pouvaient aller s’amuser avec leurs cousines et ça allégeait le tout, mais avec la pandémie, ce n’est plus possible.

Quel âge ont maintenant Clarence et Bénédicte?

Clarence, mon fils, a déjà six ans, et ma fille va avoir cinq ans. C’est un âge le fun, maintenant. Disons que je ne m’ennuie pas de changer des couches. Mais je suis loin de me plaindre, car les deux ont été des enfants faciles.

Es-tu le père que tu croyais être?

Je suis le père que je voulais être. J’aime être papa, ça fait de moi un meilleur humain. Plus jeune déjà, je voulais avoir des enfants, même si je ne devais pas trop réaliser pleinement ce que ça voulait dire. Je suis heureux et bien là-dedans. Je suis à la bonne place. Mais je confirme qu’il n’y en aura pas de troisième. Si je refais ma vie avec une femme, je ne voudrais pas être père d’un poupon à 48 ans.

Tu as les deux pieds dans la quarantain­e. Comment vis-tu ça?

On m’avait dit que la première année de ma quarantain­e allait être une super année et finalement, nous sommes tombés en pandémie. Mais je dis souvent que 40 ans, c’est l’âge où tu arrêtes d’être un wonder kid, on dirait qu’on ne t’associe plus à la jeunesse. Il y a ce petit bout-là de difficile. C’est un petit deuil à faire et, en même temps, ça te force à arrêter de surfer sur ce que tu as d’acquis et à travailler plus spécifique­ment.

On a souvent dit de toi que tu étais là pour ta belle gueule. Qu’en penses-tu?

Je ne me suis jamais considéré comme particuliè­rement beau. Je ne suis pas un pichou, mais je ne me concentre pas là-dessus et j’espère que les gens font la même chose. Je n’ai jamais voulu jouer là-dessus, mais à un certain moment, on comprend que c’est la séduction qui fonctionne dans ce monde-là. Ce qui a été le plus difficile, c’est qu’au début, avec Deux hommes en or, j’étais associé à Patrick Lagacé, qui est clairement un cerveau, alors que moi, j’étais le beau gars à côté. Mais je sais que je peux aussi être un cerveau. À un moment donné, il a fallu que je dise que je n’étais pas juste cute et que je pouvais être bon.

Le célibat en temps de pandémie, à 41 ans, comment vis-tu ça?

Quand on a deux enfants, on dirait qu’il y a des affaires qui passent en premier et qu’on accorde beaucoup moins d’importance à ça. Mais je ne fais pas pitié dans la vie. J’ai la chance d’avoir deux enfants en pleine forme et ma préoccupat­ion est ailleurs. Si je rencontre la bonne fille, tant mieux, mais si ça n’arrive pas, c’est bien correct.

En terminant, de quoi ton été sera-t-il fait?

Je compte partir en roulotte avec mes deux enfants et mon chien pour voir du pays. En plus, cette année, il y a des Jeux olympiques, et je vais donc profiter de ce moment-là pour prendre des vacances. Ce sera mon premier été avec une roulotte.

Bonsoir bonsoir!, du lundi au jeudi à 21 h, à Radio-Canada.

«JE SUIS LE PÈRE QUE JE VOULAIS ÊTRE. JE SUIS HEUREUX ET BIEN LÀ-DEDANS.»

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada