7 Jours

Jonathan Roy

- PAR DANIEL DAIGNAULT • PHOTOS: PATRICK SÉGUIN • MAQUILLAGE-COIFFURE: VÉRONIQUE PRUD’HOMME

Grâce à sa voix si particuliè­re et à son style reconnaiss­able entre tous, Jonathan Roy voit sa popularité croître au Québec et un peu partout dans le monde, notamment grâce à l’excellente chanson Keeping Me Alive. Après avoir pris le temps de se recentrer sur sa carrière et sur sa musique, le chanteur et compositeu­r est d’attaque alors qu’il nous offre un nouvel album et prépare des spectacles.

Jonathan, tu présentes un album titré My Lullaby. Il paraît que ces chansons ont été écrites dans une période où tu vivais des moments difficiles...

Oui, je pense qu’on vit tous des hauts et des bas dans nos vies, et moi, j’étais complèteme­nt perdu, je ne savais plus où m’enligner. J’étais avec la compagnie Warner Music, et elle m’a laissé tomber, même après avoir entendu Keeping Me Alive. Pour eux, c’était trop loin de la pop, de ce que je faisais. Corey Hart et moi, on a travaillé fort durant cinq ans pour arriver avec une chanson comme premier extrait, et c’est Daniella Denmark qui est sortie du lot. Je suis heureux d’avoir eu cette chanson-là dans ma vie, d’avoir eu cette opportunit­é, mais c’est loin de ce que je suis vraiment. J’ai essayé d’entrer dans un moule qui ne me convenait pas durant quelques années, puis j’ai voulu voler de mes propres ailes. Je suis donc parti en voyage, et ça m’a permis de me découvrir en tant qu’individu, de savoir ce que j’aimais et ce que je voulais faire. C’était en quelque sorte un petit pas en arrière, mais j’ai pris confiance en moi et en mes moyens. C’est sûr que le fait d’avoir travaillé cinq ans avec Corey m’a permis d’apprendre énormément.

Cette pause a donc été très bénéfique?

Oui. Je me suis posé beaucoup de questions, j’ai arrêté de me fixer des attentes au sujet de ma carrière, je voulais avant tout m’amuser à faire de la musique. C’est à cette époque que j’ai pris ma guitare et commencé à écrire ces chansons. Il y en a sept. Elles ont été composées il y a trois ans et même, dans certains cas, il y a quatre ans.

Cette remise en question a-t-elle été plus importante que lorsque tu as décidé d’abandonner ta carrière de joueur de hockey?

C’était vraiment différent, parce que je savais que je n’avais pas d’avenir dans le hockey. Je me souviens qu’à 18 ans, à la fin de mon année de hockey, mon père m’a dit: «Jo, il faut que tu retournes à l’école. Mets le focus là-dessus parce que le hockey, ça ne marchera pas.» Je lui ai alors répondu que la musique m’intéressai­t énormément et que j’avais commencé à écrire beaucoup de tounes.

Il m’a laissé aller là-dedans et aujourd’hui, 13 ans plus tard, je suis encore là, mais le milieu artistique est dur. Il faut arriver à sortir du lot.

On te rappelle sans doute souvent que tu es le fils de l’ex-gardien de but Patrick Roy. Comment vis-tu avec ça?

Je pense que ça me nuit plus que ça m’aide. J’ai l’impression que certaines personnes ont une opinion à mon sujet avant qu’ils me voient, me rencontren­t et entendent ma musique. Ç’a été comme ça depuis le début de ma carrière. Mais ceux qui aiment ce que je fais et qui me suivent sont des personnes incroyable­s qui m’ont accepté dès le début. J’ai une base de fans qui me permet de chanter, de faire ce métier dans la vie, et avec toutes les vues de mes clips sur YouTube — plus de 50 millions d’écoutes —, j’ai maintenant des fans partout dans le monde. C’est fou!

Tu as donc dû faire ta place tout en faisant oublier tes origines?

J’ai commencé à voir la différence quand j’ai fait des spectacles avec le chanteur et compositeu­r Burton

Cummings. Personne ne savait qui j’étais, et j’ai vu comment les gens réagissaie­nt. Le fait de voir que les gens tripaient m’a confirmé que je faisais quand même quelque chose de bien. Ce n’était pas juste parce que j’étais le fils de Patrick Roy que je réussissai­s. Ça m’a permis d’avoir encore plus confiance en mes moyens.

Crois-tu que cette comparaiso­n aurait été encore plus difficile pour toi si tu avais poursuivi ta carrière dans le hockey?

Au fond, ça ne me dérange pas d’être «le fils de». Je suis même fier d’être le fils de Patrick Roy. Il a été mon idole et il l’est encore, si on parle de hockey. C’est à moi de manger mes croûtes, de faire mon nom tranquille­ment, je ne veux pas sauter d’étapes. Évidemment, au Québec, le hockey est un starsystèm­e complèteme­nt différent de ce qu’on trouve ailleurs au Canada, et c’est magnifique ainsi. C’est comme une religion pour nous. Je comprends tout cela, et si pour le restant de ma vie je dois être identifié comme le fils de Patrick Roy, alors ce sera ça! Mais je fais mon affaire et je mène ma carrière comme je l’entends.

Ton nouvel album va paraître dans quelques jours. As-tu des spectacles prévus?

Oui, j’en ai trois ou quatre qui sont confirmés au Québec, mais je ne peux rien annoncer pour le moment.

J’imagine que ton ambition est de percer au Canada et aux États-Unis avec tes chansons?

Je dirais que ma première idée est assurément de faire des spectacles ici. Mes fans au Québec vont me permettre de partir ailleurs ensuite, de faire des spectacles un peu partout dans le monde. Il faut dire que les choses sont différente­s avec les réseaux sociaux et YouTube, qui m’aident énormément à me faire connaître. Le bassin de fans s’agrandit, c’est extraordin­aire! Mais j’ai aussi beaucoup de fans au Québec et j’ai l’intention de me produire sur scène ici, pour eux.

Y a-t-il un endroit dans le monde où on craque plus particuliè­rement pour toi?

En Amérique du Sud. C’est vraiment intense, il se passe quelque chose, et on a une équipe là-bas qui est à l’oeuvre. Mais il y a aussi plusieurs autres endroits, un peu partout dans le monde, où il serait intéressan­t que j’aille faire des spectacles.

C’est ta propre compagnie qui produit ce nouvel album?

Oui, et je me suis entouré de bonnes personnes, des gens en qui j’ai confiance et qui ont beaucoup d’expérience. Mon gérant, Paul Jessop, a travaillé avec Universal Music durant environ 25 ans, et j’ai autour de moi des personnes avec qui j’avais envie de travailler et qui avaient la même vision des choses. J’ai aussi une équipe extraordin­aire à Los Angeles, la compagnie Black Box, qui fait vraiment du bon travail pour moi. Je ne peux pas tout faire seul, alors je peux dire que j’ai de bons guides.

Comptes-tu éventuelle­ment enregistre­r des chansons en français?

Je dois dire que je me considère comme très chanceux de pouvoir parler deux langues, c’est un beau cadeau que mes parents m’ont donné. Et pour répondre à ta question, ma femme me dit tout le temps que je devrais le faire. J’ai fait un album en français il y a 10 ans, et je n’aime pas ma voix et le timbre de ma voix en français. Je trouve qu’il y a des gens qui chantent beaucoup mieux que moi en français et qui ont vraiment quelque chose de spécial. Moi, je n’ai pas l’impression de sortir du lot, alors que c’est le contraire en anglais. Corey Hart m’a dit un jour: «The biggest part of your songwritin­g is your voice!» («Le plus important dans ton écriture, c’est ta voix!») J’ai adoré ça, il a vraiment raison, et ç’a été la même chose pour lui. Je pense que c’est ma voix qui va m’amener plus loin.

Qu’est-ce qui te fait le plus vibrer dans ce métier?

Les spectacles et travailler en studio. Quand je suis sur scène, j’adore voir les réactions des spectateur­s, les voir ressentir des émotions en écoutant des chansons que j’ai écrites, qui m’ont marqué ou qui m’ont fait du bien. Ça, c’est vraiment cool.

Début avril, tu as participé à l’un des Variétés de Star Académie. Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui espère faire carrière dans la chanson?

Stay true to yourself ! Je pense que la chose la plus importante dans ce métier est de demeurer soi-même, de faire les choses qu’on aime. Si on commence à faire ce que tout le monde veut et juge bon pour nous, on ne sera pas nécessaire­ment comblé au final, et on ne fera plus de la musique pour les bonnes raisons, c’est-à-dire celles qui nous faisaient aimer ça au début. Il faut quand même écouter ce que les gens ont à dire, prendre certaines choses qu’on juge bonnes, mais on doit toujours se demander si c’est bien ce qu’on veut. Il y a beaucoup de sacrifices à faire dans la musique et il faut évidemment travailler fort. Je dirais aussi qu’il faut pratiquer ce métier pour se faire du bien et pour faire du bien aux autres, et aussi pour triper et s’amuser.

En terminant, que peux-tu nous dire sur la fameuse fermette que tu as dans les Laurentide­s?

Ça fait un an qu’on habite là. Je n’ai pas vraiment de voisin, c’est tranquille et on a un lac privé. Ma femme et moi, on cherchait un endroit où on se sentirait toujours comme si on était en voyage. Avec cet endroit, nos animaux, on a le feeling de ne pas être nécessaire­ment à la maison. Je voulais aussi pouvoir faire, à proximité, de l’escalade, du hiking et de la pêche, toutes des choses que j’aime, et nous avons trouvé l’endroit parfait pour nous installer.

L’album My Lullaby sera disponible à compter du 28 mai.

Pour en savoir plus sur ses projets et ses spectacles: jonathanro­yofficial.com.

«J’ai appris à avoir confiance en mes moyens, à découvrir ce que je désirais vraiment faire.»

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