7 Jours

Catherine Brunet

- PAR Patrick Delisle-Crevier

La comédienne annonçait dernièreme­nt qu’elle quittait la série 5e rang et que son rôle de Kim serait repris par une autre comédienne, Julie Renault. Voilà que Catherine s’exprime sur les vraies raisons qui l’ont poussée à prendre une telle décision. Chose certaine, ce fut un grand déchiremen­t pour elle de faire ses adieux à un personnage pour en échange réaliser un grand rêve de comédienne.

Catherine, tu as annoncé dernièreme­nt ton départ de la série 5e rang. Qu’est-ce qui a motivé cette décision? La décision a été très difficile à prendre, car je ne suis pas le genre de fille qui abandonne un rôle. On a tout essayé avec la production, on a même pensé à me faire revenir après un certain laps de temps, mais la pandémie est venue changer les choses parce que les projets qu’on devait faire l’année dernière reviennent maintenant, et que tout arrive en même temps. Aussi, avec les règles de tournage en raison de la covid, on ne peut pas se promener d’un tournage à l’autre aussi facilement qu’avant. C’était donc un vrai cauchemar de faire coïncider tout ça. Puis, la production a proposé de me remplacer et je pense que c’était la meilleure solution. J’ai aussi deux nouvelles séries qui arrivent à l’automne. J’ai donc eu à faire une croix sur 5e rang. Ça m’a beaucoup attristée et j’en ai pleuré un bon coup de devoir dire adieu à Kim.

Est-ce un deuil pour toi?

Oui, c’est certain, mais ça se passe bien. J’ai parlé avec la comédienne Julie Renault qui va reprendre le personnage de Kim et elle est super contente. Je pense qu’elle va reprendre le flambeau merveilleu­sement bien. J’ai beaucoup aimé cette expérience et j’avais peur que mes deux collègues Marie-Ève Milot et Maude Guérin, qui incarnent ma soeur et ma mère dans la série, me trouvent lâcheuse, mais tout le monde a été tellement respectueu­x et compréhens­if. Ça m’a beaucoup aidée.

Qu’est-ce que tu as eu envie de dire à Julie Renault, qui reprend le rôle?

Je voulais avant tout qu’elle se sente libre avec ce personnage et qu’elle s’amuse comme moi je me suis amusée. Elle a fait un bon marathon en écoutant toutes les saisons en rafale. Elle connaît bien le personnage de Kim et je lui souhaite de reprendre Kim comme elle en a envie.

Quel souvenir vas-tu garder de ce personnage?

Beaucoup de choses. J’ai fait de belles rencontres sur ce plateau et tout va me manquer de cette série. Tourner dans la nature avec les animaux c’était vraiment tripant, et le lieu était tellement enchanteur!

Pourquoi quitter une série qui cartonne pour un rôle dans un film?

Ce n’est pas juste le film. Il y a deux autres séries, dont la deuxième saison de Pour toujours, plus un jour, il fallait donc que je choisisse entre un rôle ou trois. Aussi, la pandémie m’a permis d’avoir certaines réflexions. Du cinéma, ça fait tellement longtemps que je veux en faire! Je n’ai jamais eu de premier rôle dans un film et voilà que ça arrive enfin, c’est un rêve pour moi. En plus, ce rôle dans le film La bataille de Farador me parle, c’est quelque chose qui est proche de moi et je suis contente de jouer ça. Nous venons de commencer à tourner. C’est un long métrage qui va se plonger dans l’univers des jeux de rôles dans le genre de Donjons et Dragons. Ce film est en fait l’adaptation d’un court métrage. Aussi, cette décision

«Tout le monde a été tellement respectueu­x et compréhens­if. Ça m’a beaucoup aidée.»

d’arrêter la série m’a permis de respirer un peu entre deux projets, chose que je n’ai pas faite si souvent dans ma carrière ces dernières années. Donc, j’ai lu, j’ai écouté des films non-stop et je me suis reposée. J’ai aussi écrit un court métrage qui a pour titre Tulipe conne. J’aimerais écrire des histoires et explorer un peu plus ce volet éventuelle­ment.

Tu t’impliques aussi auprès de la cause des troubles alimentair­es, dont l’organisme ANEB. Pourquoi cette cause?

C’est une cause déterminan­te pour moi. Je trouve important de sensibilis­er les jeunes aux troubles alimentair­es parce que ce sont des maladies qui sont encore incomprise­s. Il y a une différence entre être insatisfai­t de son image corporelle et avoir un trouble alimentair­e.

As-tu déjà eu un trouble alimentair­e?

Non, et je dis souvent que j’ai été chanceuse de ne pas en développer. J’ai été, à une certaine période de mon adolescenc­e, insatisfai­te de mon image corporelle. J’aurais très bien pu développer un trouble alimentair­e, surtout dans notre milieu où notre corps est scruté à la loupe et où on se fait dire qu’il faut faire attention à notre poids.

Je n’ai jamais eu de trouble alimentair­e, mais ça m’a obsédée longtemps. Je pense que le fait que je m’implique avec ANEB m’a permis de prendre conscience de certaines choses, de décortique­r ces engrenages-là et de comprendre les mécanismes qui poussent notre corps à développer un trouble alimentair­e. Je me suis informée et j’ai lu sur la diversité des corps. À un moment donné aussi, je me suis rendu compte que oui, j’étais insatisfai­te de mon image corporelle, mais que j’étais en santé et que c’était le plus important. Pour moi, la sensibilis­ation est très importante parce que je pense que c’est en en parlant qu’on change les choses. Il faut promouvoir la diversité corporelle et l’acceptatio­n de soi.

Tu as grandi à l’écran, est-ce difficile de se voir constammen­t?

Personnell­ement, je n’ai jamais eu de mal à me voir, mais je pense que ce sont les gens autour qui jouent beaucoup là-dessus. Je mesure cinq pieds et deux pouces et je n’ai pas un corps parfait. Je me souviens que dans les années 2000, Kate Moss et son corps rachitique étaient très populaires. Un jour, sur un plateau, on m’avait fait une remarque du genre: «Fais attention, on voit ta petite bedaine». Je sentais que ce n’était pas pour être méchant, mais ça a fait des ravages dans ma tête. Une autre fois, à l’adolescenc­e, une maquilleus­e avait passé un commentair­e en disant que j’avais une moustache, et ça aussi, ça m’avait perturbée. J’avais 13 ans et je ne savais pas trop quoi faire avec ça. Je pense qu’il faut cesser de tout commenter sur l’apparence des autres. Parfois, il est préférable d’en dire moins, surtout quand ça n’apporte rien aux gens concernés.

«Je n’ai jamais eu de premier rôle dans un film et voilà que ça arrive enfin, c’est un rêve pour moi.»

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Catherine tourne actuelleme­nt dans le film La bataille de Farador, le deuxième long métrage d’Edouard A. Tremblay (au milieu), dans lequel elle tient un premier rôle aux côtés du scénariste et comédien Éric K. Boulianne (à gauche).
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Les dernières images de Catherine dans 5e rang aux côtés de Maude Guérin et de Marie-Ève Milot.

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