7 Jours

Jean-Michel Anctil

- PAR Daniel Daignault

Depuis ses débuts, Jean-Michel Anctil s’est toujours demandé si son travail allait l’amuser, s’il en retirerait beaucoup de satisfacti­on. Car la notion du plaisir est très importante pour lui. Or cette recette qui est la sienne est toujours d’actualité puisqu’il a un plaisir fou à jouer aux côtés d’André Robitaille dans la pièce Des cailloux plein les poches.

«Je vais toujours avoir une image d’humoriste, mais maintenant, je mets davantage le côté comédien en avant.»

Jean-Michel, est-ce que le métier de comédien a toujours fait partie de tes rêves de carrière?

Un prof au cégep nous avait demandé ce qu’on voulait faire dans la vie, et j’avais répondu: «Moi, je veux avoir du fun dans ce que je vais faire, je veux m’amuser.» Et il m’avait répondu: «T’es encore un enfant, il faut que t’apprennes à vieillir…» Et je me suis dit: «Pourquoi est-ce qu’il faudrait arrêter d’avoir du fun quand on vieillit?» Ça m’est toujours resté dans la tête, et tant pis pour lui: j’ai une job dans laquelle je peux avoir du plaisir, c’est du travail que je fais parce que ça me plaît. Quand j’ai arrêté de faire des spectacles, c’est parce que je n’avais plus de plaisir. Il a fallu que je retrouve ce goût-là, cette sensation.»

L’as-tu retrouvé?

Oui, je trouve ça l’fun aujourd’hui parce que ce plaisir, je peux le partager sur scène avec d’autres personnes. Dans la pièce Les voisins, on était huit, et là, avec André (Robitaille), dans la pièce Des cailloux plein les poches, on est seuls sur scène tous les deux, et on a un plaisir fou à faire ça.

J’imagine que c’est un bonheur de jouer avec André?

Ça faisait longtemps qu’on voulait travailler ensemble. On s’apprécie et on s’aide l’un l’autre. Quand on a joué

«Quand j’ai arrêté de faire des spectacles, c’est parce que je n’avais plus de plaisir. Il a fallu que je retrouve ce goût-là!»

la pièce la première fois devant un public, on était tellement contents d’entendre les spectateur­s avoir du plaisir!

Vous jouez plusieurs personnage­s dans cette pièce, n’est-ce pas?

Oui, je joue huit personnage­s. Les gens s’amusent à nous voir jouer tous les rôles. La pièce raconte l’histoire d’une équipe de production de cinéma qui arrive à Charlevoix, et nous, on interprète à la fois les comédiens et les résidents de la place qui jouent des figurants. Un drame se produit pendant le tournage, et on vit ce drame-là avec les gens de la production et les habitants du village.

Dirais-tu que le comédien a pris le pas sur l’humoriste au cours des dernières années?

Je pense que je vais toujours avoir une image d’humoriste, parce que j’ai fait ça durant la majeure partie de ma carrière, mais c’est sûr que, maintenant, je mets davantage le côté comédien en avant. C’est ce que je veux faire au cours des prochaines années.

Considères-tu que tu travailles plus fort quand tu es comédien qu’au moment, par exemple, où tu présentais des spectacles d’humour?

C’est énormément de travail et c’est aussi un beau défi, parce que je veux m’éloigner de ce que j’ai déjà fait. Cette pièce, c’est un peu comme l’ascension d’une montagne. On la regarde, on la trouve haute, mais quand on monte petit à petit et qu’on arrive en haut, on est fier d’avoir réussi. Passer de l’humour au drame est un beau défi.

Est-ce le travail le plus difficile que tu as à faire à titre de comédien?

Oui! Sur le plan du texte, ç’a été ardu. Il y a des moments dans la pièce où je fais trois personnage­s différents l’un à la suite de l’autre, avec les voix correspond­antes. Il a donc fallu travailler la mécanique. Les gens vont rire, ils vont être émus, parce que c’est une belle histoire qui est racontée. C’est un spectacle d’une heure trente, sans entracte.

Vous comptez la jouer longtemps?

On veut battre Broue! Sérieuseme­nt, oui, on veut la jouer un bon bout de temps, et comme nous ne sommes que deux et qu’il n’y a presque pas de décor, on peut promener le spectacle partout au Québec.

Quel a été le premier rôle que tu as décroché comme comédien, et qui t’a convaincu que c’était ce que tu voulais faire?

Le premier contrat de comédien que j’ai eu a été sur Détect. inc., de Claude Meunier. Je faisais un gérant de succursale qui prenait Rémy Girard en otage. J’ai trouvé ça l’fun, je travaillai­s avec une équipe, j’étais dirigé. Ensuite, j’ai joué un chef de motards dans le film De père en flic. J’ai trouvé ça amusant d’incarner un méchant. J’avais les cheveux rasés, je m’étais laissé pousser la moustache à la Fu Manchu. Je me souviens d’une journée, après le tournage, je revenais en auto et je m’étais fait couper par un automobili­ste. J’étais ensuite passé à côté de lui et il m’avait regardé… et il avait rapidement baissé les yeux! Faut croire que j’avais l’air menaçant!

Aimerais-tu retoucher à la comédie en jouant un rôle?

Jusqu’à maintenant, je n’ai pas joué de rôles très comiques au cinéma et j’aimerais ça. Ou encore, un rôle de méchant ou un mafioso, ça aussi c’est l’fun.

Regrettes-tu de ne pas avoir fait ce virage plus tôt?

Non, je pense que les choses sont arrivées au bon moment. Avant, je n’aurais peut-être pas eu l’expérience acquise sur scène, parce qu’en spectacle on joue des personnage­s. J’ai aussi fait de petits rôles à la télé, ce qui m’a permis d’apprendre à travailler avec d’autres personnes ainsi qu’à être dirigé.

On sent un renouveau avec le déconfinem­ent; comment vis-tu cela?

Je te dirais que j’y vais mollo, parce que je crains une autre vague et un autre reconfinem­ent, ce qui va être très dur pour le moral des gens. Je pense que ça va redevenir normal de faire des barbecues, d’avoir du monde dans sa cour, mais en restant prudent. J’ai hâte de pouvoir aller voir un show, ou que les gens assistent à un show et qu’il y ait quelqu’un d’assis à côté d’eux sans qu’ils soient inquiets. Ce ne sera pas pour tout de suite, mais j’ai hâte.

Et comment vont tes filles?

Ma plus vieille habite avec moi, et les deux plus jeunes sont avec leur mère; elles viennent faire un tour chez moi de temps en temps. Elles ont 17, 20 et 23 ans, elles travaillen­t toutes. Ma plus vieille est chez Mira, à la pouponnièr­e. Ma deuxième travaille chez Jean Coutu, et la plus jeune a un emploi chez Réno-Dépôt.

Sinon, mis à part le travail, as-tu le temps de jouer au golf?

Pas du tout, je n’ai pas encore joué et je me demande si ça va arriver, parce que j’ai découvert le Disc Golf. C’est un parcours comme le golf, mais avec différents disques qui ressemblen­t à des frisbees. Dans ce jeu, on a un parcours à faire et on doit réussir, par exemple, à atteindre son panier avec ses disques en trois coups. Ça prend beaucoup moins de temps que le golf, c’est gratuit et toute la famille peut y jouer. On peut même jouer l’hiver. Ça commence à être un peu plus populaire au Québec, il y a déjà plusieurs endroits où on peut jouer — à Bouchervil­le, à l’île Charron, à Drummondvi­lle, entre autres — et des terrains vont ouvrir un peu partout. Après avoir fini de jouer la première fois, je me suis acheté des disques et un panier pour me pratiquer chez nous... c’est vraiment l’fun! Mais j’ai aussi hâte de recommence­r à jouer au hockey. J’ai trouvé difficile la période où les gyms ont été fermés, mon corps a trouvé ça dur aussi: j’ai pris 30 livres! J’ai changé mon alimentati­on, je prends deux verres de vin dans la semaine, j’ai réduit le lait aussi, j’en mettais beaucoup dans mon café. En plus, j’ai recommencé à m’entraîner, alors je me sens mieux et plus énergique, j’ai perdu 15 livres jusqu’à maintenant.

Pour plus d’informatio­ns sur le spectacle Des cailloux plein les poches: monarquepr­oductions.com.

«Passer de l’humour au drame est un beau défi.»

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PHOTOS: JULIEN FAUGÈRE • MAQUILLAGE-COIFFURE: VÉRONIQUE PRUD’HOMME
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