7 Jours

Olivier Dion

«J’ai envie de briser une certaine image»

- PAR Patrick Delisle-Crevier PHOTOS: JULIEN FAUGÈRE • MAQUILLAGE­COIFFURE: VÉRONIQUE PRUD’HOMME

Voilà bientôt 10 ans qu’Olivier Dion fait partie de notre paysage culturel. Découvert à Star Académie en 2012, le jeune homme a mené une impression­nante carrière, tant au Québec qu’en France. Mais la pandémie a sonné l’heure du bilan pour le chanteur, qui a enclenché une longue période de remise en question. Ces jours-ci, Olivier Dion présente Rendez-vous, une chanson d’été, de fête et de liberté, qui annonce un virage pour la trentaine qui arrive bientôt.

livier, comment vas-tu?

OÇa va très bien. Je vis comme une espèce de renaissanc­e, et ça fait du bien. L’été est là et je me sens revivre. Mais ç’a été une dernière année en dents de scie. Le confinemen­t a apporté de longs moments de pause et beaucoup de réflexion pour moi. J’avais trop de temps pour penser et c’était très insécurisa­nt de ne pas savoir ce qui s’en venait. En plus, la pandémie a mis l’album sur lequel je travaillai­s depuis un an sur pause.

Pourquoi?

Je ne savais simplement plus quand j’allais pouvoir reprendre mon métier. Mais ça m’a permis de prendre du recul et d’analyser ce que j’allais faire par la suite. Être coincé pendant des mois chez toi, ça t’amène à te regarder toi-même dans le blanc des yeux et à réfléchir.

«J’ai envie de me sentir plus libre d’être moi-même.»

Ça m’a fait reconnecte­r avec moimême, avec l’artiste, avec le chanteur qui est passionné de musique depuis qu’il est tout jeune. Des fois, l’anxiété de performer prenait un peu le dessus sur le plaisir de faire de la musique.

C’est derrière toi, cette anxiété?

Oui, mais peut-être pas à 100 %, parce qu’il va toujours y avoir une partie de moi qui va douter. Mais je sais beaucoup plus où je m’en vais. J’ai retrouvé une certaine confiance en moi et ça va mieux. Je ne sais pas ce qui m’a fait perdre mes moyens à ce point. J’ai terminé Les Trois Mousquetai­res en France en 2017 et j’avais de gros projets là-bas, dont celui de mon album anglophone, Exposed, un album dont je suis fier, mais qui fut très laborieux à créer. Je suis très fier de ce disque, mais c’était gros, je n’étais jamais vraiment chez moi et je me suis posé beaucoup de questions sur mon cheminemen­t. J’avais l’impression que je n’étais pas toujours maître de mon projet. Donc, aujourd’hui, je me suis entouré d’une nouvelle équipe, autant ici qu’en France.

Est-ce que tout ça était trop gros?

Oui, ça l’était probableme­nt. J’ai toujours eu d’énormes ambitions, j’ai toujours en envie d’aller le plus loin possible et de relever de plus gros défis. Mais à un certain moment, c’est allé un peu trop vite et je n’étais peut-être pas prêt.

Y croyais-tu toi-même?

Une partie de moi y croyait et voulait le croire, mais c’est certain que je ressentais un petit doute. Ça n’a pas fonctionné tout à fait comme je l’avais imaginé. Pendant la pandémie, je me suis même demandé si je faisais la bonne chose et si j’avais envie de continuer. Ça fait longtemps que je n’ai pas fait de spectacles, tout était en arrêt et j’ai eu à faire une introspect­ion qui était nécessaire. J’en suis arrivé à la conclusion que je voulais faire ce métier-là d’une façon qui me ressemble plus et produire mes choses. Le fait de travailler maintenant à un album en français, de redécouvri­r ce que j’aime, ça me fait

«J’ai toujours voulu être acteur, faire du théâtre. J’aimerais vraiment explorer ça éventuelle­ment.»

du bien. C’est un projet beaucoup plus introspect­if et qui est plus près de moi.

J’ai l’impression que tu t’éloignes de l’image du beau chanteur pop qui fait crier les jeunes filles pour aller vers quelque chose de plus accompli...

Oui, j’ai envie de quelque chose de plus profond. Je dois avouer que j’ai toujours ressenti une distance entre l’image que je projetais, qu’on voulait que je projette, et qui j’étais vraiment. J’ai envie d’aller vers de l’art qui me ressemble plus.

As-tu l’impression que ta belle gueule te servait trop au détriment de ta musique?

Probableme­nt, et je dois dire que j’ai aussi joué le jeu. Mais j’ai envie de me centrer plus vers la musique, de briser une certaine image et de me sentir plus libre d’être moi-même. Je veux raconter ce que j’ai envie de dire, parler plus de mes émotions et être plus serein face au métier.

Ça fera 10 ans l’an prochain depuis l’aventure Star Académie. Quel regard portes-tu sur ces 10 années de carrière?

Il s’en est passé des choses, c’est hallucinan­t! J’ai eu la chance de faire de beaux projets qui m’ont amené à avoir une certaine popularité en France. J’ai eu un premier rôle dans une grosse comédie musicale, j’ai pu faire des albums. Je suis fier de ces 10 années de carrière et Star Académie a été un tremplin fantastiqu­e.

Est-ce que tu referais un premier rôle dans une comédie musicale?

Non, pas en ce moment. J’ai même dit non à des offres de comédies musicales. J’ai vécu mon expérience avec ça et j’ai vraiment envie d’aller à la rencontre de qui je suis en tant qu’artiste, de mettre les choses en place pour ma carrière solo. Je n’ai pas envie d’être identifié à un projet en ce moment. J’ai envie de faire ma musique, mes affaires, et on verra plus tard pour ce genre de spectacle. Mais je caresse aussi le rêve de jouer au cinéma ou dans une série télévisée. J’ai toujours voulu être acteur, faire du théâtre. J’ai suivi des cours de jeu. J’aimerais vraiment explorer ça éventuelle­ment.

As-tu encore une vision internatio­nale pour ta carrière?

Oui, clairement. J’ai un marché en France, j’ai des fans qui sont là et qui me suivent religieuse­ment. C’est un beau cadeau et je ne vais jamais cracher là-dessus. Mais ça m’a fait du bien de revenir au Québec et de passer du temps ici. Je fais des chansons en français et mon but est de retourner là-bas pour retrouver mes fans. J’ai envie de leur présenter ma nouvelle musique. Pour ce qui est d’une carrière internatio­nale, j’y pense encore, mais ça viendra plus tard et d’une façon plus naturelle.

Quel regard as-tu sur tes albums?

Ç’a été tout un processus. J’ai fait mon premier disque à 20 ans et je me cherchais beaucoup à cette époque. Je savais que j’aimais la musique, l’art et la scène, mais je ne savais pas forcément qui j’étais en tant qu’artiste. On m’a vite associé à Marc Dupré et on a fait un album pop rock ensemble. Mais ce n’était pas nécessaire­ment moi, ce n’était pas le genre de musique dans lequel je me retrouvais. Ça m’a toutefois amené à l’étape suivante. J’ai un peu fonctionné comme ça, d’une étape à l’autre. Je me disais qu’un jour j’allais pouvoir avoir une plus grande liberté de création et je pense que ce jour-là est arrivé. Désormais, les gens vont mieux découvrir qui je suis à travers ma musique.

Dernièreme­nt, tu as lancé Rendez-vous, une nouvelle chanson qui te représente mieux. Que peux-tu en dire?

Cette chanson est un texte un peu mélancoliq­ue, mais qui démystifie complèteme­nt la mélancolie, avec un rythme festif et estival. L’idée avec le clip a été de créer un moment, un rendez-vous original. J’ai eu envie de sortir une chanson estivale, une chanson qui allait exprimer les retrouvail­les entre les gens, et je l’ai coécrite avec Benny Adam. Cette chanson est bien différente de ce qui va venir ensuite.

Si cette chanson est une parenthèse entre deux albums, à quoi peut-on s’attendre pour la suite?

Ce sera un virage, mais tout en douceur. En même temps, je n’ose pas trop en dire pour garder la surprise. Mais une chose est certaine, ce sera différent de tout ce que j’ai fait jusqu’à présent. J’arrive avec une nouvelle équipe, je suis en pleine possession de mes moyens et ce sera quelque chose de nouveau.

Le clip de Rendez-vous montre des photos de toi et des photos d’une jeune femme dont tu sembles amoureux. Est-ce fiction ou réalité?

C’est peut-être réalité, c’est peut-être fictif. Le temps en dira plus.

Tu as déjà été moins secret que ça sur ta vie amoureuse. Pourquoi mettre un voile sur ça maintenant?

En fait, ma dernière relation avec une fille a duré quelque temps et, d’un commun accord, on a gardé ça secret. On n’a jamais dévoilé l’existence de notre couple et ça s’est terminé il y a un an. Depuis, je n’ai pas envie de retomber en amour tout de suite. En ce moment, je t’avoue qu’il y a peutêtre quelque chose, mais on verra. Disons que je suis en déconfinem­ent! (rires)

«J’ai eu envie de sortir une chanson estivale, une chanson qui allait exprimer les retrouvail­les entre les gens.»

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