7 Jours

Brigitte Boisjoli

- PAR Nathalie Slight

Ces derniers mois, elle a animé à la télévision et à la radio, en plus de passer du temps de qualité avec sa fille, Charlie. Depuis que le déconfinem­ent est enclenché, la chanteuse goûte de nouveau à l’adrénaline de la scène et retrouve avec joie son band, sa deuxième famille. On l’a suivie en coulisses lors d’un de ses spectacles.

«Durant la dernière année, on a tous fait autre chose que de la musique, et ça nous fait encore plus apprécier notre métier.»

Brigitte, comment se déroule ton retour sur scène?

J’avais tellement hâte de retrouver mes musiciens, mon équipe, le public... bref, ma vie d’avant! Sauf que ce n’est pas tout à fait comme avant, car cette pandémie-là nous a tous changés. En éternelle optimiste, je suis persuadée que quelque chose de bon ressortira de cette crise sanitaire, que ça fera de nous de meilleurs humains.

Que veux-tu dire?

Dans les coulisses, nos conversati­ons sont différente­s. Il n’y a plus de jasette superficie­lle entre nous, on plonge immédiatem­ent dans le vif du sujet. On ne se tient plus pour acquis. Durant la dernière année, on a tous fait autre chose que de la musique, et ça nous fait encore plus apprécier notre métier.

Êtes-vous restés en contact, ton équipe et toi, durant la pandémie?

Certaineme­nt! J’organisais des Face Time Drink avec mes musiciens: je les faisais rire en cuisinant des petites recettes pompettes. Comme j’effectuais beaucoup d’allers-retours entre Drummondvi­lle et Montréal pour animer à la radio, j’en profitais aussi pour jaser avec mes boys lorsque j’étais en voiture. Mais tout ça ne remplacera jamais le contact humain!

Comment ta fille, Charlie, réagit-elle à ton retour sur scène, après t’avoir eue à ses côtés durant un an?

Elle prend ça super bien, mieux que moi en fait! (rires) J’ai vraiment apprécié d’être présente pour ma fille ces derniers mois et ça me fait un petit pincement au coeur de la laisser chaque fois que je dois partir pour faire un spectacle. Mais en même temps, je suis tellement contente de retrouver la scène! Ce n’est qu’une question de temps avant que je retrouve mes repères, que j’installe une nouvelle routine pour créer un équilibre entre ma vie profession­nelle et ma vie personnell­e.

Ta belle Charlie a déjà quatre ans. Tu dois voir émerger les traits de sa personnali­té, n’est-ce pas?

Ma fille a assurément la fibre artistique. Elle danse, invente des chorégraph­ies et compose des chansons, selon ses humeurs du moment. «Maman m’a chicanée, j’ai un ti-peu pleuré...» Charlie adore se costumer et camper différents personnage­s en prenant un accent à la française. Elle a un bel imaginaire, et c’est beau de voir ça!

Tu as récemment remplacé Marie-Eve Janvier à Rythme FM, le temps de son congé de maternité...

Moi qui suis habituelle­ment one of the boys, j’ai plongé dans un univers féminin avec la radio. Au départ, je me demandais si j’allais être à l’aise de travailler avec des filles. Mais vous savez quoi? J’ai réalisé que durant bien des années je suis passée à côté de quelque chose de puissant: l’amitié entre filles!

Tu n’y croyais pas?

Pas vraiment. J’ignore pourquoi. Peut-être que j’ai été blessée dans le passé, ou que j’ai tout simplement une énergie qui fonctionne mieux avec les gars, mais j’ai toujours cru que l’amitié féminine n’était pas pour moi. Puis, à 38 ans, je suis «tombée en amitié» avec Julie Bélanger et les filles de Rythme FM. D’ailleurs, Julie et son mari, Ken,

ont assisté à mon dernier spectacle à L’Astral. C’était leur première sortie en amoureux depuis le déconfinem­ent.

Tu es toi-même allée offrir tes services comme animatrice à la radio. C’est donc ton audace qui a porté ses fruits?

En fait, ça remonte à l’an dernier. Lorsque j’ai vu que tous mes spectacles étaient reportés à cause de la pandémie, je suis allée cogner à la porte de la radio de mon patelin, à Drummondvi­lle. Je leur ai dit que si jamais ils avaient quelque chose à me proposer, j’étais disponible! Ils m’ont offert un remplaceme­nt sur le show du matin. En étant morning woman en direct trois heures et demie par jour, j’ai appris le métier à vitesse grand V!

Est-ce grâce à cette expérience que les gens de Rythme FM t’ont remarquée?

Exactement! J’ai tout de même passé une audition, pour voir si le courant passait entre Julie Bélanger et moi. J’avais préparé un sujet: rencontrer en temps de pandémie. J’expliquais comment la crise sanitaire n’était pas évidente pour les célibatair­es! On a tellement ri: notre complicité a été instantané­e.

Tu te livres beaucoup à la radio et le public apprécie ta spontanéit­é...

C’est vrai que je me livre beaucoup... bien plus que sur scène! (rires) L’autre jour, j’ai raconté à Julie que j’avais vécu un moment plutôt embarrassa­nt lorsque je suis allée porter des petits pots pour des analyses à l’hôpital. Tu sais, le genre de journée où tu laisses ta dignité à la porte? Quand je raconte des anecdotes comme celle-là en ondes, des auditeurs m’écrivent pour me dire qu’ils ont vécu la même affaire et que ça les fait rire de m’entendre en parler. Je n’ai pas de filtre, et tant mieux si ça peut divertir les gens!

Ce remplaceme­nt est terminé, puisque Marie-Eve Janvier reprendra le micro en septembre. De ton côté, aimerais-tu poursuivre ton travail à la radio?

Pour l’instant, c’est la reprise de la tournée Women qui m’occupe. Mais la pandémie m’a ouvert une porte sur l’animation, et je ne veux surtout pas la refermer. Même si, dans le fond de mon coeur, je reste une chanteuse, je crois que le travail d’animatrice prendra de plus en plus de place dans ma vie!

Peux-tu mener ces deux carrières de front?

Pas en étant maman. Mais alterner entre la radio et la scène, pourquoi pas? Après Women, je me vois très bien prendre une année pour composer les chansons originales de mon prochain album, tout en animant à la radio. Je sais que c’est possible de conjuguer animation et écriture, puisque j’ai composé deux nouvelles chansons pendant mon contrat à la radio.

Tu dis que la pandémie t’a changée. Allons-nous le percevoir dans tes chansons?

C’est certain. La crise sanitaire, le mouvement #MeToo, les féminicide­s… Tout ça a suscité des réflexions non seulement chez moi, mais aussi dans l’ensemble de la société. Je sens qu’il y a moins de naïveté, plus de sensibilit­é et d’empathie chez les gens en général, et ça m’inspire inévitable­ment. Ma fille est aussi une grande inspiratio­n pour moi. Et les relations amoureuses... ou plutôt les échecs amoureux. J’en ai vécu quelques-uns; il faut bien que ça serve à quelque chose! (rires)

Pour plus d’informatio­ns sur les dates de spectacle de la tournée Women: brigittebo­isjoli.com.

«la pandémie m’a ouvert une porte sur l’animation, et je ne veux surtout pas la refermer.»

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 ??  ?? «Comme je n’ai pas fait de scène depuis un an, j’ai répété les chansons de mon spectacle Women dans ma voiture, pendant mes nombreux allers-retours entre Montréal et Drummondvi­lle.»
«Comme je n’ai pas fait de scène depuis un an, j’ai répété les chansons de mon spectacle Women dans ma voiture, pendant mes nombreux allers-retours entre Montréal et Drummondvi­lle.»
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«Je m’habille à la dernière minute, juste avant de monter sur scène.»
 ??  ?? «Ça ne me prend qu’une quinzaine de minutes pour me préparer avant un spectacle. Certains artistes ont besoin d’un petit moment de calme avant de mettre les pieds sur scène. Moi, je préfère me préparer rapidement, puis aller jaser avec ma gang.»
«Ça ne me prend qu’une quinzaine de minutes pour me préparer avant un spectacle. Certains artistes ont besoin d’un petit moment de calme avant de mettre les pieds sur scène. Moi, je préfère me préparer rapidement, puis aller jaser avec ma gang.»
 ??  ?? Avec ses musiciens, William Croft, Maxime Reed-Vermette, Sylvain Lamothe et Jean-François Beaudet. «Je les vois de trois à quatre fois par semaine depuis 12 ans! Ne pas les voir pendant un an, ça ne m’était jamais arrivé auparavant. Retrouver la scène, c’est l’équivalent pour moi de renouer avec ma deuxième famille!»
Avec ses musiciens, William Croft, Maxime Reed-Vermette, Sylvain Lamothe et Jean-François Beaudet. «Je les vois de trois à quatre fois par semaine depuis 12 ans! Ne pas les voir pendant un an, ça ne m’était jamais arrivé auparavant. Retrouver la scène, c’est l’équivalent pour moi de renouer avec ma deuxième famille!»
 ??  ?? «Avant un spectacle, je suis zéro stressée, parce que je peux compter sur les gars du band, qui sont hyper solides. Ils connaissen­t les tounes sur le bout de leurs doigts.»
«Avant un spectacle, je suis zéro stressée, parce que je peux compter sur les gars du band, qui sont hyper solides. Ils connaissen­t les tounes sur le bout de leurs doigts.»
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«Je me dis qu’en plus de se déplacer, les spectateur­s portent un masque toute la soirée, alors ils méritent tout un show! Ça me pousse à me dépasser encore plus!»

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