7 Jours

Michel Barrette

- PAR PATRICK DELISLE-CREVIER

L’humoriste et animateur va se souvenir longtemps de l’été 1996, quand le Saguenay– Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord et Charlevoix ont été frappés de plein fouet par des inondation­s qui ont presque tout rasé sur leur passage. Il revient sur ces événements tragiques.

Michel, parlemoi de ce documentai­re sur le déluge du Saguenay.

L’émission fait un survol de cet événement marquant qui a été provoqué par une accumulati­on de pluie excessive dans un très court laps de temps, ce qui fait que différents barrages et cours d’eau ont débordé. Par conséquent, des centaines de maisons ont été ravagées, et des milliers de gens ont dû être relocalisé­s et n’ont jamais revu leur maison ou leur quartier. Il y a aussi eu 16 morts. Ce documentai­re revient sur ce drame humain et sur l’urgence de sauver les sinistrés avec l’aide des militaires et des policiers. Il y a eu une aide extraordin­aire et une gestion monumental­e lors de cette catastroph­e, et ça aussi, c’est important de le rappeler et de le souligner. Ce documentai­re explore donc toutes les facettes de l’événement, ainsi que la reconstruc­tion après le déluge.

Qu’est-ce que ça t’a fait de te replonger dans cet événement qui t’a touché de près?

Ç’a été très touchant. Je n’étais pas sur place quand c’est arrivé, alors le fait de revoir tout ça m’a rappelé à quel point ç’a été immensémen­t destructeu­r et à quel point ma belle région a été dénaturée. Le déluge a laissé une grande cicatrice que j’ai pu voir du haut des airs quand j’étais en hélicoptèr­e avec les militaires. J’ai pu voir cette immense trace laissée par le passage de l’eau. La nature a repris ses droits, et nous n’avons jamais reconstrui­t sur ces lieux. Lors du tournage, j’ai rencontré des gens qui avaient tout perdu dans cette tragédie, mais j’ai aussi pu constater tout le travail et toute la solidarité dont les gens de la région et d’ailleurs ont fait preuve; et ça, ça a fait du bien.

Quel souvenir gardes-tu de cette tragédie? Où étais-tu?

Je me préparais pour partir en voyage en Hongrie, puis j’ai vu les images à la télévision et j’ai eu vraiment peur. J’ai tout de suite appelé mes parents qui, eux, vivaient de l’autre côté de la rivière du Saguenay. Je me souviens

À LA BARRE D’UN LE DOCUMENTAI­RE POUR 25e ANNIVERSAI­RE DU DÉLUGE DU SAGUENAY

que, si un barrage supplément­aire avait cédé, la maison de mes parents et tout leur quartier auraient été engloutis. Je voulais m’y rendre, mais mes parents ne voulaient pas. Ils disaient que ça ne servait à rien. Je me sentais tellement impuissant! À la télévision, je voyais des quartiers entiers disparaîtr­e, et j’étais bien triste. Ça n’avait pas de bon sens! À mon retour de la Hongrie, j’ai pu me rendre sur les lieux et constater l’ampleur des dégâts. C’était une dévastatio­n sans nom. Ensuite, il y a eu le grand concertbén­éfice et le Bye Bye, pour venir en aide à la région. Ça a permis de récolter des millions de dollars pour la reconstruc­tion.

La petite maison blanche qui est restée debout est devenue un symbole de la région du Saguenay. Qu’est devenue cette maison, aujourd’hui?

Cette petite maison est devenue un musée. Ce qui est incroyable, c’est que même si la rivière a traversé le soussol de la maison, le premier étage a été complèteme­nt épargné: le café de la dame est resté sur la table ainsi que son magazine. Tout était intact!

Tu as tenu à être accompagné de ton jeune fils, Jonathan, durant le tournage de ce documentai­re. Pourquoi?

Je voulais en faire un devoir de mémoire. C’était important pour moi de partager ces moments historique­s avec mon fils. Je tenais à ce qu’il comprenne ce qui s’était passé. Je voulais que lui aussi puisse raconter cette histoire plus tard. Il y a même un passage dans le documentai­re où mon beaupère nous explique, à lui et à moi, la réaction de l’Alcan, à l’époque. Je trouve ça beau que trois génération­s d’une famille de la région partagent ces souvenirs.

Qu’as-tu appris sur ta région et ses habitants à travers cette tragédie?

Que ma région était tissée serré et qu’elle était remplie de gens courageux. J’ai vu la résilience et la force des gens de ma région. On s’est serré les coudes, tous ensemble. Je suis fier de mon coin de pays! Je me souviens que, peu de temps avant le spectacleb­énéfice, ma mère m’avait dit: «Il y a une chose importante, Michel, on ne doit pas faire pitié.» C’était important pour elle que nous restions fiers et que nous nous relevions de cette épreuve. Je ne vais jamais oublier ce moment.

Dans un autre ordre d’idées, tu présentes en ce moment ton spectacle Ultime tournée. Est-ce vraiment ton dernier spectacle?

Je prévois le présenter encore longtemps, parce que des supplément­aires s’ajoutent partout, mais c’est effectivem­ent mon dernier spectacle sous cette forme; je n’en écrirai pas d’autres. J’ai toutefois en tête une formule de spectacles interactif­s que je donnerais au rythme d’une vingtaine de représenta­tions par année. Je n’aurais pas de texte. Ce serait le public qui me poserait des questions, et je raconterai­s alors des anecdotes et des tranches de vie. C’est un rêve pour moi de faire un tel spectacle.

En terminant, de quoi est fait ton été?

J’arrive d’un road trip en HarleyDavi­dson en Gaspésie avec cinq de mes chums. Sinon, je profite de mes vacances et de mon rôle de grandpère. Mon fils Martin a eu une fille, Julia. Elle a deux ans, mais je ne l’avais pas vue depuis un an et demi. J’étais tellement ému! Ce sera donc un été de repos et de retrouvail­les en famille.

Le déluge du Saguenay: Une tragédie humaine sera présenté le samedi 17 juillet à 21 h, à Historia. Pour connaître les dates de spectacles et suivre les activités de Michel: michelbarr­ette.ca.

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Michel avec son fils Jonathan, qui a participé au tournage du documentai­re.
 ??  ?? «Dans la pyramide située dans la ville de La Baie. Il s’agit d’un autre symbole de ce déluge.» «Dans la petite maison blanche qui est aujourd’hui un musée. Je suis avec le petit-fils de la dame qui habitait cette maison. C’est lui qui gère le musée aujourd’hui.»
Michel, en compagnie du colonel Bouchard. «Cet homme avait 22 ans à l’époque. Il a volé plus de 12 heures par jour à bord de son hélicoptèr­e pour venir en aide aux sinistrés.»
«Dans la pyramide située dans la ville de La Baie. Il s’agit d’un autre symbole de ce déluge.» «Dans la petite maison blanche qui est aujourd’hui un musée. Je suis avec le petit-fils de la dame qui habitait cette maison. C’est lui qui gère le musée aujourd’hui.» Michel, en compagnie du colonel Bouchard. «Cet homme avait 22 ans à l’époque. Il a volé plus de 12 heures par jour à bord de son hélicoptèr­e pour venir en aide aux sinistrés.»

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