Michel Barrette
L’humoriste et animateur va se souvenir longtemps de l’été 1996, quand le Saguenay– Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord et Charlevoix ont été frappés de plein fouet par des inondations qui ont presque tout rasé sur leur passage. Il revient sur ces événements tragiques.
Michel, parlemoi de ce documentaire sur le déluge du Saguenay.
L’émission fait un survol de cet événement marquant qui a été provoqué par une accumulation de pluie excessive dans un très court laps de temps, ce qui fait que différents barrages et cours d’eau ont débordé. Par conséquent, des centaines de maisons ont été ravagées, et des milliers de gens ont dû être relocalisés et n’ont jamais revu leur maison ou leur quartier. Il y a aussi eu 16 morts. Ce documentaire revient sur ce drame humain et sur l’urgence de sauver les sinistrés avec l’aide des militaires et des policiers. Il y a eu une aide extraordinaire et une gestion monumentale lors de cette catastrophe, et ça aussi, c’est important de le rappeler et de le souligner. Ce documentaire explore donc toutes les facettes de l’événement, ainsi que la reconstruction après le déluge.
Qu’est-ce que ça t’a fait de te replonger dans cet événement qui t’a touché de près?
Ç’a été très touchant. Je n’étais pas sur place quand c’est arrivé, alors le fait de revoir tout ça m’a rappelé à quel point ç’a été immensément destructeur et à quel point ma belle région a été dénaturée. Le déluge a laissé une grande cicatrice que j’ai pu voir du haut des airs quand j’étais en hélicoptère avec les militaires. J’ai pu voir cette immense trace laissée par le passage de l’eau. La nature a repris ses droits, et nous n’avons jamais reconstruit sur ces lieux. Lors du tournage, j’ai rencontré des gens qui avaient tout perdu dans cette tragédie, mais j’ai aussi pu constater tout le travail et toute la solidarité dont les gens de la région et d’ailleurs ont fait preuve; et ça, ça a fait du bien.
Quel souvenir gardes-tu de cette tragédie? Où étais-tu?
Je me préparais pour partir en voyage en Hongrie, puis j’ai vu les images à la télévision et j’ai eu vraiment peur. J’ai tout de suite appelé mes parents qui, eux, vivaient de l’autre côté de la rivière du Saguenay. Je me souviens
À LA BARRE D’UN LE DOCUMENTAIRE POUR 25e ANNIVERSAIRE DU DÉLUGE DU SAGUENAY
que, si un barrage supplémentaire avait cédé, la maison de mes parents et tout leur quartier auraient été engloutis. Je voulais m’y rendre, mais mes parents ne voulaient pas. Ils disaient que ça ne servait à rien. Je me sentais tellement impuissant! À la télévision, je voyais des quartiers entiers disparaître, et j’étais bien triste. Ça n’avait pas de bon sens! À mon retour de la Hongrie, j’ai pu me rendre sur les lieux et constater l’ampleur des dégâts. C’était une dévastation sans nom. Ensuite, il y a eu le grand concertbénéfice et le Bye Bye, pour venir en aide à la région. Ça a permis de récolter des millions de dollars pour la reconstruction.
La petite maison blanche qui est restée debout est devenue un symbole de la région du Saguenay. Qu’est devenue cette maison, aujourd’hui?
Cette petite maison est devenue un musée. Ce qui est incroyable, c’est que même si la rivière a traversé le soussol de la maison, le premier étage a été complètement épargné: le café de la dame est resté sur la table ainsi que son magazine. Tout était intact!
Tu as tenu à être accompagné de ton jeune fils, Jonathan, durant le tournage de ce documentaire. Pourquoi?
Je voulais en faire un devoir de mémoire. C’était important pour moi de partager ces moments historiques avec mon fils. Je tenais à ce qu’il comprenne ce qui s’était passé. Je voulais que lui aussi puisse raconter cette histoire plus tard. Il y a même un passage dans le documentaire où mon beaupère nous explique, à lui et à moi, la réaction de l’Alcan, à l’époque. Je trouve ça beau que trois générations d’une famille de la région partagent ces souvenirs.
Qu’as-tu appris sur ta région et ses habitants à travers cette tragédie?
Que ma région était tissée serré et qu’elle était remplie de gens courageux. J’ai vu la résilience et la force des gens de ma région. On s’est serré les coudes, tous ensemble. Je suis fier de mon coin de pays! Je me souviens que, peu de temps avant le spectaclebénéfice, ma mère m’avait dit: «Il y a une chose importante, Michel, on ne doit pas faire pitié.» C’était important pour elle que nous restions fiers et que nous nous relevions de cette épreuve. Je ne vais jamais oublier ce moment.
Dans un autre ordre d’idées, tu présentes en ce moment ton spectacle Ultime tournée. Est-ce vraiment ton dernier spectacle?
Je prévois le présenter encore longtemps, parce que des supplémentaires s’ajoutent partout, mais c’est effectivement mon dernier spectacle sous cette forme; je n’en écrirai pas d’autres. J’ai toutefois en tête une formule de spectacles interactifs que je donnerais au rythme d’une vingtaine de représentations par année. Je n’aurais pas de texte. Ce serait le public qui me poserait des questions, et je raconterais alors des anecdotes et des tranches de vie. C’est un rêve pour moi de faire un tel spectacle.
En terminant, de quoi est fait ton été?
J’arrive d’un road trip en HarleyDavidson en Gaspésie avec cinq de mes chums. Sinon, je profite de mes vacances et de mon rôle de grandpère. Mon fils Martin a eu une fille, Julia. Elle a deux ans, mais je ne l’avais pas vue depuis un an et demi. J’étais tellement ému! Ce sera donc un été de repos et de retrouvailles en famille.
Le déluge du Saguenay: Une tragédie humaine sera présenté le samedi 17 juillet à 21 h, à Historia. Pour connaître les dates de spectacles et suivre les activités de Michel: michelbarrette.ca.