Céline Bonnier
«L’année dernière, j’avais déjà planifié une pause de six mois, mais elle a finalement duré neuf mois à cause de la pandémie.»
Avant que la pandémie n’arrive, Céline Bonnier avait prévu s’accorder six mois de congé. Avec des amis, l’actrice a filé droit sur le Vietnam avant de revenir au pays, tout juste avant le premier confinement. Ce recul a été des plus profitables pour celle qui a repris les tournages de l’ultime saison de L’heure bleue, qui sera présentée à la rentrée.
Céline, c’était un grand bonheur de reprendre les tournages de la dernière saison de L’heure bleue? Oui, surtout que nous devions tourner au printemps 2020, mais compte tenu des circonstances, les tournages ont été reportés. Nous avons mis un an avant de nous revoir, mais nous étions heureux de renouer. Anne (Boyer) et Michel (D’Astous) ont écrit de belles choses. Ils ont terminé la série en bouquet de fleurs. Pour plusieurs personnages, il y a beaucoup d’ouverture.
Sans dévoiler d’intrigues, à quoi les téléspectateurs peuvent-ils s’attendre?
Les conclusions mènent à différentes possibilités de changements de vie, d’évolution pour chacun. Déjà à la première lecture, nous sentions beaucoup de joie, alors que tout avait commencé avec quelque chose de tragique. Plusieurs conclusions mènent à des points de suspension… Il y a du potentiel intéressant pour plusieurs personnages et même des conclusions auxquelles nous ne nous attendions pas. La complicité se maintient entre Anne-Sophie et Bernard, et ça, c’est vraiment beau.
Avez-vous d’autres projets professionnels au programme?
Oui. Je vais tourner cet automne dans une nouvelle fiction qui s’appellera Une affaire criminelle. Je serai aussi de la pièce Les reines, de Normand Chaurette, qui sera présentée au TNM. C’est un texte extraordinaire! Et à l’hiver 2022, je serai au Prospero dans une pièce que nous devions jouer l’année dernière, Quand nous nous serons suffisamment torturés.
Avez-vous, comme plusieurs, vécu une pause pandémique?
L’année dernière, j’avais déjà planifié une pause de six mois, mais elle a finalement duré neuf mois à cause de la pandémie. J’avais besoin d’une pause. Fin 2019, je me suis arrêtée et je suis partie au Vietnam avec des amis. Ça m’a fait du bien. J’ai repris le travail à l’été. En juillet, j’ai fait un balado, Écho, un texte de Patrice Senécal. À l’automne, j’ai tourné dans le premier long métrage de Marianne Farley, Au nord d’Albany, qui devrait sortir cette année.
Comment avez-vous réussi à garder le moral en dépit de cette période?
J’y suis parvenue. Je suis un être assez social, même si j’ai souvent besoin d’être seule. Mais à un certain moment, ça a commencé à m’user. Voir mes amis et ma parenté fait vraiment partie de ma santé mentale, j’en ai besoin. Ça m’oxygène réellement. Je manquais donc d’oxygène. J’ai pu travailler, et faire de la création m’a fait du bien. C’est sur les plans intime et familial que je commençais à être à bout de ma réserve d’adaptation… (rires) J’ai quand même tenu le coup.
Avez-vous réussi à garder le contact avec famille et amis?
Oui, mais je suis vraiment nulle avec Zoom… Je trouve ça étrange comme moyen de communication. Le téléphone a été mon meilleur allié pour garder le contact. La période nous a ramenés aux bonheurs simples qu’on tient souvent pour acquis. Plusieurs ont fait une espèce de ménage intime dans leurs amitiés et sur ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. C’est du moins ce que j’ai entendu dire. Dans l’adversité, on rencontre toujours des forces et des faiblesses qui nous
«Je suis allée au Vietnam avec Benoît et Maryse, sa blonde. Benoît et moi sommes des amis depuis 30 ans.»
aident à reconnaître ce qu’on est.
Avez-vous fait l’exercice dans votre propre vie?
Pas vraiment. J’aime travailler, j’aime être dans la création, mais j’essaierai de le faire de manière plus calme et ordonnée. Je pense aux horaires: je ne veux plus tout faire ou tout faire en même temps. Je veux faire du ménage sur ce plan. Mais sur un plan plus intime, ça allait. Je n’ai pas eu à faire un grand ménage… (rires) Je pense que pour tout le monde, cette période a suscité une certaine introspection.
À quoi ressemblent vos bonheurs simples?
J’aime être à la campagne où je reçois des amis qui viennent se baigner. Je recommence à goûter à ça. Mes bonheurs simples ressemblent à ça: être dans la nature, marcher, kayaker. J’aimerais aller dans les Adirondacks pour voir la montagne. C’est ça mon oxygène: être dehors. Je suis toujours à l’extérieur ou, du moins, le plus possible. Et j’aime échanger avec des gens que j’aime. J’étais à la campagne pendant le confinement, j’en ai profité. J’aime aussi avoir le temps de lire et d’écrire. C’était quand même intéressant d’avoir du temps qu’on ne pensait pas avoir.
Votre voyage vous a-t-il fait grand bien?
Oui, j’y suis allée avec Benoît (Gouin) et Maryse, sa blonde. Benoît et moi sommes des amis depuis 30 ans. Nous sommes partis pendant un mois. Au moment de notre départ, nous avons appris qu’il y avait quatre morts en Chine à cause d’un virus qui, semblait-il, avait tendance à se propager… Lorsque nous sommes revenus, il était temps! C’était fin février, début mars.
Était-ce votre premier voyage en Asie?
Effectivement, je n’avais jamais vu l’Asie. Je m’étais arrêtée à la Turquie sans jamais passer la porte vers l’Orient. J’ai beaucoup aimé. J’ai appris des choses, j’ai constaté que le souci de l’environnement est primordial, mais que notre premier souci devrait être l’égalité et le partage des richesses. Quand on n’a que les moyens de la survie, on ne peut pas penser à l’environnement. Ça m’a beaucoup fait réfléchir… J’étais consciente de ces questions, mais le fait que ça saute aux yeux fait en sorte que c’est plus vibrant, ça s’inscrit plus clairement dans la pensée. Pour cette raison, je suis très contente d’avoir fait ce voyage. Par contre, comme c’est un long voyage, on est toujours dans des horaires de transport.
Qu’est-ce qui vous a le plus charmée au Vietnam?
L’accueil et la simplicité dans l’accueil. La générosité aussi. Hanoï est une ville très dense où on vit sur le trottoir. Les restos sont sur le trottoir. Partout où c’est possible, on s’assoit sur des petits bancs d’enfants. La nature est vraiment belle, la mer entre autres.
Rêvez-vous encore de voyages?
Je suis en manque de voyages. Mon but dans la vie, c’était de partir au moins une fois par année pour m’imprégner d’une autre réalité, d’un autre rythme, d’autres odeurs. Pour être personne ailleurs, être invisible ailleurs. Pour vivre autrement le quotidien. Dans les résolutions de fin de pandémie, je cherche un moyen de voyager en compensant les dommages, notamment en faisant planter des arbres. Je compte réduire mes déplacements au maximum. Il faut trouver une solution.
L’heure bleue, dès le mardi 14 septembre 20 h, à TVA. Toute la vie, dès le mardi 14 septembre 20 h, à Radio-Canada. Les reines, de Normand Chaurette, du 16 novembre au 11 décembre, au TNM. tnm.qc.ca
Quand nous nous serons suffisamment torturés sera présentée en 2022 au Théâtre Prospero.
«Voir mes amis et ma parenté fait vraiment partie de ma santé mentale. J’en ai besoin.»