7 Jours

Geneviève Rochette

Ces dernières années, on l’a notamment vue dans Fugueuse, Clash et District 31. Voilà que la comédienne défend un nouveau rôle, cette fois dans la nouveauté télé Un lien familial. PHOTOS: JULIEN FAUGÈRE • MAQUILLAGE-COIFFURE: VALÉRIE QUÉVILLON

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Geneviève, on a le plaisir de te voir dans une nouvelle série!

Oui, Un lien familial est une série inspirée du roman de Nadine Bismuth, et c’est une réalisatio­n de Sophie Lorain. Ç’a été d’heureuses retrouvail­les avec Sophie, parce que j’ai tourné La galère durant des années avec elle.

Vous vous étiez perdues de vue depuis ce temps?

Dans ce milieu-là, on se retrouve dans des corridors, dans des événements. Mais c’est la première fois depuis La galère qu’on se retrouve sur un plateau, Sophie et moi.

Que peux-tu dire sur cette série?

C’est une série de six épisodes d’une heure. C’est très intéressan­t, c’est beaucoup dans le non-dit, mais je ne veux pas en révéler trop. L’intrigue tourne autour de Noémie, interprété­e par Rachel Graton. Ce fameux non-dit devient une espèce d’ombre au tableau, et Noémie paie les affres de cette habitude d’être toujours un peu dans le mensonge.

Dans quel milieu se déroule l’intrigue?

L’action se passe chez des cuisiniste­s, un milieu de travail un peu tape-à-l’oeil, qui met en relief comment on refait en surface nos maisons alors qu’à l’intérieur, bien souvent, la gangrène est pognée. Je suis un personnage périphériq­ue, mais j’ai un regard et des relations avec le personnage de Rachel Graton qui portent encore une fois sur le non-dit.

Quel type de personnage incarnes-tu?

Je suis un peu la doyenne en âge dans l’entreprise qui s’appelle Penture. La présence de mon personnage est rassurante parce qu’elle est en lien avec tout le monde. J’ai aimé faire ça, c’était un peu plus léger.

As-tu d’autres tournages en vue au cours des prochains mois?

Pour l’instant, j’ai un projet d’écriture pour la télé. Il y a des choses qui s’en viennent, mais on ne peut pas dévoiler quoi que ce soit parce qu’il n’y a rien de signé.

Ce projet, tu le fais seule ou avec quelqu’un d’autre?

J’écris avec une amie comédienne, Maude Choko, qui enseigne le droit à l’Université McGill. Tout ce que je peux dire, c’est que ça tourne autour de l’univers de l’université.

Depuis combien de temps travaillez-vous là-dessus?

Depuis janvier, et on espère que ça se développe. L’idée a été achetée, mais on n’a pas encore de distribute­ur, c’est un peu trop tôt.

C’est un beau projet après presque 30 ans de carrière, n’est-ce pas?

Ça fait 29 ans, car je suis sortie de l’École nationale en 1992. J’ai passé l’audition pour jouer le rôle de Biche Pensive dans Au nom du père et du fils et j’étudiais encore quand j’ai décroché le rôle. Je suis partie sur les chapeaux de roue parce qu’à l’époque, c’était l’une des grosses séries qui commençaie­nt à s’imposer. Quand tu sors de l’école avec un contrat comme celui-là, c’est assez réjouissan­t. L’important dans ce métier, ce n’est pas tant de percer que de durer, et l’atout est d’avoir plusieurs cordes à son arc. J’écris, je fais du théâtre, j’ai été dans les Zapartiste­s. On écrivait et on se produisait sur scène. Il faut avoir des ressources pour pouvoir durer, sinon on est vite écartés.

Avec Biche Pensive, les gens croyaient que tu étais vraiment une autochtone...

Je ne pourrais pas faire ça aujourd’hui. J’ai fait ça en 1992, les gens pensaient que je pouvais être autochtone. Ensuite, quand j’ai joué dans Omertà, j’allais dans la Petite Italie, et les gens me parlaient en italien. Je disais: «Désolée, je ne parle pas italien…», et ils étaient bien déçus! Je me souviens qu’Elena, de la quincaille­rie Dante, m’avait presque fait des remontranc­es! Aujourd’hui, il faudrait donner le rôle de Biche Pensive à une comédienne autochtone.

C’est la beauté de ce métier, de pouvoir se glisser dans la peau de différents personnage­s...

Oui, j’ai joué une Colombienn­e dans Réseau et une Sud-Américaine dans Mirador. Avant

La galère, il y avait presque toujours une origine accolée à mes personnage­s, mais ça a changé avec cette série; il n’y avait rien de spécifié sur ses origines. Ç’a été un peu une victoire pour moi, mais je trouvais étonnant que ce soit arrivé si tard dans ma carrière. D’autant plus qu’on sait très bien maintenant qu’il y a beaucoup de Québécois qui ont diverses origines tout en étant Québécois de souche.

Ton rôle d’Isabelle dans La galère a donc été le plus marquant?

De ma carrière, certaineme­nt. Encore aujourd’hui, les gens m’arrêtent et m’en parlent.

Trouves-tu épuisant de devoir parfois attendre pour un rôle ou un projet?

Je ne suis pas quelqu’un qui aime la routine. J’aime la création et, effectivem­ent, je n’aime pas attendre que le téléphone sonne. Après La galère, je savais que j’allais avoir des années purgatoire­s. Parfois, quand on a un rôle aussi marquant, c’est bien de se faire oublier un peu. Alors, j’en ai profité pour retourner aux études en histoire, chose que je voulais faire depuis longtemps. De

«Je ne suis pas quelqu’un qui aime la routine. J’aime la création, faire avancer des projets, et je n’aime pas attendre que le téléphone sonne…»

fil en aiguille, j’ai travaillé tout en faisant mon bac. Au début, j’étais en dilettante et je me suis dit: «Tant qu’à être rendue à la moitié d’un bac, je vais le compléter, et tant qu’à avoir un bac, je vais faire une maîtrise en histoire.» J’ai fini mes cours de maîtrise et j’en suis à écrire mon mémoire.

Donc, tu pourrais enseigner?

C’est mon plan B. Plus on vieillit, les comédienne­s, moins c’est évident. Il y a une période entre deux, pour les rôles, où on n’est plus ni une mère ni une grand-mère.

Ça te fait peur?

Ça ne me fait pas peur, mais j’en ressens les contrecoup­s un peu, quoique je ne peux pas me plaindre parce que je vis de mon métier depuis que je suis sortie de l’École. Je survis, je m’émancipe dans plusieurs choses, et la création est quelque chose qui me tient à coeur. Même dans mon projet de maîtrise, il y a une part de création parce que je suis dans un milieu créatif.

D’où te vient cette passion pour l’histoire?

Ça m’a toujours passionnée. En fait, moi qui suis issue de deux cultures coloniales, par ma mère qui était guadeloupé­enne et mon père, québécois, le colonialis­me m’inspirait beaucoup. J’ai voulu mieux m’informer aux sources. De fil en aiguille, je me suis pris les pieds dans l’Antiquité et l’idée était de faire une maîtrise qui me permettrai­t de faire un survol de l’histoire du théâtre occidental, puisque c’est ce que j’ai envie d’enseigner dans les écoles de théâtre.

Comment va ta fille?

Ma fille, Kim Béchard, est aux Îles-de-laMadelein­e depuis trois ans. L’été, elle fait un travail saisonnier, elle vend des bijoux qu’elle confection­ne. Elle travaille avec un gars qui fait de très beaux bijoux avec des pierres des Îles-de-laMadelein­e. L’hiver, elle a ses projets artistique­s.

La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre?

Effectivem­ent, et en ce moment, elle est sur un projet de docufictio­n pour lequel elle a obtenu des subvention­s. Elle est très active. Pendant la période estivale, elle profite du tourisme pour se renflouer les poches, et l’hiver, elle travaille sur ses projets. J’ai aussi un garçon avec mon chum actuel. Victor a 16 ans et il a passé une année difficile au secondaire dans sa chambre, ç’a été très tough. Il a toute mon admiration.

La série Un lien familial est offerte sur Tou.tv Extra.

«J’ai un projet d’écriture pour la télé, mais on ne peut pas dévoiler quoi que ce soit parce qu’il n’y a rien de signé.»

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 ??  ?? «Quand j’ai joué dans Omertà, j’allais dans la Petite Italie, et les gens me parlaient en italien!»
On a pu voir Geneviève dans la série Mirador, dans le rôle de Lydia Derecho.
Dans District 31, Geneviève a incarné Judith, la conjointe de Stéphane et mère de son fils.
Son personnage d’Isabelle dans La galère lui a amené une grande reconnaiss­ance des téléspecta­teurs.
Son rôle de Biche Pensive dans Au nom du père et du fils a été son premier contrat après ses études en théâtre. «Un lien familial, ç’a été d’heureuses retrouvail­les avec Sophie Lorain.»
«Quand j’ai joué dans Omertà, j’allais dans la Petite Italie, et les gens me parlaient en italien!» On a pu voir Geneviève dans la série Mirador, dans le rôle de Lydia Derecho. Dans District 31, Geneviève a incarné Judith, la conjointe de Stéphane et mère de son fils. Son personnage d’Isabelle dans La galère lui a amené une grande reconnaiss­ance des téléspecta­teurs. Son rôle de Biche Pensive dans Au nom du père et du fils a été son premier contrat après ses études en théâtre. «Un lien familial, ç’a été d’heureuses retrouvail­les avec Sophie Lorain.»

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