Jean-Michel Blais «C’EST UN AUTRE UNIVERS»
IL LANCE AUBADES, SON QUATRIÈME ALBUM
D’un album à l’autre, le compositeur et pianiste Jean-Michel Blais a réussi à rassembler autour de sa musique un nombre impressionnant d’adeptes. Même le Time Magazine l’a inclus dans son prestigieux Top 10 des albums de l’année en 2016. Sur son nouvel opus, Aubades, il s’est entouré pour la première fois d’un ensemble instrumental.
Jean-Michel, comment décrirais-tu ce nouvel album?
Considérant que mon premier disque était entièrement improvisé, que le deuxième penchait plus vers l’électro et que mon troisième était une trame sonore pour le film Matthias & Maxime, de Xavier Dolan, celui-ci m’amène complément ailleurs. J’ai profité du confinement pour commander un livre par la poste afin d’apprendre à écrire la musique. Finalement, ç’a été un bel apprentissage, et j’arrive avec autre chose que des pièces tristes au piano.
Pourquoi présenter un album beaucoup plus joyeux cette fois-ci?
Je pense que ç’a été plus fort que moi. Je suis quelqu’un de très résilient dans la vie et j’ai tendance à voir le verre à moitié plein. En pleine pandémie, je me suis retrouvé en peine d’amour et évincé de chez nous; j’ai déménagé dans un nouvel appartement, puis ma tournée s’est terminée abruptement à cause de la covid, et ensuite est arrivé le confinement. J’étais déprimé, mais il y avait quelque chose de super puissant dans tout ça. Je me suis remis à bouger et à faire du sport, et on dirait que tout ça m’a amené vers du positif. Musicalement, ça s’est traduit par une musique beaucoup plus lumineuse. J’ai eu envie d’explorer et d’aller là où on ne m’attend pas. C’est vraiment un autre univers.
Sur ce disque, tu es accompagné de 12 musiciens dirigés par Nicolas Ellis, l’assistant de Yannick Nézet-Séguin. Pourquoi avoir décidé de collaborer avec un orchestre?
Au début, j’ai commencé ce projet tout seul, chez moi, sur mon ordinateur, avec des sons synthétiques. Peu à peu, j’ai ajouté de vrais sons. Et j’ai appris à écrire la musique, donc ça m’a permis de pousser ça plus loin. Mais, à un moment donné, j’ai tout de même atteint mes limites. Je suis
donc allé chercher de l’aide et j’ai travaillé avec le compositeur Alex Weston, qui a entre autres travaillé avec Philip Glass. Il m’a beaucoup aidé à finaliser les arrangements. Quand est venu le temps de m’entourer de musiciens, j’ai fait appel à Nicolas Ellis, qui est un voisin et un ami. C’est un chef allumé, moderne et pertinent, et ça m’a beaucoup apporté, même si c’est parfois intimidant de jouer avec un hautboïste ou un premier violon. Ce sont de grands musiciens classiques; ç’a été un beau partage.
Est-il vrai que tu as plus de 500 compositions dans tes tiroirs?
Oui, c’est fou! J’ai fait de la tournée pendant deux ans et demi et, dès que j’ai une minute de libre, je me mets à composer. Je pense à de la musique et, finalement, ça émerge. Ensuite, je me réécoute, je filtre et je fais le tri.
Que signifie le titre Aubades?
Je suis vraiment nul pour trouver des titres, et c’est probablement pour ça que je fais de la musique instrumentale. J’admire les artistes comme Louis-Jean Cormier et Klô Pelgag, qui sont capables d’allier poésie et mots avec de la musique. Je n’ai pas ce talent-là. «Aubade» est un vieux mot qui est en quelque sorte l’opposé de «sérénade», qui représente la musique du soir. Aubades, c’est la musique du matin. Je trouvais ça beau et charmant.
En terminant, comment la musique est-elle arrivée dans ta vie?
Elle est arrivée sur le tard, mais mes parents sont de gros tripeux de musique. Ils ont fait de la danse, et ma mère dansait beaucoup sur scène quand j’étais dans son ventre, donc la musique fait partie de ma vie depuis toujours. Il y en avait toujours chez nous. Je suis tombé en amour avec le piano vers l’âge de 12 ans. La mère de mon meilleur ami avait un piano à queue chez elle, et j’ai eu une révélation! Je suis aussi entré au conservatoire sur le tard.
Aubades sort le 4 février. jeanmichelblais.com