7 Jours

Marie-Chantal Perron «C’EST UN ÉLAN DU COEUR»

- PAR PATRICK DELISLE-CREVIER

Après avoir goûté à l’écriture avec le collectif copine et Copine, voilà que la comédienne Marie-Chantal Perron lance ces jours-ci Les douze mois de Marie, un roman dans lequel elle explore l’histoire de Marie, la belle-mère par alliance de Prunelle. Elles sont très proches l’une de l’autre, mais la relation de Marie avec le père de Prunelle éclate. C’est la séparation pour le couple et la déchirure pour Marie et sa belle-fille. Entrevue avec la comédienne et autrice.

Marie-Chantal, comment est née cette idée de roman?

Je pense que c’est un sujet qui est bel et bien présent et que ça touche beaucoup de gens. Une adaptation radiophoni­que est actuelleme­nt disponible, et plusieurs personnes m’ont écrit pour me dire à quel point cette histoire les touche et pour me remercier d’être le portevoix de cette réalité avec mon livre. Pour moi, ce sujet est un élan du coeur. Ça part de quelque chose qui est personnel, mais j’ai voulu aller dans la fiction avec cette histoire-là, parce que je ne voulais pas écrire un récit ou emprunter un style documentai­re. Le roman me permettait de me projeter dans l’avenir et d’inventer une fin lumineuse à cette peine. Ça vient aussi mettre une lumière sur une situation dans laquelle on se retrouve de plus en plus, avec ce lien qui n’est pas généalogiq­ue ou légiféré.

Pourquoi avoir choisi de mettre ton prénom dans le titre, même si c’est une fiction?

J’ai choisi le prénom de Marie pour mon héroïne parce que ce prénom se retrouve dans plusieurs baptistair­es. Plusieurs femmes portent ce prénom et je trouvais ça intéressan­t. Je trouve aussi qu’il y a une zone d’ombre dans notre époque où on recompose des familles qui vont hélas, dans plusieurs cas, se décomposer un jour. Quand tu crées une famille recomposée, ce n’est pas une garantie qu’elle va perdurer. Comme dit le personnage de Marie, qui veut d’un rôle sans descendant­s ni ancêtres qui vient avec un risque de vivre une grande peine, un grand détachemen­t, qui est de l’ordre d’une «loterie sentimenta­le»? Si les liens sont parfois complexes entre adultes, c’est tout aussi complexe pour un enfant qui se retrouve en plein milieu de tout ça.

À quel point y a-t-il un volet autobiogra­phique dans cette histoire?

Ça part d’une histoire vécue, et c’est certain qu’il y a une partie de moi dans Marie, mais il y a aussi une partie de moi dans Prunelle et dans Douce Voix. C’est là que la fiction est le fun, parce que ça me permet d’incarner chacun des personnage­s, de les faire parler et de les faire interagir. Je trouvais ça plus intéressan­t que d’aller entièremen­t dans un fait vécu. Je ne pourrais même pas te dire le pourcentag­e de ce qui est autobiogra­phique dans cette histoire. Je suis une créatrice et j’avais le goût de parler de cette affaire-là, qui est une zone d’ombre dans la société.

Quelle approche la société devrait-elle avoir avec ces familles qui se décomposen­t après une rupture?

C’est la question que je me pose. Pour moi, dans l’histoire, il y a la peine d’amour de Marie, qui quitte son homme, mais il y a une double peine pour elle, puisqu’elle perd

aussi Prunelle, cette enfant qui n’est pas la sienne et pour qui c’est aussi une grande perte. Dans le récit, à un certain moment, Marie n’est plus en contact avec Prunelle. Que doit-on faire? Ces enfants-là ont aussi tissé des liens, et parce que les enjeux des adultes sont complexes, ils se voient coupés de ce lien. Est-ce un deuil nécessaire? N’y aurait-il pas plutôt moyen de perpétuer ces relations-là au-delà de la relation du couple? Une famille recomposée doit-elle absolument éclater après une rupture?

Parle-moi un peu de ton processus d’écriture.

Je retiens que je suis quand même assez discipliné­e dans la vie et que j’ai vraiment écrit chaque jour. Je me levais vers six heures du matin et j’écrivais jusqu’à midi. Moi qui suis une fille d’équipe, j’ai donc eu à apprendre à travailler seule. J’ai aimé ça, mais je dois avouer que j’étais contente de voir arriver les éditeurs, l’illustratr­ice et tout ce beau monde qui a travaillé sur ce livre. Au début, j’avais pensé faire un simple calendrier, un genre de roman graphique sous forme de calendrier. Ensuite, c’est devenu un balado, puis un roman. Ce projet a fait boule de neige.

Parle-moi des belles illustrati­ons de la comédienne et artiste Geneviève Boivin-Roussy?

On tournait ensemble dans Toute la vie et, entre deux scènes, on jasait. Elle m’a parlé de son parcours en tant qu’artiste visuelle. Je lui ai proposé de lire mon histoire et d’en faire les illustrati­ons si elle se sentait inspirée, et finalement, ça a fonctionné. Elle est venue chez moi, elle a pris plein d’objets m’appartenan­t, puis en a fait une recomposit­ion en image, et j’ai été ravie du résultat.

Comment va la vie en ce printemps 2022?

Je vais bien. Je tourne en ce moment dans la série Famille magique et je vais aussi reprendre prochainem­ent les répétition­s de la pièce Les voisins. La vie reprend, et je suis bien contente. On pourra aussi me voir dans la deuxième saison de Cerebrum.

Les douze mois de Marie, publié aux Éditions Mains libres, est actuelleme­nt disponible en librairie.

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La comédienne Geneviève BoivinRous­sy est derrière les magnifique­s images du roman.
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