L’horrible réalité des pensionnats autochtones
Scénarisé, produit et réalisé par une équipe entièrement autochtone, Pour toi Flora raconte l’histoire d’un frère et d’une soeur anichinabés, qui tentent chacun à leur façon de faire la paix avec leurs sombres années passées au pensionnat.
D’origine mohawk, Sonia Bonspille Boileau lève le voile sur la dure réalité des pensionnats «indiens». Elle connaît bien ce phénomène puisque son grand-père et ses soeurs faisaient partie des enfants autochtones déracinés de leur communauté, puis envoyés dans des établissements religieux dans le but d’être évangélisés. La scénariste et réalisatrice a confié l’un des rôles principaux à Dominique Pétin, qui campe une touchante Flora. «Pour me préparer à camper ce personnage, j’ai rencontré des survivants des pensionnats autochtones, j’ai regardé des documentaires et lu des livres. Je me suis aussi assurée d’avoir tout le soutien nécessaire pour plonger dans cette aventure sans y laisser ma peau, car aucune de mes scènes n’est anodine, elles sont toutes chargées d’intenses émotions.»
TRAUMATISMES D’ENFANCE
Enfants, Wabikoni et son frère Kiwedin, renommés Flora et Rémi, sont arrachés de leur nation algonquine dans le but d’être assimilés. La petite réagit moins bien que son frère à cette nouvelle vie où la violence et l’indifférence sont omniprésentes. «Flora possède une histoire de dépression et d’autodestruction. Pendant des années, elle a cru pouvoir enfouir au plus profond d’elle-même ses traumatismes de jeunesse, mais ils finissent évidemment par refaire surface», explique la comédienne — née d’une mère huronne de Wendake et d’un père français —, qui a visiblement cette série tatouée sur le coeur.
DES JEUNES FORTS TOUCHANTS
Malgré l’histoire plutôt sombre des pensionnats autochtones, l’ambiance sur le plateau de Pour toi Flora était lumineuse et bienveillante. «C’est grâce à la présence des enfants! Même si Sara Rankin Kistabish, Russell Flamand, Charlotte Pashagumeskum et Jonah Bacon tournaient des scènes difficiles émotivement, ils étaient heureux d’être là. Ils faisaient même des blagues avec les comédiens adultes entre les prises. Voir le bon côté des choses, rire pour détendre l’atmosphère, c’est typiquement autochtone», confie la scénariste et réalisatrice Sonia Bonspille Boileau.