LE VRAI VISAGE DE L’ITINÉRANCE

Avant même de savoir qu’elle allait incarner la mère d’un itinérant dans Anna et Arnaud, Guylaine Tremblay a participé à une activité de collecte de fonds en collaboration avec le journal L’Itinéraire. «Quelques artistes et moi étions jumelés avec une personne en situation d’itinérance pour vendre le journal L’Itinéraire au coin de la rue. Ils étaient vraiment contents, mais en même temps, ça les rendait tristes de réaliser qu’avec nous, tout le monde leur parlait, alors que quand ils sont seuls, ils n’ont même pas droit à un regard. Un homme m’a dit: “Sans toi, j’ai l’impression d’être un fantôme, d’être invisible.” Ça m’a déchiré le coeur...» Le son de cloche est malheureusement le même du côté de Nico, qui, pour comprendre le quotidien de son personnage, a quêté à trois reprises dans les rues de Montréal. «Les passants sont tellement mal à l’aise avec les itinérants! Le plus frustrant, ce n’est pas de ne pas recevoir d’argent, c’est d’être complètement ignoré! Aucun sourire, pas même un regard... En même temps, je comprends cette réaction de la part des gens envers un sans-abri tout sale, tout croche, visiblement drogué et parfois même agressif. Ce qu’il faut garder en tête, c’est que plusieurs souffrent de maladie mentale ou de dépendance, ou les deux, et qu’ils sont laissés à eux-mêmes dans la rue!»