7 Jours

«Je pense qu’on commence à accepter, petit à petit, l’imperfecti­on. Ce n’est pas nécessaire qu’on soit des femmes toutes lisses.»

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je faisais un spectacle dans une grande robe médiévale en velours tout l’été. Alors j’accueille la chaleur... et je peux te dire que cet été, je l’ai accueillie en titi! (rires)»

FONCER ET S’ACCEPTER

De toute évidence, le chiffre compte peu pour elle, mais évidemment, plus le temps avance, plus il va vite et plus l’envie de se dépasser et d’oser habite Sonia. «Je serai toujours une interprète, mais avec les années, mon côté artistique créatif me donne envie de faire plus. J’ai une idée pour une série; ça me trotte dans la tête depuis longtemps. Je veux l’écrire, je veux oser le faire. Je sais que je suis capable. Notre métier englobe tellement de choses maintenant. Je peux être actrice, animatrice, et pourquoi pas scénariste! Souvent, je me mets moi-même des bâtons dans les roues. Là, c’est assez!» Je la regarde s’enflammer avec bonne humeur devant ce projet qui l’allume et je la trouve belle. Pour moi, elle est une icône de beauté dans toute son unicité. «C’est vraiment gentil, ça me touche beaucoup, mais j’ai toujours eu de la misère à recevoir des compliment­s, surtout quand tu dis “une beauté”! Oui, il y a des fois où je me trouve belle, par exemple lorsque je reviens à la maison et que je me suis fait maquiller pour une production ou une séance photo. Je me regarde alors dans le miroir et je me trouve belle! Mais il y a d’autres fois où je me dis: “Une chance que je suis maquillée!” (rires) Mais je dois dire que j’admire les jeunes filles, car elles s’assument

beaucoup plus avec leurs rondeurs et elles sont magnifique­s!» Elle souligne aussi avec une certaine fierté qu’elle est naturelle, sans injections, même si parfois ça peut être confrontan­t. «Nous sommes plusieurs de ma génération à croire en la beauté naturelle. Tu as d’ailleurs eu cette conversati­on récemment dans une entrevue avec Maude Guérin. On est belles, naturelles, et ça me rend fière de voir qu’on travaille encore. Vieillir, c’est la vie! Et il y a une chose qui m’a toujours marquée. À l’époque de la série Scoop, ma mère était contente de voir en Francine Ruel une actrice à qui elle pouvait s’identifier. Ça m’est toujours resté dans la tête. Je veux que les femmes puissent se reconnaîtr­e dans les séries. Il nous faut ça! Et je pense qu’on commence à accepter, petit à petit, l’imperfecti­on. Ce n’est pas nécessaire qu’on soit des femmes toutes lisses!»

VOIR LE BON CÔTÉ DES CHOSES

Sonia se confie aussi sur un problème de santé qui la préoccupe depuis quelques années et sur son cheminemen­t face à ça. «Un jour, je suis tombée sur une émission qui traitait du lymphoedèm­e. (NDLR: Enflure causée par une accumulati­on anormale de liquide lymphatiqu­e dans une partie du corps.) Moi, j’enfle des jambes. C’est un problème de lymphe et, selon la températur­e qu’il fait, ça peut être très difficile. Mais quand j’ai vu cette émission et cette femme qui avait un pied immense — on ne voyait plus ses orteils! —, je me suis mise à pleurer. Je pleurais peut-être parce que je me trouvais chanceuse par rapport à elle. Elle est prise avec une forme sévère de la maladie. Je ne peux peut-être pas porter toutes les chaussures que je veux, mais cette femme qui ne pouvait marcher souffre davantage. Je pense souvent à d’autres femmes qui ont de grandes douleurs. J’essaie de prendre exemple sur elles. On a le droit de se plaindre, chacun a son histoire, mais certaines réalités nous rappellent à quel point on est privilégié­s... Ce genre d’histoire relativise nos propres problèmes.»

SAVOIR OSER

On va à l’extérieur sur ma terrasse pour poursuivre notre jasette. Elle admire mon jardin. Je lui promets un bouquet d’hydrangées et je me souviens alors qu’elle m’a déjà dit qu’elle n’avait pas le pouce vert. Elle rit: «Je te confirme que ça ne s’est pas amélioré! Quoique j’ai planté des gloires du matin comme les tiennes... mais mon chum a passé la tondeuse dessus. Je lui avais pourtant dit: “Pas là, Jean-Claude!”» Elle éclate de rire… et moi aussi. «Merci, Saskia. Ça me fait du bien cet échange. Je me rends compte que je ne prends peut-être pas assez de temps pour jaser comme ça et avoir du fun.» Et moi donc! Merci, douce Sonia! Et maintenant, fonce! «Oui, c’est ce que je me souhaite! Je suis maître de ce projet. Je me souhaite de me botter le derrière et d’écrire ma série! Ça fait assez longtemps que j’y pense. Là, il faut que je le fasse. Je dois oser, foncer et n’avoir peur de rien!»

Un autre câlin bien senti sur le balcon à son départ, puis je la regarde marcher d’un pas joyeux vers sa voiture. Je fais le plus beau métier du monde. À bientôt, Sonia! Oh non! On a oublié le bouquet d’hydrangées! ;-)

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