7 Jours

Charlotte 2 Le Bon #

«Ç’A ÉTÉ UN PARCOURS BOURRÉ DE DOUTES ET DE PEURS»

- PAR DANIEL DAIGNAULT

L’actrice Charlotte Le Bon nous présente Falcon Lake, son premier long métrage à titre de réalisatri­ce, un film tourné au Québec qui met en vedette Sara Montpetit, qu’on a découverte dans Maria Chapdelain­e. Cette comédie dramatique empreinte de douceur et aux images léchées met en scène une jeune fille délurée qui amène un adolescent à vivre des expérience­s qui vont l’éveiller.

Charlotte, vous avez rapidement pris la décision de tourner ce film au Québec. Pourquoi?

Ça s’imposait que ça se fasse au Québec. Quand j’ai lu le roman graphique dont le film est inspiré, ça se passait au bord de la mer en Bretagne, et le fait de tout transposer ici m’inspirait. J’ai grandi sur le bord des lacs, alors c’est vraiment le théâtre de mon adolescenc­e puisque de 11 à 20 ans, j’ai habité dans les Laurentide­s. Ç’a été dur de trouver la maison, on en a vu au-delà de 100, et finalement, on en a trouvé une sur le bord d’un grand marais, située à 20 minutes de mon chalet!

Comment avez-vous choisi Sara Montpetit pour être la vedette de votre film?

J’ai fait un casting sauvage sur les réseaux sociaux. Je ne la connaissai­s pas du tout. J’ai demandé à des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans de m’envoyer une vidéo où elles me racontaien­t un rêve qu’elles avaient fait. Le personnage de Chloé est une fille qui a un

monde intérieur dense, et le rêve de Sara était juste parfait! C’était un rêve «chloéesque»! J’ai eu un énorme coup de coeur. Je lui ai demandé de jouer deux scènes devant la caméra et j’ai su que c’était elle.

Votre film a été présenté à Cannes et a été acclamé par la critique. Ce succès est-il au-delà de vos espérances?

Oh oui, c’est mille fois au-delà de mes espérances! Je me rappelle tout ce qu’on me disait quand je tournais le film. On me demandait si j’aimerais aller à Cannes, mais je n’osais même pas y penser. Tout ce que je voulais, c’était de faire un bon film. C’est tout ce qui m’intéressai­t. J’ai vraiment mis toutes mes énergies dans cette direction. C’est super cliché de dire ça, mais c’est un vrai parcours du combattant de faire un film, surtout un premier, parce qu’on reçoit beaucoup plus de non dans la gueule que de oui. Et malgré tout, il faut continuer d’y croire et essayer de convaincre les gens qu’on a quelque chose à dire afin de pouvoir accéder à des fonds. Ça peut parfois être franchemen­t épuisant et démoralisa­nt. Il a fallu quatre ans pour que le projet se concrétise. Ç’a été un parcours bourré de doutes et de peurs, mais quand tu arrives au bout de ce chemin-là, que ton film est fini et qu’une société comme La Quinzaine des réalisateu­rs te dit que tu as ta place et qu’on t’invite à aller le présenter à Cannes, c’est une consécrati­on ultime.

Comment avez-vous réagi lorsque cette invitation est arrivée?

J’ai braillé sur le tapis dans mon chalet!

Comptez-vous tourner votre prochain film au Québec?

C’est trop tôt pour le dire, mais il sera inspiré de l’histoire vraie de l’un de mes amis qui a vécu dans un appartemen­t hanté pendant trois mois. Et ça s’est passé dans la ville de Québec, alors idéalement, j’aimerais bien le tourner ici. Normalemen­t, après la promo pour Falcon Lake, je vais commencer à écrire le scénario et on verra combien de temps ça prendra avant de financer le film, on ne sait jamais.

Ce n’est pas un parcours banal que vous avez eu depuis que vous avez quitté le Québec pour la France...

Tout s’est passé très rapidement, et un peu par hasard. Au tout début, même si je n’étais pas certaine de faire le métier d’actrice, j’étais un peu intriguée parce que mes deux parents sont acteurs et que j’avais déjà suivi des cours avec Danielle Fichaud. J’ai été mannequin et, à 23 ans, mon agente m’a dit que je commençais à être vieille et que je devrais penser à passer à autre chose. J’avais fait des études en arts visuels et je pensais que je ferais ça toute ma vie. J’avais mis le projet d’actrice de côté, parce que je me disais que ça n’allait jamais marcher. Alors j’ai déménagé à Paris et, deux mois après, j’ai eu le casting de miss Météo pour Le Grand Journal. Je l’ai pris comme un pur défi, en ne sachant pas du tout ce que ça représenta­it.

Ça vous a ouvert des portes?

Ç’a été une énorme vitrine, effectivem­ent, et c’est comme ça que j’ai commencé ma carrière d’actrice. Rien de tout ça n’était calculé.

En plus de nous présenter Falcon Lake, votre premier film, on peut vous voir dans la seconde saison de la série C’est comme ça que je t’aime...

Oui, je suis une super fan du monde de François Létourneau et de Jean-François Rivard. J’avais adoré la première saison et je voulais évidemment faire partie de la seconde. Or cette année, Robin Aubert, que j’adore, réalisait la saison, alors c’était une évidence pour moi parce que tous les ingrédient­s étaient là pour que j’accepte de jouer ce rôle. Mais la tragédie est que je ne peux pas me voir…

Vous n’aimez pas vous regarder jouer?

Non, je déteste me voir à l’écran. Ça me crispe, c’est un supplice.

C’est connu, vous êtes la fille de la comédienne Brigitte Paquette. Avez-vous le projet de jouer ensemble?

Jouer avec elle, ça m’intimidera­it trop, mais j’aimerais vraiment beaucoup la diriger. On en parle, et je veux trouver le truc parfait. Et pour être très honnête, je ne comprends pas comment il se fait que ma mère n’a pas une plus grande carrière que ça. J’ai revu des extraits d’Omertà, quand elle était au début de sa carrière, et elle est tellement puissante et belle! Je trouve que les réalisateu­rs ont été idiots de ne pas l’avoir engagée davantage. C’est une immense actrice. Elle a une énorme douceur, ce qui n’a pas du tout été exploité, et elle est capable d’être très drôle. Il n’y a pas beaucoup de gens qui ont vu ça en elle.

On retrouve ces qualités chez vous?

Je ne sais pas, je pense qu’il faudrait demander à d’autres personnes, mais je l’espère. Moi, je suis têtue et perfection­niste à outrance.

«Quand on t’invite à aller présenter ton film à Cannes, c’est une consécrati­on ultime.»

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 ?? ?? Les acteurs Joseph Engel et Sara Montpetit sont en vedette dans le film.
Les acteurs Joseph Engel et Sara Montpetit sont en vedette dans le film.
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Falcon Lake prend l’affiche le 14 octobre. C’est comme ça que je t’aime, les mercredis à 21 h à Radio-Canada.

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