7 Jours

«Ç’a été un travail difficile» — PAUL ARCAND

- PAR PATRICK DELISLE-CREVIER

C’est une véritable série coup-de-poing qui débarque ces jours-ci sur la plateforme Vrai. Les collection­neurs d’enfants est une oeuvre en trois épisodes parfois difficile à visionner, mais qui est nécessaire puisqu’elle se penche sur le fléau de la cyberpédop­hilie. Le tout est documenté par des opérations policières, des enquêtes de la DPJ, ainsi que des témoignage­s de victimes et de criminels. C’est Paul Arcand lui-même qui anime ce documentai­re.

Paul, comment est né ce projet? Je suis tombé un jour sur une étude dans le New York Times qui portait sur la courbe exponentie­lle de production de matériel pornograph­ique avec des enfants et sur la facilité avec laquelle on pouvait avoir accès à ce matériel-là. L’offre et la demande sont en progressio­n. Et le plus choquant, c’est qu’en faisant des recherches, tu te rends compte qu’il y a beaucoup de ces hébergeurs de sites qui sont au Québec, parce qu’il y a un avantage économique et que les lois sont plus ou moins restrictiv­es. Tout ça mis ensemble m’a donné envie de creuser le sujet et d’en faire un documentai­re dans lequel je vais parler à des victimes et à des criminels. J’accompagne aussi des policiers dans des opérations. Je voulais parler à des experts. Il a fallu convaincre la DPJ et la police de nous faire confiance.

Certaines images sont dures à regarder, surtout quand on entend les propos de différents pédophiles. Est-ce que ç’a été difficile pour vous de mener ces entrevues?

Oui. D’abord, je savais qui j’allais interviewe­r et j’ai dû me conditionn­er, parce que je savais que j’allais être choqué par leurs propos. Mais j’avais deux choix: soit je m’engueulais avec eux, soit je menais mes entrevues en gardant le contrôle et je faisais parler ces gens-là afin de comprendre comment ils justifient leur comporteme­nt et leurs crimes. C’est certain que quelques-uns d’entre eux jouent à la victime, donc il faut se mettre une carapace. Ce ne sont pas les entrevues que j’aime le plus faire, mais c’était important et nécessaire. Ce projet a pris deux ans à réaliser à cause des enjeux de la pandémie et ce n’était pas simple d’établir un contact avec les prédateurs.

Que retenez-vous de vos contacts avec les victimes?

Dans les deux cas que nous présentons, il y a un point commun, c’est-àdire que ces jeunes femmes sont allées se confier à leurs parents et que ceuxci sont allés directemen­t à la police, ce qui a permis de faire des arrestatio­ns. Le but n’était pas juste de montrer l’horreur, c’était aussi de montrer qu’il faut dénoncer et aller chercher de l’aide.

Avez-vous atteint votre objectif avec ce projet?

Je ne sais pas. L’objectif était de montrer la réalité et de faire un wake-up call aux adultes. Je pense que nous avons atteint la cible. Ç’a été un travail difficile autant pour moi que pour le réalisateu­r, André St-Pierre, mais nous avions autour de nous des gens investis qui ont travaillé fort, et je pense que nous présentons un bon documentai­re sur un sujet choc.

Les collection­neurs d’enfants est déjà offerte sur la plateforme Vrai, qui est disponible sur Helix Télé, sur l’Appli Helix TV, sur l’applicatio­n QUB et maintenant sur illico Télé. Puisqu’il faut se lever, du lundi au vendredi à 5 h 30, au 98,5.

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