«Ç’a été un travail difficile» — PAUL ARCAND
C’est une véritable série coup-de-poing qui débarque ces jours-ci sur la plateforme Vrai. Les collectionneurs d’enfants est une oeuvre en trois épisodes parfois difficile à visionner, mais qui est nécessaire puisqu’elle se penche sur le fléau de la cyberpédophilie. Le tout est documenté par des opérations policières, des enquêtes de la DPJ, ainsi que des témoignages de victimes et de criminels. C’est Paul Arcand lui-même qui anime ce documentaire.
Paul, comment est né ce projet? Je suis tombé un jour sur une étude dans le New York Times qui portait sur la courbe exponentielle de production de matériel pornographique avec des enfants et sur la facilité avec laquelle on pouvait avoir accès à ce matériel-là. L’offre et la demande sont en progression. Et le plus choquant, c’est qu’en faisant des recherches, tu te rends compte qu’il y a beaucoup de ces hébergeurs de sites qui sont au Québec, parce qu’il y a un avantage économique et que les lois sont plus ou moins restrictives. Tout ça mis ensemble m’a donné envie de creuser le sujet et d’en faire un documentaire dans lequel je vais parler à des victimes et à des criminels. J’accompagne aussi des policiers dans des opérations. Je voulais parler à des experts. Il a fallu convaincre la DPJ et la police de nous faire confiance.
Certaines images sont dures à regarder, surtout quand on entend les propos de différents pédophiles. Est-ce que ç’a été difficile pour vous de mener ces entrevues?
Oui. D’abord, je savais qui j’allais interviewer et j’ai dû me conditionner, parce que je savais que j’allais être choqué par leurs propos. Mais j’avais deux choix: soit je m’engueulais avec eux, soit je menais mes entrevues en gardant le contrôle et je faisais parler ces gens-là afin de comprendre comment ils justifient leur comportement et leurs crimes. C’est certain que quelques-uns d’entre eux jouent à la victime, donc il faut se mettre une carapace. Ce ne sont pas les entrevues que j’aime le plus faire, mais c’était important et nécessaire. Ce projet a pris deux ans à réaliser à cause des enjeux de la pandémie et ce n’était pas simple d’établir un contact avec les prédateurs.
Que retenez-vous de vos contacts avec les victimes?
Dans les deux cas que nous présentons, il y a un point commun, c’est-àdire que ces jeunes femmes sont allées se confier à leurs parents et que ceuxci sont allés directement à la police, ce qui a permis de faire des arrestations. Le but n’était pas juste de montrer l’horreur, c’était aussi de montrer qu’il faut dénoncer et aller chercher de l’aide.
Avez-vous atteint votre objectif avec ce projet?
Je ne sais pas. L’objectif était de montrer la réalité et de faire un wake-up call aux adultes. Je pense que nous avons atteint la cible. Ç’a été un travail difficile autant pour moi que pour le réalisateur, André St-Pierre, mais nous avions autour de nous des gens investis qui ont travaillé fort, et je pense que nous présentons un bon documentaire sur un sujet choc.
Les collectionneurs d’enfants est déjà offerte sur la plateforme Vrai, qui est disponible sur Helix Télé, sur l’Appli Helix TV, sur l’application QUB et maintenant sur illico Télé. Puisqu’il faut se lever, du lundi au vendredi à 5 h 30, au 98,5.