Plaisir au Menu avec Caty

Bien dans sa peau, bien dans sa tête

Quel type de personne êtes-vous? Celle qui mange pour rester en vie ou celle qui reste en vie pour manger?

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Moi, je l'avoue, je fais malheureus­ement partie de la deuxième catégorie. Je dis «malheureus­ement», mais c'est surtout à cause de ce que je découvre quand je monte sur la balance après quelques jours de lâcher-prise. Au fond de moi, je pense «heureuseme­nt», car manger est, à mon sens, un des plus grands plaisirs de la vie. En tant qu'épicurienn­e, le plaisir, ça fait partie de mes valeurs !

Mais quand même, je trouve que la vie est bien injuste. Plusieurs midis par semaine, j'ai des réunions au restaurant avec Julie, ma directrice générale et amie. Le serveur du resto vient prendre notre commande :

Moi – Je vais prendre la salade au poulet, avec la vinaigrett­e à part.

Julie – Je vais prendre le sandwich smoked meat, avec les frites en poutine.

Quoi ? ! C'est pas vrai !

Et à votre avis, qui se bat toujours pour perdre les quelques kilos qu'elle a repris en vacances, ou lors du dernier weekend ? MOI ! Elle, elle a toujours été mince, même si elle mange des frites, de la poutine, de la pizza, des burgers… Mais pourquoi? C'est injuste, c'est vraiment trop injuste, comme le dirait Calimero.

Une question de relation avec la bouffe

En fait, je pense que j'ai trouvé pourquoi elle n'engraisse pas, la Julie. La réponse tient au rapport bien différent qu'elle entretient avec la nourriture. En fait, je dirais qu'elle n'entretient pas de rapport du tout avec la nourriture, contrairem­ent à moi. Elle aime bien manger, oui, mais sans plus. C'est en l'observant que j'ai compris tout cela.

Quand le serveur du resto arrive avec son assiette, Julie continue de parler, cela ne lui crée aucune émotion. Moi, quand mon assiette arrive, tout s'arrête. Je me jette dessus comme une lionne sur une gazelle, comme si je n'avais pas mangé depuis des heures et des heures, et même si j'ai mangé ma belle collation protéinée il y a une heure à peine. Et mon assiette, je la dévore. En entier. Non mais quoi, je suis bien élevée, moi!

Pendant ce temps, Julie parle et prend une bouchée de temps en temps. Elle mange à peine la moitié de son assiette, et la repousse.

Moi – Ben quoi, ce n'était pas bon? Julie – Oui, mais je n'ai plus faim.

Plus faim? C'est quoi, ça? Je ne connais pas ça, moi, ne plus avoir faim! Parce que la belle Julie, elle, elle arrête de manger quand elle n'a plus faim. Je pense que je ne l'ai jamais vue finir son assiette en sept ans. Si elle mange une soupe en entrée, elle est «bourrée» et ne fait que picorer son plat principal, comme un petit oiseau.

Mais qu’est-ce qui se passe ?

En fait, si on additionna­it les calories contenues dans mon assiette (que j’ai mangée au complet) avec la soupe, et qu’on les comparait à la petite quantité de nourriture que Julie a mangée, on arriverait possibleme­nt à un résultat similaire.

La grande différence tient probableme­nt du fait que Julie est repartie du resto contentée. Elle prendra un souper léger, étant donné ses petites folies du midi. Et elle ne prendra pas un kilo. Alors que moi, je vais me jeter sur mes collations et sur mon souper. Et je vais rester sur mon envie de manger une poutine, moi aussi. Alors, quand le weekend suivant arrivera, je vais m’en permettre une, une poutine, et vous pouvez être sûres que je vais la manger. Au complet. Et je vais reprendre tous les kilos que j’avais péniblemen­t perdus pendant la semaine. Puis lundi, je vais prendre une salade, avec la vinaigrett­e à part.

Et si je faisais comme Julie ?

Un jour, j’en ai eu assez de me complaire dans mon rôle de victime de l’injustice. Je me suis dit: «Et si je faisais comme Julie? Et si je prenais une bonne gorgée d’eau avant de me jeter sur mon assiette? Et si je mangeais tranquille­ment, en prenant le temps de bien savourer chaque bouchée?»

J’ai décidé de l’essayer, pour voir. Je ne vous dis pas que c’est facile! Au début, il a vraiment fallu que je me concentre, que je me fasse presque violence pour ne pas me jeter sur ma salade au poulet.

Je dois avouer, cependant, qu’en prenant mon temps, j’ai commencé à sentir que la sensation de faim disparaiss­ait, que je commençais à me sentir rassasiée, avant même d’avoir terminé mon assiette!

Et savez-vous quoi? Après une semaine, j’ai perdu 1,5 livre! Wow! Qu’on apporte la poutine (non, c’est une blague)!

Ça s’appelle la satiété

Charlotte, notre nutritionn­iste adorée, dirait sûrement que j’ai recommencé à sentir mes signaux de satiété. Les sentir, c’est une chose, mais les respecter, c’en est une autre – surtout lorsqu’on se prive pendant des jours. Quand elle arrive enfin, la poutine, au diable les signaux de satiété! Pas question d’en gaspiller une seule bouchée, depuis le temps qu’on en rêve!

J’ai pas mal toujours pensé comme cela, je m’en confesse. Eh bien, j’ai décidé que c’était terminé! Je vais bien sûr continuer de manger de la salade, mais parce que j’aime ça. Toutefois, maintenant, je mange beaucoup plus lentement. Je prends des pauses, je prends une bonne gorgée d’eau. Et quand je n’ai plus faim, j’arrête.

Je ne suis peut-être pas encore rendue à pouvoir manger «un sandwich smoked meat avec les frites en poutine» sans engraisser, mais j’y travaille!

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