Acadie Nouvelle

L’autre Brian Gallant

La première année au pouvoir des libéraux a été décevante, mais pas catastroph­ique. Il n’est pas trop tard pour revoir le Brian Gallant du début de mandat, celui qui semblait savoir exactement où il veut conduire le Nouveau-Brunswick.

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Il y a un an aujourd’hui, Brian Gallant devenait premier ministre du NouveauBru­nswick. Malgré les déboires ce soir-là d’Élections NB, un vent d’espoir accompagna­it ce jeune chef qui promettait de «faire de la politique autrement». Ça n’a pas duré.

La première année de cette nouvelle administra­tion se divise en deux parties distinctes. D’abord, le début du mandat, pendant lequel tout semblait lui sourire. Malgré une victoire électorale beaucoup plus serrée que prévu, Brian Gallant donnait l’impression d’un chef déterminé à mettre ses réformes en place.

Dès les premiers mois, il a fait sa marque en tant que progressis­te en facilitant l’accès à l’avortement. Nos lois étaient parmi les plus restrictiv­es au pays. Elles étaient en place depuis des décennies et aucun politicien n’avait eu le courage d’agir. Le premier ministre a fait fi de la controvers­e et a agi promptemen­t, avec déterminat­ion.

Même chose pour le dossier du gaz de schiste, que le gouverneme­nt conservate­ur précédent avait laissé pourrir. Le chef libéral avait promis un moratoire sur la fracturati­on hydrauliqu­e. Chose promise, chose due. On peut douter des intentions à long terme de M. Gallant (le moratoire pourrait tomber dans la prochaine année) ou s’inquiéter de l’impact économique. Reste qu’une décision a été prise et qu’elle s’inscrit dans une vision à long terme. Pour le reste, c’est moins joli. À l’approche du dépôt du premier budget, Fredericto­n a annoncé qu’il allait faire des choix difficiles pour combattre le déficit. Des décisions importante­s que Shawn Graham et David Alward n’ont pas osé imposer, par peur de la réaction de l’électorat, mais qui n’a pas empêché leur défaite après un seul mandat. La marchandis­e n’a pas été livrée. À l’image de David Alward, Brian Gallant s’est contenté d’une série de mesures sectoriell­es qui ont mis en rogne une bonne partie de la population, mais sans améliorer de façon concrète la santé financière du Nouveau-Brunswick. Il a gaspillé en vain son capital de sympathie.

Le pire crime du nouveau gouverneme­nt est peut-être d’avoir renié aussi rapidement son engagement de faire de la politique autrement. À peine arrivé au pouvoir, il a fait de la petite politique. Il ne lui aura fallu que quelques semaines pour congédier le PDG du Réseau de santé Vitalité, Rino Volpé, trop identifié aux conservate­urs au goût des libéraux. Cela lui a valu une poursuite judiciaire.

Il a aussi fermé le bureau de Service NB de Saint-Quentin, une région réputée conservatr­ice, même si la succursale en question est plus achalandée que celle de la communauté voisine et sans être capable de justifier la décision de façon convaincan­te. De même, il a accordé la permission à la fondation de l’Hôpital de Saint-Jean d’acheter un séquenceur d’ADN même s’il y en avait déjà un à Moncton.

Résumons-nous. Après un an au pouvoir, nous ignorons où veut nous mener Brian Gallant. Il a dû reculer sur un projet de loi important (la hausse des frais imposés aux aînés qui vivent dans un foyer).

Il a aussi provoqué la division entre différente­s villes et régions (Saint-Quentin contre Kedgwick dans le dossier de Service NB, Moncton contre Saint-Jean pour le séquenceur, Moncton contre Campbellto­n sur la question des soins aux enfants ayant des problèmes mentaux, Caraquet contre Tracadie à propos des services hospitalie­rs).

Il s’est montré peu enclin à avoir de bonnes relations avec les chefs fédéraux qui ne portent pas le nom de Justin Trudeau. Le déficit est toujours hors de contrôle. Le taux de chômage est à la hausse et la popularité du gouverneme­nt, à la baisse. Ce n’est pas de bon augure pour la suite. Il n’est toutefois pas trop tard pour revoir l’autre Brian Gallant, celui du début de mandat qui semblait savoir exactement où il s’en allait. Nous ne cherchons pas un leader qui gagnera des concours de popularité, mais plutôt quelqu’un qui a une vision et qui sait la vendre. M. Gallant est-il ce type de politicien? Ou disparaîtr­a-t-il après un seul mandat au pouvoir sans avoir laissé son empreinte sur la province?

Nous aurons bientôt un début de réponse. La première année de ce mandat a été décevante, mais pas catastroph­ique. Le premier ministre aura la chance d’effacer l’ardoise dans les prochains mois et d’enfin donner une direction au gouverneme­nt et à la province. Souhaitons qu’il réussisse.

Le N.-B. en a cruellemen­t besoin.

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