Volkswagen admet avoir truqué les tests sur les émissions de gaz
En bref, Volkswagen est accusé d’avoir contourné la loi américaine sur la pollution aérienne. L’EPA affirme que VW a utilisé un programme qui détecte le moment où les véhicules sont soumis à un test officiel sur les émissions de gaz à effet de serre. Par la suite, le logiciel désactive les contrôles d’émissions pour l’utilisation normale des véhicules, ce qui leur permet d’émettre plus de polluants que la limite légalement permise.
La pression s’accentuait lundi sur le grand patron de Volkswagen, dans la foulée d’un scandale sur les tests d’émissions de gaz des véhicules qui a retranché environ 15 milliards d’euros – environ 16,9 milliards $ US – à la valeur boursière du constructeur automobile.
Après que le constructeur allemand a admis avoir truqué les tests d’émissions américains d’environ 500 000 automobiles diesel, le chef de la direction de VW, Martin Winterkorn, s’est excusé dimanche au nom de sa compagnie pour avoir « brisé le lien de confiance avec ses consommateurs et le public » .
Mais cet aveu n’était pas suffisant aux yeux des investisseurs, qui analysaient lundi les conséquences financières et l’atteinte à la réputation qu’aurait le scandale sur le plus grand constructeur automobile du monde au chapitre des ventes. À la Bourse de Francfort, lundi après-midi, l’action de Volkswagen dégringolait de 17,8 %, près d’un creux de trois ans. Elle chutait plus tôt dans la séance de plus de 20 %.
Dans la foulée des révélations faites vendredi par l’Agence de protection de l’environnement américaine (EPA), VW a déjà suspendu les ventes de certains véhicules aux États- Unis et s’est engagé à coopérer avec les autorités réglementaires dans une enquête qui pourrait, en théorie, voir la société écoper d’amendes allant jusqu’à 18 milliards $ US.
Selon des analystes de l’industrie, le patron de VW devra répondre à de difficiles questions ces prochains jours, particulièrement lorsque le conseil d’administration de l’entreprise se rencontrera, vendredi.
« Pour l’instant, je serais surpris de voir M. Winterkorn s’en tirer, mais en Allemagne, le processus est souvent légèrement plus lent dans ces dossiers » , a observé Christian Stadler, un professeur de gestion stratégique de la Warwick Business School qui s’intéresse à l’industrie automobile. Selon M. Stagler, si VW était une entreprise américaine, le chef de la direction aurait été forcé de quitter son poste plus ou moins immédiatement.
Selon Guido Reinking, un expert allemand sur le secteur automobile, pour qu’une entreprise se soit engagée dans un tel tour de passe- passe, ses hauts dirigeants devaient être au courant.
M. Winterkorn, un ingénieur de formation, a dirigé la recherche et le développement de tout le groupe VW depuis 2007. Il est devenu le président du conseil de gestion la même année.
« Il est presque impossible d’imaginer qu’il ne savait rien au sujet de cette fa- çon spéciale de programmer le moteur», a estimé M. Reinking à la station de télévision allemande n- tv.
Volkswagen a fait la promotion de ces automobiles diesel, qui représentent environ 25 % de ses ventes, en faisant valoir qu’elles étaient meilleures pour l’environnement. Les véhicules, construits ces sept dernières années, comprennent la Audi A3 ainsi que les modèles VW Jetta, Beetle, Golf et Passat.
L’EPA a ordonné à VW de corriger les automobiles à ses propres frais, mais a dit que les propriétaires de ces véhicules n’avaient pas à agir immédiatement. L’agence assure que les violations du constructeur automobile ne posent pas de risque de sécurité et qu’il était toujours légal de conduire et de vendre les véhicules en attendant que Volkswagen présente un programme de rappel pour les réparer.
Cependant, a ajouté l’EPA, les véhicules représentent un risque pour la santé publique.
L’agence a aussi donné une idée de l’ampleur des amendes qui pourraient être imposées à VW. Le constructeur pourrait devoir débourser jusqu’à 37 500 $ US par véhicule – pour un total de plus de 18 milliards $ US.