«Une claque en pleine face» - André Saulnier
L’ancien patron des Alpines de Tracadie n’apprécie guère l’ultimatum de la LHSNE
Nous avons beau être en pleine campagne électorale fédérale, les Stephen Harper, Thomas Mulcair et Justin Trudeau se sont fait voler la vedette par les Alpines de Tracadie et l’ultimatum lancé par la Ligue de hockey senior Nord-Est, dimanche. C’est du moins le cas auprès des nombreux amateurs de hockey senior du Nouveau-Brunswick.
Rappelons les faits. Lors d’une réunion dimanche matin, les dirigeants des sept autres formations de la LHSNE (Lamèque, Memramcook, Bouctouche, Miramichi, Restigouche-Nord, Elsipogtog et Amqui) ont non seulement, à l’unanimité, refusé la demande de sabbatique d’une saison des Alpines, mais ils ont aussi donné une semaine à l’équipe de la Péninsule acadienne de trouver une solution.
Si rien n’est réglé d’ici dimanche, l’équipe sera tout bonnement dissoute et leurs joueurs seront soumis à un repêchage spécial.
Joint en après-midi, l’ancien directeur général des Alpines, André Saulnier, avoue avoir déjà vécu des journées plus reposantes. Saulnier, qui demeure très lié aux autres membres de la direction de l’équipe, a annoncé sa retraite du hockey senior en juillet.
«J’étais bien à la retraite. Le téléphone était tranquille. Mais avec ce qui s’est passé dimanche, ça n’arrête pas d’appeler depuis ce matin (lundi). Les partisans de l’équipe veulent des réponses. Je les comprends, ils sont déçus et inquiets. Mais comment veux-tu que je leur explique ce qui arrive?», affirme-t-il.
«Ça fait plus de 40 ans que Tracadie est dans le hockey senior et ç’a toujours été l’une des meilleures villes de hockey de la province. Les Alpines ont les partisans les plus fidèles. Plusieurs d’entre eux suivent l’équipe partout où elle va jouer. Il y a toujours près de 150 de nos partisans qui se rendent aux parties à l’extérieur. Il est même arrivé que près de 400 d’entre eux soient venus nous voir jouer dans le sud de la province. Cet ultimatum est un total manque de respect envers l’organisation des Alpines et leurs partisans», mentionne André Saulnier.
S’il n’a aucunement l’intention de reprendre les rênes de l’équipe, André Saulnier compte néanmoins tout mettre en oeuvre au cours de la prochaine semaine pour tenter de trouver une solution au problème. Il devait d’ailleurs rencontrer en soirée Rénald Girouard, Jolain Doiron et Brian Basque à ce sujet.
«En ce moment, je ne l’ai pas la solution, révèle-t-il. L’idéal serait que la LHSNE revienne sur sa décision et accorde une sabbatique d’un an aux Alpines. Je crois sincèrement que les équipes du circuit doivent réfléchir à ce qu’elles viennent de faire. Après tout, Cap-Pelé et Memramcook ont demandé ces dernières années des sabbatiques et elles leur ont été accordées. Pourquoi pas à nous?», questionne-t-il, en omettant toutefois de rappeler que l’équipe avait fait la même demande en 2013, avant que Charles Austin et Gary Duguay ne décident de prendre l’équipe en main quelques semaines avant le début de la campagne.
Selon André Saulnier, en raison de sa situation géographique, les coûts pour opérer une équipe de hockey senior s’élève annuellement à un peu plus de 100 000 $.
«Oui c’est un gros budget, mais les gens oublient que nous avions toujours au moins 17 joueurs dans l’alignement peu importe où le match était disputé, contrairement à d’autres équipes qui se sont présentées ici régulièrement avec 10 ou 11 joueurs. Plusieurs de nos joueurs habitent la région de Moncton. Il faut donc payer leurs déplacements. Ça coûte cher faire du hockey senior. Et là, en ajoutant Amqui, c’est facilement de 5000 à 6000 $ de plus qu’il faudrait ajouter au budget d’opération», signale-t-il.
«C’est dommage de parler ainsi d’Amqui, mais je crois toujours que la ligue a fait une erreur en les acceptant. Je sais que ç’a été voté à l’unanimité, mais je tiens à préciser que les Alpines n’étaient pas présents à cette réunion. Avant de penser à faire une expansion au Québec, la ligue aurait d’abord dû s’assurer que les équipes actuelles étaient en bonne santé. Qu’on me comprenne bien, je ne souhaite aucun malheur à la LHSNE. J’ai aidé à la création de cette ligue. Mais si jamais les Alpines ne sont plus dans le portrait, c’est certain que ça risque de faire mal à cette ligue», ajoutet-il.
«Ce que la LHSNE vient de faire, c’est de nous donner une claque en pleine face. Ça ressemble à un coup monté et ce n’est pas acceptable comme décision. C’est très frustrant», indique-t-il.